L’histoire des mythiques studios d’Abbey Road racontée dans un documentaire de Mary McCartney sur Disney+

L’histoire d’amour entre les Beatles et Disney+ se poursuit. Surfant sur le succès de Get Back, la formidable série documentaire de Peter Jackson sur les Beatles diffusée fin 2021, et le très éclairant McCartney 3, 2, 1 sorti quelques mois plus tôt, Disney+ exploite une fois encore ce filon juteux en proposant le 6 janvier Derrière les murs des studios Abbey Road, un documentaire sur les mythiques studios londoniens réalisé par Mary McCartney.

Dans la mémoire collective, Abbey Road est avant tout un album des Beatles et une pochette mythique où l’on voit les Fab Four traverser en file indienne un passage piéton, situé précisément en face des studios où les Beatles ont enregistré la majorité de leurs disques, au numéro 3 d’Abbey Road, à St John’s Wood.

Une histoire débutée il y a 90 ans

Mary McCartney, qui dit être attachée depuis toujours à ce lieu « magique » et le prouve avec une photo d’elle bébé prise entre ses murs, s’attarde bien entendu sur les enregistrements des Beatles, avec les témoignages de son père et de Ringo Starr, les deux survivants du groupe. Mais elle raconte aussi l’histoire sur neuf décennies de cette résidence de neuf chambres avec jardin transformée en 1931 en studio par la maison de disques EMI, qui souhaitait en faire « le plus grand et le mieux équipé au monde« .

Destinés initialement à la musique classique, les studios Abbey Road s’ouvrent à la pop en 1954 avec Cliff Richard, suivi par les Beatles en 1962 qui vont leur offrir un rayonnement international avant de devenir leur « maison« , un « bunker » chéri où pourra s’épanouir leur musique en toute liberté. Suivront des dizaines d’artistes et de groupes, dont une poignée témoignent dans ce documentaire, d’Elton John à Pink Floyd, de Jimmy Page à Oasis, en passant par Kate Bush, Fela Kuti, Nile Rodgers de Chic, Kanye West et Celeste, sans oublier le maître de la musique de films John Williams, qui y a enregistré notamment les B.O. de Star Wars et d’Indiana Jones.

Documents rares et anecdotes en pagaille

Le point fort de ce film un peu bancal réside dans les documents rares d’époque, audio et vidéo, qu’il donne à voir, et notamment Pink Floyd en studio à leurs débuts avec Syd Barrett, ou Jimmy Page de Led Zeppelin interviewé en tant que jeune guitariste de session à 17 ans, avouant que les vedettes qu’il côtoie à ces occasions sont souvent « décevantes« . Les témoignages actuels face caméra sont plus classiques, et les anecdotes abondent, pas toujours neuves.

Paul McCartney et Ringo Starr racontent notamment comment les Fab Four y ont enregistré en une journée leur premier album Please, Please Me en 1963, et comment les équipements d’Abbey Road sont devenus un terrain de jeu sans limite pour les expérimentations de l’album Sgt Pepper’s. Elton John se souvient de l’odeur des studios à son arrivée en 1968, « l’odeur de la peur… Est-ce que je vais me planter ?« . Jimmy Page se remémore l’enregistrement, en tant que musicien de session, de Goldfinger (James Bond) sous la direction de John Barry, avec Shirley Bassey qui finit par tomber dans les pommes d’avoir dû tenir la note trop longtemps.

David Gilmour et Roger Waters témoignent des débuts de Pink Floyd lorsqu’ils enregistraient The Piper At The Gates of Dawn pendant que les Beatles élaboraient Sgt Pepper’s dans le studio voisin, et évoquent (séparément) leurs accrochages d’alors sur la façon de travailler. Kate Bush revient quant à elle (en audio uniquement) sur le fait que les studios Abbey Road étaient longtemps restés dans leur jus Beatles, de peur qu’en changer ne serait-ce que la peinture puisse en affecter le son et leur faire perdre leur magie.

Une sainte église marquée de l’empreinte des Beatles

Mais justement la magie, le son si singulier de ce studio, d’où vient-il ? C’est un des écueils de ce documentaire que de ne pas répondre à cette question, et de ne pas même sembler se la poser – à moins de se contenter de l’enthousiasme de Paul s’exclamant : « C’est un si bon studio ! Tous les micros fonctionnent ! ». Mary McCartney a beau mentionner en voix off qu’Abbey Road n’employait que des techniciens haut de gamme, elle ne s’intéresse pas assez à ces artisans de l’ombre, pourtant reconnus par son père comme de véritables artistes. Tout juste croise-t-on l’un d’entre eux, Lester Smith, qui sait encore réparer un micro vieux de 70 ans.

Seul John Williams détaille en quoi l’acoustique particulière des studios Abbey Road, qu’il compare à une mère et à un « cadeau » emprunt de spiritualité, est plus intéressante que celle des plus grands studios d’Hollywood. Pour les autres, l’empreinte laissée par les Beatles semble suffire à en faire une sainte église où la prière musicale s’accomplirait plus sûrement qu’ailleurs. Une simple affaire de prestige et de superstition qui laisse un peu le spectateur sur sa faim.

« Derrière les murs des studios Abbey Road » de Mary McCartney (1h26 mn) est disponible sur Disney+ à partir du vendredi 6 janvier 2023

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