De Jeff Buckley à Bob Dylan et de Céline Dion à Andrea Bocelli ou Bon Jovi, qui n’a pas posé sa voix sur la chanson culte Hallelujah de Leonard Cohen ? Elle fut pourtant ignorée à sa sortie il y a bientôt quarante ans, un destin hors normes raconté dans un nouveau documentaire, Hallelujah, Les mots de Leonard Cohen, attendu en salles en France le 19 octobre.
Pour beaucoup, c’est toujours un morceau de Jeff Buckley, le rockeur au visage et à la voix d’ange, mort noyé en 1997 à 30 ans. Mais ces couplets chargés de références bibliques et d’érotisme du poète canadien décédé en 2016 ont été repris par des dizaines d’autres artistes. En 2008, quand elle fut revisitée avec succès en mode gospel par Alexandra Burke dans le concours télé britannique The X Factor, Hallelujah s’est classée 1re, 2e et 36e dans les classements musicaux anglais, respectivement les versions de Burke, l’inoubliable de Jeff Buckley et l’originale de Leonard Cohen.
Bob Dylan l’a sortie le premier de l’anonymat
« Je ne vois pas d’autre chanson avec une telle trajectoire« , assure à l’AFP le journaliste musical Alan Light, auteur d’un livre sur Hallelujah (The Holy or the Broken, non traduit en français), sorti en 2012. « Il a fallu 10 ans, 20 ans, passer par toutes ces différentes versions » avant qu’elle ne décolle et fasse « boule de neige », ajoute celui qui a été consultant et producteur de ce documentaire, en salles cette semaine aux Etats-Unis.
La trajectoire de cette chanson n’avait pourtant pas très bien commencé, comme le raconte ce film de Dan Geller et Dayna Goldfine. Car, en 1984, année faste pour l’industrie musicale, la maison de disques Columbia refuse de sortir aux Etats-Unis l’album Various Positions dans lequel elle figure.
Quelques années plus tard, c’est Bob Dylan qui sort le premier la chanson de l’anonymat, dans une reprise blues-rock. Puis John Cale, l’un des fondateurs du Velvet Underground, lui donne un tour plus sensuel en 1991, avant Jeff Buckley et sa version encore plus érotisée, dans l’album Grace (1994).
« Shrek » l’a remise en selle auprès des jeunes générations
Le documentaire montre comment Hallelujah, découverte par de nouvelles générations dans le dessin animé Shrek (2001), puis dans Tous en scène en 2016, chantée par Tori Kelly, elle est devenu un morceau de culture populaire. En 2010, la Canadienne k.d. lang l’a reprise d’une voix puissante à la cérémonie des JO d’hiver de Vancouver. Onze ans plus tard, c’est encore Hallelujah qui est chantée lors d’un hommage aux victimes du Covid-19 à Washington, devant Joe Biden.
Pour Alan Light, il y a d’abord la « beauté de la mélodie« . Mais aussi des paroles qui laissent libre cours aux interprétations. « Si, pour vous, c’est une chanson religieuse, c’est très bien. Si c’est une chanson d’amour brisé, super, vous pouvez aussi« . Et « il n’y a pas de mauvaise manière de la jouer« , explique-t-il, en rappelant une reprise du virtuose de l’ukulele, l’Américain Jake Shimabukuro.
Mais quand Alan Light a interviewé Bono pour faire son livre, le chanteur d’U2 a quand même tenu à « s’excuser » pour une version trip-hop de 1995, dans laquelle il parle plus qu’il ne chante.
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