- Mylène, la chanteuse de Trois Cafés Gourmands va quitter le groupe pour un projet solo.
- En pleine dernière tournée à trois, Jérémy, l’un des membres fondateurs du groupe, revient sur leurs dix ans d’une carrière atypique entre Corrèze et feu des projecteurs.
- Trois Cafés Gourmands est en concert ce jeudi à La Ciotat, dans les Bouches-du-Rhône.
Parfois moqués, souvent à l’affiche des festivals, toujours déterminés, le groupe de chanson française Trois Cafés gourmands entame sa dernière tournée avec Mylène leur chanteuse qui part pour un projet solo. Pour 20 Minutes, Jérémy, l’un des membres fondateurs revient sur leurs dix ans d’une carrière atypique. Ils sont en concert ce jeudi à La Ciotat, dans les Bouches-du-Rhône.
L’annonce de cette séparation a été beaucoup reprise et commentée, est-ce que cela vous a surpris ?
Nous, ce qu’on a vu surtout cette année en faisant la tournée des festivals, c’est que les gens nous disaient : « ne vous arrêtez pas, continuez, on a encore envie de vous entendre ». Et ça, ça fait extrêmement plaisir et ça a joué dans notre décision de continuer à deux avec Sébastien. Ce sera une autre historie, ce sera différent.
Comment remplace-t-on une chanteuse ?
(Rires). Bonne question. Parce qu’on n’a pas encore la réponse. Ce qui est sûr, c’est qu’on va repartir à deux pour écrire un nouvel album. Sébastien a commencé à s’y mettre et moi je vais rentrer en studio en novembre. Après, on va voir avec le label ce qu’il en est parce que contractuellement on leur doit encore un album.
Quel est votre état d’esprit, après dix ans de concerts à trois ?
Quand on fait le bilan, on a un parcours assez atypique par rapport à d’autres personnes dans le milieu de la musique. Pour l’instant, on n’a pas encore trop de nostalgie parce qu’il nous reste encore une trentaine de dates.
A quel moment vos carrières ont-elles basculé ?
Alors, il y a eu plusieurs étapes. La première ça a été de mettre le clip A nos souvenirs sur YouTube, en 2017. Et après, c’est à l’été 2018, quand on a signé avec le label Play two. C’est là qu’on s’est fait connaître nationalement. Ça a décollé, on fait nos premières télés, notamment chez Drucker. Ce n’est pas rien comme première télé ! Enfin tout ça a été un peu violent à vrai dire.
Parce que vous n’étiez pas programmés pour ça ?
Je pense que personne ne l’est parce que ça va tellement vite, tellement haut, tellement fort, que personne n’est fait pour vivre ce tourbillon-là. D’autant plus que Sébastien et moi n’avions pas prévu de carrière artistique absolument. On avait des carrières professionnelles tout à fait normales. Sébastien était professeur de mathématique et moi ingénieur en mécanique. On faisait de la musique par passion comme d’autres font du foot. La musique et les concerts, c’était les week-ends et on adorait ça. Mylène, c’est un peu différent, chanter c’était son métier depuis quelques années.
En chemin il y a eu d’autres séparations, deux musiciens avaient quitté le groupe…
On a été amené à prendre des décisions assez compliquées à ce moment-là, parce qu’on devait partir sur une tournée professionnelle et ces deux musiciens ont décidé de ne pas suivre l’aventure avec nous. Ils avaient d’autres projets, et notamment des contraintes familiales. Ils ont décidé de partir en essayant de profiter de la situation et tenté une action en justice dont ils ont été déboutés.
Quel rôle a pu jouer dans votre carrière le fait que vous soyez originaires de Corrèze ?
Alors, déjà, de garder les pieds sur terre. Mylène est partie à Paris parce que c’était plus commode mais Sébastien et moi sommes restés vivre en Corrèze. Nos familles ont été très présentes et je pense que si nous étions partis à Paris, le succès aurait pu nous monter à la tête. L’anecdote marrante, c’est que partout on va, sur les télés, dans les festivals, il y a toujours quelqu’un pour passer la tête et nous dire « Ah moi aussi je suis de Corrèze ».
Vous faites de la variété de la chanson française, guitare chant. Est-ce que vous voyez un peu comme les derniers représentants d’un genre de moins en moins présent ?
Alors au vu du monde dans les concerts, c’est un style de musique qui n’est pas encore mort, comme vous le dites. C’est aussi à nous de toujours essayer de se renouveler, de trouver de nouvelles musicalités, de nouvelles choses à proposer. Il peut y avoir une certaine mode mais la musique populaire existera toujours. On faisait déjà la remarque à Jean-Jacques Goldman il y a quelques années.
Il y a pu avoir des critiques dures envers votre musique, comment réagit-on à cela ?
Les commentaires sur nos réseaux sociaux ne nous intéressent pas. Les réseaux sociaux ce n’est pas la vérité. Ce qui nous intéresse c’est de voir le public en face de nous, ça, c’est la vérité. On a fait une chanson qui en parle un peu. Mais on avait plutôt envie de parler des gens qui sont toujours là avec cette magnifique phrase qu’on nous a soufflée : « écoutez les silences des gens qui ne disent rien ». Donc on prend un peu le contre-pied des haters.
Une des traditions de la chanson française, c’est la musique engagée. Vous n’êtes pas du tout dans cette veine-là, pourquoi ?
Effectivement, on n’est pas du tout un groupe engagé. On n’avait pas envie d’aller sur ce terrain-là. Bien sûr qu’on a des convictions, mais quand on est trois c’est difficile de s’accorder. On a préféré parler des moments de vie. L’enfance revient pas mal dans nos trois albums. La seule prise de position qu’on a pu faire, c’est la chanson qu’on a coécrite avec Jean-Jacques Goldman qui est Quand ?, où l’on fait un état des lieux du monde dans lequel on vit. La phrase c’est : « Quand ? Le changement, c’est quand ? ». Ce n’est pas engageant, mais on voulait faire un petit état des lieux pour éveiller les consciences.
Et comment est-il cet état des lieux ?
Ah, ben il n’est pas joyeux. Mais si on part du principe que c’est comme ça et qu’on ne peut rien y faire, c’est dommageable.
La décision du départ de Mylène est unilatérale. Comment l’avez-vous reçue ?
Très bien. Parce que dès le départ on s’était fait une promesse. Promesse, c’est d’ailleurs une chanson et le titre de notre dernier album. Donc on avait convenu dès le début que si l’un d’entre nous voulait partir, ce serait sans animosité. Et c’est pour ça qu’on continue cette tournée à trois. Mais quand les gens ont tout donné, ils ont tout donné.
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