Annuler ou ne pas annuler, telle est la grande et épineuse question de tous les organisateurs de festivals. Parmi eux, Samuel Strouk, le directeur artistique du Maisons-Lafitte Jazz Festival. Lui a décidé de maintenir la 16e édition, qui aura bien lieu du 12 au 21 juin, mais dans une version entièrement numérique. Son idée est simple : enregistrer 7 concerts (sans public) avant de les diffuser gratuitement sur le site internet du festival et les réseaux sociaux.
Conditions optimales
Une version digitale donc mais pas question pour autant de filmer les artistes avec un smartphone et un micro pourris ! Samuel Strouk est aussi guitariste et en tant que musicien, il voulait offrir aux artistes présents une vraie scène et des conditions techniques optimales (son et image) pour que le rendu soit le meilleur possible pour le public.
Une scène a donc été installée dans l’ancienne église de Maisons-Laffitte, à l’arrière du château. Pendant deux jours, le site a dégagé une ambiance de festival car toute la logistique était installée en extérieur.
Des efforts financiers
Mais pour organiser cette version, même réduite, du festival, qui a mobilisé près de 80 personnes, chacun a dû faire un effort, notamment au niveau financier : « On a essayé de faire redémarrer à notre échelle le circuit économique », explique Samuel Strouk. « Les artistes ont fait un gros effort sur leurs rémunérations parce qu’on n’avait pas les moyens de prétendre aux rémunérations habituelles. Mais les techniciens aussi : l’attachée de presse, le chargé de communication, le chargé de production, l’administratrice, le graphiste, le webmaster… »
Retrouver le plaisir de jouer ensemble
Théo Ceccaldi Trio Django, Vincent Peirani Trio Jokers, Anne Paceo Quintet, Paul Lay Deep RiversTrio, André Ceccarelli trio, David Lynx Quartet, Biréli Lagrène Trio… Tous ces artistes se sont succédé pendant deux jours pour enregistrer leur concert. Même en l’absence du public, certains ne cachaient pas leur plaisir de jouer sur une vraie scène. C’est le cas de Théo Ceccaldi qui a ouvert cette série d’enregistrements avec son frère Valentin au violoncelle et Guillaume Aknine à la guitare électrique. Le trio, qui avait dû écourter sa tournée en Amérique du Sud, n’avait plus joué ensemble depuis début mars.
Ça fait un moment que je n’avais pas été dans cette énergie. Parce que là, on a tout donné comme si on était sur scène et c’était assez jouissif !Théo CeccaldiMusicien
Une étape nécessaire ?
Pour tous ces artistes, la période est difficile à vivre, à tous les niveaux. « On ne sait pas vraiment quand ça va repartir », confie le guitariste de jazz manouche Biréli Lagrène. « On est tous un peu dans le doute en espérant des jours meilleurs. J’espère qu’ils viendront rapidement parce qu’on a besoin de faire de la musique. Financièrement aussi… »
Ce genre de festival hybride peut-il perdurer pendant cette période de transition en permettant au public et aux artistes de se retrouver malgré tout ? C’est une étape mais rien ne remplacera le partage et l’énergie d’un public attroupé devant une scène, comme le laisse entendre l’accordéoniste Vincent Peirani : « Il y a un vrai rapport qui se crée avec les gens, que ce soient les proches ou un public lambda. Et ça participe à l’émotion que je vais pouvoir mettre dans ma musique. Donc l’ordi, ça le fait moyen ».
Rendez-vous donc du 12 au 21 juin, à 18h, pour un concert quotidien accompagné de séquences sur les coulisses du festival et de bonus avec interviews des artistes ou des techniciens. Et comme le festival se termine le 21 juin, jour de la Fête de la Musique, une soirée plus longue sera proposée avec des morceaux inédits des artistes enregistrés.
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