Charlize Theron nous parle du film Scandale et d'Hollywood à l'ère de #MeToo | Vogue Paris

En attendant la sortie de son dernier film, un drame explosif sur le scandale à Fox News en 2016, l’actrice à l’Oscar raconte à Vogue son éblouissante interprétation et son impressionnante transformation physique.

Charlize Theron n’en est pas à sa première métamorphose radicale. En 2004, elle a remporté un Oscar en se coulant dans la peau de la tueuse en série Aileen Wuornos dans Monster de Patty Jenkins, un rôle qui a nécessité le port de prothèses et de fausses dents, et une dégaine de pit-bull. Puis elle a joué une employée de mine lancée dans une procédure judiciaire pour harcèlement sexuel dans L’Affaire Josey Aimes ; une guerrière de la route post-apocalyptique dans Mad Max: Fury Road ; une espionne dans Atomic Blonde ; et une mère de trois enfants au bout du rouleau dans Tully. Mais il se peut bien que ce tout dernier exploit en soit le plus effroyablement convaincant à ce jour : dans Scandale de Jay Roach, l’actrice incarne la présentatrice de Fox New, Megyn Kelly. Parée d’un carré droit, d’un faux nez et d’une panoplie de robes fourreau, elle a réussi à se composer une silhouette extraordinaire et à camper une héroïne improbable dans cette retentissante histoire vraie sur l’acharnement sur le lieu de travail.

Le drame met en scène le scandale qui en 2016 a eu raison du PDG de Fox News, Roger Ailes. Nicole Kidman interprète Gretchen Carlson, une présentatrice phare qui porte plainte contre Ailes pour harcèlement, tandis que Margot Robbie donne vie à Kayla, une employée fictive qui se veut un condensé de plusieurs plaignantes. Le réalisateur Jay Roach tisse ensemble leurs récits d’abus et s’attache à suivre Kelly qui s’interroge si elle aussi doit ou non témoigner contre son patron. Dans son interprétation de cette figure télévisuelle controversée, Theron fait preuve d’une grande acuité –mélange de volonté de fer et d’exécrabilité décomplexée. « Je ne suis pas féministe », dit-elle dans le film. « Je suis avocate ».

Avec la sortie en salles de Scandale en plein milieu de la saison des awards, Vogue a voulu rencontrer l’actrice pour discuter de son interprétation unanimement saluée, de l’ère #MeToo et de la façon dont Time’s Up est en train de transformer Hollywood.

Scandale

© Hilary B Gayle

Rencontre sans filtre avec Charlize Theron

Quels sont les défis lorsqu’on interprète une figure de premier plan telle que Megyn Kelly ?

Il m’est déjà arrivé de jouer des célébrités, mais personne d’aussi connu, du moins dans un contexte actuel. Qu’on le veuille ou non, elle passe au journal, elle fait partie de notre vie et tout le monde sait à quoi elle ressemble, même si on ne regarde pas Fox News. En tant qu’individu, on la repère assez facilement – à sa voix, à son maintien, à sa façon d’être – ce qui m’a semblé très effrayant au premier abord. »

Comment fait-on pour s’emparer de sa gestuelle et de sa voix ?

« Je l’ai beaucoup observée et j’ai lu tout ce que j’ai trouvé sur elle, mais souvent j’ai le sentiment que la seule imitation physique peut vite donner l’impression d’un sketch parodique. Il m’a fallu plutôt comprendre pourquoi sa voix est ce qu’elle est, et donc creuser dans le noyau émotionnel de sa personne. Plus je la découvrais au fil de mes recherches, plus je me rendais compte d’où tout cela venait. La voix en particulier nous a donné du fil à retordre. Je travaille avec cette femme incroyable, Carla Meyer, coach en langues, et pendant les six premières semaines je n’étais pas si sûre qu’on y arriverait. Il y a un je ne sais quoi dans ce qu’elle projette et dans sa voix qui vous la rendent quelque peu rugueuse. Il faut s’y tenir et c’est en pratiquant qu’on finit par s’y faire. Après, ça devient une seconde nature. »

Votre transformation physique est tout aussi impressionnante. Est-ce qu’il vous a fallu de longues séances de maquillage ?

