Le film "Down with the King" avec le rappeur Freddie Gibbs remporte le Grand Prix du Festival de Deauville

La 47e édition du festival du cinéma américain de Deauville a couronné samedi du Grand Prix Down with the king, avec le rappeur américain Freddie Gibbs. Ce film du Français installé aux Etats-Unis Diego Ongaro raconte l’histoire d’un célèbre rappeur qui, censé écrire un nouvel album loin de tout, se découvre un goût inattendu pour la vie de fermier.

« Bien plus qu’un film de rap »

Tourné dans le Massachusetts, ce long métrage avait été présenté en juillet à Cannes. « Je n’ai jamais voulu jouer un rappeur dans un film, mais là c’était bien plus intéressant qu’un film de rap. Pour moi, c’était une opportunité formidable« , avait déclaré à l’AFP à Cannes le rappeur qui a longtemps collectionné les problèmes judiciaires avant les succès.

Dans le film, Money Merc, son personnage, se lie d’amitié avec un paysan du coin (Joe), qui lui apprend à dépecer des vaches, nourrir les cochons, ramener les bêtes à l’enclos. Mais le rappeur est vite rappelé à sa réalité : son agent le harcèle pour lui réclamer des démos, ses fans réclament des nouvelles sur les réseaux, ses concurrents le « clashent » dans leurs textes. Le dur à cuir venu de la rue frôle le burnout.

Présidente du jury, Charlotte Gainsbourg salue « un sujet fort »

Le film joue avec humour sur le gouffre entre le bling-bling du rap et l’âpreté de la campagne – ramener des cochons dans un survêtement et des baskets immaculés n’est pas simple – et bouscule avec férocité les clichés de la culture hip hop: l’argent roi, le virilisme envahissant, les textes pleins de poncifs (crack, ghetto et AK47). Quant aux raps du film, il s’agit d’improvisations de Freddie Gibbs durant le tournage.

Charlotte Gainsbourg, présidente du jury de cette 47e édition, a salué « un sujet fort« . « L’acteur principal est incroyable. C’est tellement proche d’une vérité, l’idée de se retirer, de ne plus être en adéquation avec le métier qu’on a choisi« , a-t-elle commenté à l’issue de la cérémonie.

Les autres prix remis à Deauville

Le Prix du jury de Deauville revient lui à la fois à Pleasure, un premier film interdit aux moins de 18 ans de Ninja Thyberg (en salle le 20 octobre), et à Red Rocket de Sean Baker, qui était aussi en compétition à Cannes. Les deux films dénoncent la toxicité des milieux de l’industrie du X. Red Rocket, qui sortira le 2 février en France, décroche aussi le Prix du jury de la critique.

Le Prix du jury de la Révélation, présidé lui par Clémence Poésie (Série En thérapie), est attribué à John and the hole, un premier film de Pascual Sisto. Ce thriller raconte l’histoire d’un garçon de 13 ans qui retient ses parents et sa soeur prisonniers dans un ancien bunker et rentre chez lui où il est enfin libre de faire ce qu’il veut.

Blue Bayou de Justin Chon décroche lui le Prix du public. Ce film, qui faisait partie de la sélection Un certain regard à Cannes, sort mercredi dans les salles françaises. Il raconte l’histoire d’un père de famille recomposée américano-coréen qui a passé sa vie dans le village de Bayou (Louisianne) mais risque d’être expulsé du seul pays qu’il a jamais considéré comme le sien.

Treize films, signés par des réalisateurs indépendants des studios d’Hollywood, étaient en compétition. Selon les organisateurs, le festival a retrouvé la fréquentation d’avant Covid, et devrait finir aux alentours de 60.000 spectateurs comme en 2019, même avec les masques et les pass sanitaires.

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