Tels le côté pile ou face d’une pièce de monnaie, les deux films Chained et Beloved de Yaron Shani décrivent les revers d’un même monde. Ne manquez pas l’accord parfait de ce diptyque le 8 et 15 juillet au cinéma, par le réalisateur israélien d’Ajami
CHAINED – Sortie le 8 juillet
Première scène choc, dérangeante, plus par son réalisme que par son originalité. L’on frappe à la porte d’un appartement cosy mais sans charme. Des coups insistants, impérieux, sévères tout comme les regards de ces deux flics qui opèrent une semi-perquisition improvisée. Nous voilà rentrés dans la banalité du mal ordinaire : maltraitances, petits deals minables… le pain quotidien de Rashi. En policier et patriote consciencieux qui prend à cœur son boulot, il navigue à vue, sous pression constante, sur le fil d’un rasoir invisible qui pourrait bien l’amener à déraper.
Dans son univers masculin, les sentiments ne se conjuguent qu’au féminin. Autant dire qu’il rentre exténué au bercail, dans son propre appartement cosy et sans charme. La psychologie de Yasmin, l’adolescente qui vit sous son toit, fille de sa femme Avigail, lui échappe dramatiquement. D’ailleurs que comprend-il également de sa jeune épouse aux longs cheveux bruns, jamais libérés ? Les caresses gauches qu’il lui destine paraissent comme autant de gestes de possession. Rashi n’étant pas plus armé pour comprendre les ressentis des autres que pour exprimer les siens, il paraîtra condamné malgré lui à passer à côté de l’essentiel. Un archétype d’homme peu habitué, dans le fond, à ne pas être l’unique centre du motif, dressé à tout contrôler. Bientôt les moments de tendresse ne suffiront plus à atténuer l’ambiance pesante, presque suffocante, qui suinte de ce quotidien.
Contrairement à ses protagonistes, Chained est un film qui n’est pas enchaîné aux codes traditionnels. Il oscille perpétuellement entre fiction et réalité (Eran Naim qui joue Rashi a réellement été policier et congédié pour le même motif que dans le film) jusqu’à ce que nos certitudes vacillent et que s’opère une forme de fascination hypnotique, troublante, nourrie par la personnalité des acteurs qui se dévoilent à l’état brut.
Alors que Chained raconte l’emprisonnement d’un homme, pris en étau entre son incommunicabilité et sa condition masculine, Beloved est à l’inverse une splendide chronique de chamboulement émotionnel et d’émancipation féminine, où il est enfin question d’écouter ses aspirations intérieures et son corps.
Si la première scène démarre sur un son de larmes, elle n’est en rien larmoyante. Car les pleurs d’Avigail vont couler comme autant de prises de conscience bénéfiques. Tout se négocie d’abord entre hommes, entre un obstétricien qui égraine des constats cliniques dénués de compassion et un mari déçu, comme si Avigail n’était pas là devant eux et n’avait aucun droit au chapitre. Peut-être est-ce là la pire violence : se sentir soudain transparente. À cet instant, on en oublierait presque qu’Avigail est infirmière, une de celles qui pansent le monde. Elle aussi mériterait bien qu’on la dorlote à son tour. Mais de retour au bercail, c’est un nouveau champ de bataille qui l’attend. Et c’est alors que son époux se montre de moins en moins flexible, qu’Avigail qu’on croit anesthésiée et docile, va opérer un pas de côté salutaire.
Il suffira d’une jolie rencontre avec un groupe de femmes pour qu’ensemble elles s’octroient le temps de se ressourcer, de prendre soin d’elles, de se cajoler mutuellement, de pouffer de rire, de s’écouter… De tout simplement respirer et vivre l’instant présent. Quelques moments simples, tactiles, où puiser une forme de résilience, pour rompre enfin avec la soumission qui se reproduit de génération en génération… Les héroïnes qui accompagnent Avigail tout au long du film, comme elle, vont progressivement laisser éclater les systèmes de mensonges et de faux-semblants que leur condition féminine avait jusque-là verrouillés.
Avec une ampleur fascinante – tout comme dans Chained – Yaron Shani remet en scène les moments sensibles du passé de ses acteurs pour les amener vers une forme de catharsis galvanisante. Beloved, avec ses passages tout en rondeurs féminines, apporte un contrepoint à un univers masculin anguleux, taillé dans le roc : clichés dont nul ne ressortira gagnant. Si Avigail essaie de s’émanciper de sa condition féminine, Rashi n’aura de cesse de s’engoncer dans son rôle d’homme.
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