Habituée aux rôles empathiques, souvent identifiée à la gentille voisine d’à-côté, à l’amie fidèle sur laquelle l’on peut compter, Karin Viard retourne sa veste en devenant une nounou inquiétante dans Chanson douce. Cette adaptation du roman de Leïla Slimani (Editions Galimard), Prix Goncourt 2016, sort sur les écrans mercredi 27 novembre.
Réalisme social
Paul (Antoine Reinartz) et Myriam (Leïla Bekhti), jeune couple de trentenaires, viennent d’avoir un deuxième enfant, après Mila (Assya Da Silva). Myriam convainc Paul d’engager une nourrice afin de reprendre son travail. Ils embauchent Louise (Karin Viard) qui a toutes les références requises et se montre des plus dévouées, au point de devenir quasiment un membre de la famille. Mais au fil des semaines et des mois, le comportement de Louise devient de plus en plus suspect.
Le roman de Leïla Slimani s’inspirait d’un fait divers survenu à New York en 2012. Transposé en France, l’histoire prend une dimension sociale prééminante dont le film fait écho (bien moins que le livre), mais en privilégiant surtout la dimension psychologique de Louise. Elle s’occupe des tâches ménagères et des petits, pendant que ses employeurs, avocate et musicien professionnel, s’épanouissent dans leur métier. Louise tire-t-elle une rancœur de ce qu’elle vivrait comme une frustration ? Ce n’est jamais dit, mais plus on s’approche du personnage, plus le doute s’installe.
Delirium tremens
L’empathie qu’inspire Karin Viard convient parfaitement au rôle. Son professionnalisme ressort de ses tenues vestimentaires, discrètes et fonctionnelles, tout comme ses gestes et attitudes envers les enfants qui l’adoptent rapidement, ainsi que leurs parents. Puis son attitude commence à susciter des critiques auxquelles elle ne peut que se soumettre, mais avec une irritation qui révèle son côté sombre.
Ordonnée et attentive dans son travail, Louise néglige son appartement, où la vaisselle s’entasse, tout comme son courrier et ses factures. Elle est sujette à des hallucinations lors d’une scène de delirium tremens très anxiogène qui restera dans les mémoires. La tragédie finale est brutale et très maîtrisée dans sa mise en scène. Elle pose plus de questions qu’elle n’apporte de réponses. Elle oblige le spectateur à s’interroger sur cette personnalité complexe qu’incarne une Karin Viard parfaite, sous le vernis de son apparente banalité. Perturbant.
La fiche
Genre : Thriller psychologique
Réalisateur : Lucie Borleteau
Acteurs : Karin Viard, Leïla Bekhti, Antoine Reinartz, Assya Da Silva
Pays : France
Durée : 1h40
Sortie : 27 novembre 2019
Distributeur : StudioCanal
Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs
Synopsis : Paul et Myriam ont deux enfants en bas âge. Ils engagent Louise, une nounou expérimentée, pour que Myriam puisse reprendre le travail. Louise se montre dévouée, consciencieuse, volontaire, au point que sa présence occupe une place centrale dans la famille. Mais très vite les réactions de Louise deviennent inquiétantes.
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