« Nous avons travaillé avec le maquilleur prothésiste Kazuhiro Tsuji. Nous ne disposions que de 43 jours de tournage, c’est pourquoi il était impossible pour quiconque de consacrer plus de deux heures et demie à la pose de prothèses. Ma transformation s’est surtout faite au niveau des yeux ; j’avais un élément sur la paupière entre mes cils et mes sourcils et sur le côté de l’œil. On a également sculpté le menton, la mâchoire par endroits, rétréci le bout de mon nez, puis Kazuhiro a modelé deux inserts en plastic pour élargir mes narines. Je me suis à ce point habituée à les avoir qu’à la fin du tournage je les avais complètement oubliés. »

Scandale

© Hilary B Gayle/SMPSP

Kelly est une figure particulièrement clivante. Est-ce que cela a joué au moment de signer ?

« Certaines de ses déclarations passées me mettent mal à l’aise, c’est pourquoi j’ai longuement mûri ma réflexion. C’est lors d’une conversation avec le réalisateur Jay Roach que j’ai compris qu’il n’était pas question d’en faire un biopic sur Megyn Kelly. Elle n’est qu’un élément dans une histoire plus vaste, une histoire qui a marqué son époque. Je savais que c’était un personnage fabuleux, mais qu’il fallait absolument la montrer sous tous ses aspects, y compris les plus acerbes. Malheureusement, on vit encore à une époque où une femme corrosive continue de déranger amplement. Mais pas Jay. Je savais que si nous cherchions à raconter cette histoire dans un souci de vérité plutôt que de nous complaire dans l’émotion, alors je pourrais m’y donner à fond. »

Est-ce que le fait de jouer Kelly a changé le regard que vous portez sur elle ?

« Ce que j’en déduis c’est que, bizarrement, on se ressemble. Nous sommes toutes les deux ambitieuses, avec une grande force de volonté et envie de réussir. Ce sont des qualités qu’on admire chez les hommes, mais pas toujours chez les femmes. Cela m’a touché et je me suis sentie proche d’elle. Elle rêvait de devenir la rock star de chez Fox, ce qu’elle a réussi, malgré toutes les difficultés que n’ont pas connues ses concurrents masculins.

« Son dilemme morale [concernant son témoignage contre Roger Ailes] m’a également intriguée. Je n’ai jamais cru pouvoir m’en accommoder, puisque en tant que femme, il y a quelque chose en moi qui me pousse à croire que les femmes sont là pour soutenir les femmes. Cela dit, la complexité de sa situation, le fait d’être en pleine renégociation de son contrat, d’apprécier Roger, la plaçait dans une position inextricable. Plus on entend d’histoires de ce genre, plus on se rend compte que ces méchants ne sont pas les méchants invétérés de notre enfance. Ils sont à l’écoute, ils sont de bon conseil, ils s’investissent et se donnent tout le mal dont on rêve chez un mentor. Mais ils se livrent aussi à des actes inacceptables. Je pense que Kelly a dû être confrontée à ça. »

Scandale s’inscrit dans l’ère #MeToo, tout en précédant l’affaire Wenstein de 2017. Comment est-ce que cela apparaît dans le récit ?

« Je crois que les gens oublient que Time’s Up et #MeToo n’existaient pas au moment des faits. Ce qui rend ces femmes d’autant plus admirables étant donné que lorsque Gretchen [Carlson] a consulté un avocat et a exposé son cas, personne ne l’a soutenue. Il n’y avait pas de campagnes sur le sujet et elle s’est retrouvée tout à fait seule. Elle a révélé l’affaire, puis elle est devenue l’affaire. C’est une chose à laquelle aucune femme ne souhaite être associée, et encore moins une femme ambitieuse qui souhaite être reconnu pour son travail. Toutes ces femmes en ont souffert. C’était incroyablement courageux. De nos jours cela reste douloureux, mais c’est réconfortant de savoir que tu n’es pas seule.

Deux ans depuis l’arrivée de Time’s Up. Qu’est-ce qui d’après vous a changé à Hollywood ?

« Aujourd’hui, dès qu’on signe pour un tournage on passe beaucoup plus de temps avec les RH. Les gens parlent de ces sujets avec plus d’empathie. Il y a une vraie prise de conscience et les gens se remettent en question. Mais cette idée selon laquelle on ferait moins de blagues, qu’on ne s’amuserait plus, c’est du bullshit. On peut s’amuser sans humilier les autres. Je sais que certains s’inquiète d’une hypercorrection, mais dès que j’entends quelqu’un dire : « C’est dangereux ! », je me dis tout de suite que cette personne cache quelque chose. S’il faut en passer par une petite période d’hypercorrection le temps de redéfinir les choses, est-ce vraiment un problème, sachant que les femmes ont dû endurer cela pendant je ne sais combien d’années ?

