César : "Nous sommes sous le choc que Roman Polanski soit encore et toujours acclamé par le cinéma français", dénonce Osez le féminisme

L’académie des César vient de dévoiler, ce mercredi, les nominations pour la cérémonie du 28 février. J’accuse, le film de Roman Polanski, est en lice pour 12 prix. Le cinéaste, accusé de viol, est en tête du nombre de nominations décidées par un collège de 4313 représentants de la profession.

Invitée de franceinfo ce mercredi, Céline Piques, la porte-parole de l’association Osez le féminisme, a réagi à cette annonce. « Nous sommes sous le choc que Roman Polanski, accusé par plusieurs femmes de viols pédocriminels, soit encore et toujours acclamé par le cinéma français. »

Le cinéma français est « complice »

« C’est extrêmement atypique par rapport au mouvement de libération de la parole dans le monde », a ajouté Céline Piques, dont l’association a appelé au boycott du film de Roman Polanski. « Alors qu’aux États-Unis, deux ans après #MeToo, le procès [Harvey] Weinstein qui s’ouvre, et Weinstein risque la prison à perpétuité, nous, nous avons une industrie du cinéma qui se rend complice et qui continue à acclamer un violeur pédocriminel en fuite ». Roman Polanski est toujours recherché par la justice américaine pour être jugé « pour le viol dont il a reconnu les faits ». « Cela participe à silencier les victimes », dénonce-t-elle.

« Il faut écouter ce que dit Adèle Haenel. Beaucoup de femmes, de féministes, ne comprennent pas le double standard. L’industrie du cinéma, il y a encore deux mois, applaudissait des deux mains le courage d’Adèle Haenel [qui a accusé le réalisateur Christophe Ruggia d’agressions sexuelles alors qu’elle était mineure], qui explique les phénomènes d’emprise, et qui explique très bien que c’est grâce au pouvoir du réalisateur qu’on peut se permettre l’impunité et de silencier les victimes. Quelle est la différence entre un Christophe Ruggia et un Roman Polanski ? », poursuit Céline Piques qui ajoute que Roman Polanski « utilise sa notoriété pour se faire passer pour une victime ».

La porte-parole d’Osez le féminisme fustige une « fiction », celle de « vouloir séparer l’oeuvre de l’artiste ». « Ce serait inenvisageable dans d’autres pays, en particulier aux États-Unis, je pense qu’ils nous regardent avec une sorte de sidération sur le fait qu’on continue à acclamer un pédocriminel en cavale ». « Il ne peut pas y avoir de double standard », conclut Céline Piques.

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