Un formidable duo à découvrir ce jeudi soir sur France 3, pour cette comédie signée Albert Dupontel. Sandrine Kiberlain surprend et séduit le réalisateur : son potentiel comique crève l’écran.
Dans l’esprit d’Albert Dupontel, la très austère juge Ariane Felder ne pouvait être qu’une petite brune nerveuse et agressive. À l’arrivée, c’est Sandrine Kiberlain qui l’incarne à la perfection devant sa caméra. « Je ne pensais pas qu’une grande blonde, un peu désinvolte, pourrait faire la blague », confie-t-il. Bonne pioche : Sandrine est géniale dans cette farce, totalement déjantée, qui dézingue gentiment l’institution judiciaire. Pour le grand public, elle semblait plutôt abonnée aux rôles cérébraux pour cinéastes intellos. Pas faux, juste un peu réducteur, vu l’étendue de son talent et sa prestation dans le film Romaine par moins 30…
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Un scénario réécrit pour elle
Si Albert Dupontel, réputé pour ne jamais transiger sur sa direction artistique, lui a fait passer des essais, c’est parce que le réalisateur Jean-Pierre Jeunet et son pote, Jean Dujardin (qui l’a prise pour jouer dans Les Infidèles) lui ont assuré que l’actrice avait un vrai potentiel comique. Après une journée d’audition, Dupontel la choisit, précisant qu’il allait réécrire le rôle. Du sur mesure, en somme. Voilà l’actrice dans la peau d’une juge psychorigide, imbue de son autorité. Ariane Felder est un bourreau de travail, sa vie se résume à ses dossiers. À l’humain, elle préfère le Code pénal. Tout bascule un soir de la Saint-Sylvestre, où, ivre, la magistrate exemplaire perd le contrôle de son existence bien ordonnée. Rien ne va plus lorsque madame la juge, en plein déni de grossesse, s’aperçoit qu’elle attend un « heureux événement ». Le père présumé ? Bob Nolan, un psychopathe recherché par la police…
« Gamine, j’étais un clown ! »
« Le scénario m’a fait hurler de rire. Dans le personnage d’Ariane, il y a tout à jouer : le désarroi, la surprise, la peur, la rencontre amoureuse. Depuis le Conservatoire, je n’avais pas interprété une telle palette », s’enthousiasme la comédienne. Faire rire est dans son ADN. Et précise que sur tous les films de famille, on la voit, gamine, faire le clown. Mais pendant des années, elle a bridé sa nature de peur de perdre en crédibilité : « Je me disais qu’au cinéma, il n’était pas possible d’être drôle. Longtemps, j’ai préféré jouer les femmes tristes parce que ces rôles m’avaient émue. »
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À 45 ans, elle assume enfin son goût pour le comique. Son accident cérébral, en 2001, lors de son accouchement, et la perte simultanée de son père, ont été de vrais déclencheurs : « Après être passée si près de la mort, j’ai eu envie d’une explosion de vie, de légèreté. Mon côté fantaisiste est ressorti. » Avec Dupontel, qui s’est réservé le personnage de Bob Nolan, leur tandem fait merveille. « Jamais un tournage ne m’a paru si court. Albert est très exigeant, mais cela donne des ailes », dit-elle. Verdict : en 2014, Sandrine a reçu le César de la Meilleure actrice et Albert celui du Meilleur scénario original. Ce n’est que justice !
Info + : C’est en regardant le documentaire de Raymond Depardon 10e Chambre que Dupontel a eu l’idée de cette satire sur la justice. D’ailleurs, c’est la vraie juge de la 10e Chambre qui préside le procès dans 9 mois ferme.
9 mois ferme, c’est ce jeudi 23 avril à 21h05 sur France 3.
Julien Barcilon
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