Scandale

© Hilary B Gayle

Y a-t-il d’autres aspects qu’Hollywood qui devraient changer ? Vous vous êtes prononcée sur le besoin de décerner les prix lors de cérémonies non-genrées, par exemple.

« Quelqu’un m’a posé la question sur le tapis rouge et j’ai répondu « Bien sûr ! » Ce n’était pas prémédité, mais je crois qu’il est temps d’avoir une discussion apaisée sur ce à quoi ressemblentnos cases genrées et pourquoi on s’y accroche. On vit dans un monde dans lequel on a voulu croire qu’il n’existe que deux cases, mais le spectre est bien plus intéressant et bigarré que ça. »

Vous avez co-produit Scandale grâce à votre société de production Denver and Delilah. Quels sont les projets à venir ?

« Nous sommes en ce moment en phase de développement de Atomic Blonde 2. Si tout ce passe bien, nous serons en tournage d’ici un an. Nous avons également tourné un film l’été dernier et qui sortira cette année : un film d’action pour Netflix intitulé The Old Guard. Nous travaillons également sur plein de projets pour la télé en ce moment. Nous sommes très pris, ce qui est formidable, mais nous ne sommes encore qu’une petite boîte et c’est pourquoi tous nos projets nous tiennent vraiment à cœur. »

Scandale sort en salles en France le 22 janvier 2020.

https://youtube.com/watch?v=nrABpFeh9-Q%3Fembed_config%3D%257B%2522adsConfig%2522%253A%257B%2522adTagParameters%2522%253A%257B%2522iu%2522%253A%2522%252F5574%252Ffr-vogue-cp%252Fculture%252Funassigned%252Farticle%252FYoutube-PFP%2522%252C%2522cust_params%2522%253A%2522cms%253Dcopilot%2526site-name%253DVogue%2526market-name%253Dfrance%2526page-url%253Dhttps%253A%252F%252Fwww.vogue.fr%252Fculture%252Farticle%252Fcharlize-theron-scandale-harcelement-sexuel%2526page-template%253Darticle%2526article-id%253D5e17a99a7909130008906d78%2526video-embeds%253Dyes%2526gallery-embeds%253Dno%2526content-type%253Dstandard%2526article-tag%253DActualit%25C3%25A9s%252CCin%25C3%25A9ma%252CInterview%252CCharlize%2520Theron%252CVogue%2520Digital%2526category%253Dculture%2526subcategory%253Dunassigned%2526platform%253Dweb%2526feature-flags%253Da2a-true%252CageGate-false%252CarticlePopInTag-false%252CcategorySubNavigation-false%252CdelegateArticleQuery-false%252CdelegateVideoQuery-false%252Cdinosaur-false%252CfastAdsV6-false%252CfullpageFunctionalTag-true%252CgalleryStickyBottomAd-false%252CgwaArticle-false%252CimageOverlay-false%252CinfiniteScrollGallery-false%252CmigratedToGtm-true%252Cnewsletter-false%252ColdBrowserWarning-false%252ComitCanonicalsFromPaginatedTags-false%252CrefreshAds-false%252CseoMetaRobots-true%252CstickyBottomAd-true%252CstickyBottomHomepageAd-false%252CstickyBottomTopicAd-false%252CstickyBottomAdClose-false%252CstickyBottomAdCloseDelay-0%252Cwebp-false%252CyieldToAds-false%252CaffiliateDisclaimer-true%252ConeTrust-true%252Csentry-true%252CshowAdsInGalleryBody-false%252CtestMultivariant-A%252CrefreshArticleAds-false%252CrefreshGalleryAds-false%252CrefreshHomepageAds-false%252CrefreshTopicAds-false%252CrefreshVideoAds-false%252CadInsertion-B%252CrefreshDurationExperiment-30000%252CuseOneTrustDomainScript-true%2522%257D%252C%2522nonPersonalizedAd%2522%253Afalse%257D%257D

Retrouvez aussi sur Vogue.fr :
Les pronostics de Vogue pour les Oscars
Les secrets de beauté de Charlize Theron

Tous les produits mis en avant dans cet article ont été sélectionnés indépendamment par nos rédacteurs. Les prix mentionnés dans cet article le sont à titre indicatif et susceptibles d’évoluer. Lorsque vous achetez via nos liens de vente, nous pouvons percevoir une commission d'affiliation.

Source: Lire L’Article Complet