Comment Louise Bourgoin tente de survivre grâce à la loi « Anti-squat »

  • Dans « Anti-squat », une mère solitaire essaie de survivre en gérant des locaux occupés par des travailleurs pauvres.
  • Louise Bougon livre une performance d’une grande justesse dans ce film militant.
  • Nicolas Filhol, réalisateur de « Corporate », signe un film passionnant autour d’un personnage plus complexe qu’il n’y paraît.

Avez-vous déjà entendu parler de la loi Anti-squat qui donne son titre au film de Nicolas Silhol, réalisateur de Corporate (2016) ? Elle permet aux personnes qui en bénéficient de payer un loyer réduit pour occuper des locaux déserts. Mais les conditions sont drastiques. Les résidents peuvent être expulsés pendant la trêve hivernale, n’ont pas le droit de faire venir des enfants, des animaux et plus de deux invités dans les locaux. Ils ont l’interdiction de s’exprimer dans les médias et de s’absenter plus de deux jours sans autorisation. Louise Bourgoin incarne une mère seule et désargentée qui accepte de faire appliquer ces règles dans l’espoir de survivre avec son fils adolescent.

« Avec Fanny Burdino, ma coscénariste, nous avons trouvé que ce principe racontait quelque chose de notre époque, raconte le réalisateur Nicolas Filhol : la restriction des libertés, la servitude volontaire et, face à ces dérives, la tentation de la révolte. » Ce cinéaste militant fait monter le suspense autour d’une héroïne vite déchirée entre ses propres intérêts et ceux des résidents. Ce processus destiné à éviter que des lieux inhabités soient occupés par des squatters a tôt-fait de révéler à quel point il peut être injuste.

Des précaires qui en exploitent d’autres

Les tentations de tricher sont nombreuses y compris de la part de la gérante qui installe discrètement son fils sur le site. Comme les gens qu’elle surveille, elle est une travailleuse pauvre dont les revenus ne suffisent pas pour se loger. « C’était important de montrer que les précaires sont aussi des gens qui ont un métier », insiste Nicolas Filhol. Il offre à Louise Bourgoin le rôle d’une femme forte contrainte à la dureté par l’adversité. Ce personnage complexe, souvent touchant et parfois haïssable, trouve sa place dans une société de plus en plus dure pour les petites gens.

« Mon intention était de donner cette vision d’un monde où des travailleurs motivés, flexibles et précaires exploitent d’autres travailleurs motivés, flexibles et précaires dans une zone de banlieue non identifiée », précise le cinéaste. Si son film est dur, il passionne tant les rapports entre les protagonistes ne tombent jamais dans la caricature. Anti-squat n’est pas qu’un brûlot : il s’agit également d’un très bon film porté par une comédienne qu’on aimerait voir plus souvent.

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