César : "Tout ce qui se passe aujourd’hui est dirigé contre un système, le patriarcat", affirme Jackie Buet

« Tout ce qui se passe aujourd’hui est dirigé contre un système, le patriarcat », assure vendredi 24 février sur franceinfo Jackie Buet, la directrice du festival international de films de femmes de Créteil. Pour elle, la 45e cérémonie des César qui s’annonce et les changements qui devraient suivre sont « une opportunité incroyable de solidarité avec les femmes cinéastes et les femmes de toute la profession ». Elle l’assure : « Ça fait 42 ans que nous travaillons à cette visibilité, je l’applaudis de toutes mes mains. »

franceinfo : Comment doit se traduire cette visibilité ?

Jackie Buet : Quand on analyse un peu l’historique des César, on est quand même un peu surpris du peu de nominations et surtout, du peu de César distribués aux femmes. Je crois qu’il faut prendre le temps de discuter et que des paroles s’entendent. On n’a pas écouté les femmes, on ne les a pas entendus.

Pour vous, quelle serait une soirée des César « réussie » ?

C’est que les femmes qui sont nommées aient enfin une récompense. Depuis 45 ans de cérémonies des César, il y a très peu de femmes qui ont été récompensées. Il y a Coline Serreau ou Tonie Marshall. J’en oublie peut-être une ou deux, c’est très peu. Ce vendredi soir, il faut que la profession fasse acte de solidarité et marque son intérêt pour un cinéma de réalisatrice de très grande qualité.

Est-ce que vous plaidez pour des quotas dans le cinéma français ?

Oui, je plaide pour des quotas. Tant que les choses n’auront pas changé dans les instances, il faut que les femmes aient au moins une occasion de se valoriser. Je crois qu’il faut réparer le préjudice parce qu’historiquement, il y a beaucoup de réalisatrices qui n’ont jamais été reconnues. C’est ce qu’on fait cette année, par exemple à Créteil, en mettant à l’honneur Nicole Stéphane.

Comment on met en place ces quotas ?

Pour une fois, le modèle est suédois. Depuis trois ans, la Suède au niveau de son CNC a établi des quotas assez rigoureux de partage des financements et des gros budgets, parce que les femmes n’ont pratiquement jamais accès à des budgets importants. Le cinéma des femmes est un cinéma pauvre. Il faut que ça aussi, ce soit régulé par les instances.

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