Kendrick Lamar sort "Mr Morale & the Big Steppers" : cinq choses à retenir du nouvel album où il se dévoile

Ça faisait 5 ans qu’ils l’attendaient. Le lien vers l’album à peine posté sur twitter par Kendrick Lamar que les fans se sont pressés de brancher leurs écouteurs et de se rebrancher sur les plateformes de streaming qu’ils n’avaient cessé de rafraîchir depuis vendredi minuit. Car c’est aujourd’hui, vendredi 13 mai, qu’est sorti Mr Morale & the Big Steppers, le nouvel album du rappeur américain qui avait déjà donné des nouvelles en début de semaine avec un clip déroutant. 

Noyés sous l’afflux de milliers d’utilisateurs, les géants Apple Music et Spotify ont été victimes de plusieurs crashs, empêchant certains amateurs de rap de découvrir le double album. Nous avons pu écouter la totalité du projet. 

Complotisme et guerre en Ukraine

Fidèle à la discographie du rappeur, ce nouvel album déborde de références à l’actualité. Reconnu pour sa plume tranchante et subversive, Kendrick Lamar propose, comme à son habitude, la critique d’une société fragmentée. Le rappeur tacle notamment la montée des théories complotistes émanant de groupes religieux durant la crise du Covid-19. Dans Savior, il lâche : « Seen a Christian say the vaccine mark of the beast, then he caught Covid and prayed to Pfizer for relief ». Entendez : « J’ai vu un chrétien dire que le vaccin est un signe de la fin du monde et de l’Antéchrist, puis il a attrapé le Covid et a prié Pfizer pour le soulager ».


La plume de Kendrick Lamar, pugnace et brillante, dénonce également le comportement de personnalités politiques parmi lesquelles Vladimir Poutine, que le rappeur ciblait déjà dans The Heart Part 4. Dans Mr Moral & The Big Steppers il revient à la charge en nommant le président russe par son prénom : « Vladimir making nightmares« , que l’on peut traduire comme « Vladimir crée des cauchemars ». L’artiste dénonce ici la responsabilité du chef du Kremlin dans le déclenchement de la guerre en Ukraine fin février.

Dénoncer la transphobie et l’homophobie

Alors qu’on le savait engagé contre les discriminations visant la communauté afro-américaine, la pauvreté ou encore la santé mentale, le prodige de Compton ajoute désormais à son tableau la transphobie et l’homophobie touchant la communauté LGBTQ+. Moment fort de l’album, le morceau Auntie Diaries revient sur la transition de sa tante devenue homme et son cousin, désormais femme. Par-dessus une instrumentale minimaliste, l’artiste chuchotte la trajectoire de deux de ses proches et les discriminations dont ils ont été victimes en tant que personnes noires et transgenres. « He didn’t laugh as hard when the kids start joking ‘Faggot, faggot, faggot’. We ain’t know no better Middle school kids with no filter », chante le rappeur rapportant les épisodes où sa cousine se faisait traiter de « pédales » par ses camarades de classe.


L’artiste en profite pour s’autocritiquer, dénonçant ses propres agissements et ses préjugés : « Demetrius is Mary-Ann now. I mean he’s really Mary-Ann, even took things further, changed his gender before Bruce Jenner, was certain living his truth even if it meant see a surgeon. We didn’t talk for a while, he seemed more distant, wasn’t comfortable around me, everything was offensive », soit en français : « Demetrius est Mary-Ann maintenant, je veux dire qu’il est vraiment Mary-Ann, il a même poussé les choses plus loin, a changé de sexe avant Bruce Jenner, était certain de vivre sa vérité même si ça demandait de voir un chirurgien. Nous ne nous sommes plus parlés pendant un moment, il semblait plus distant, n’était pas à l’aise avec moi, tout était offensant ».

Ce titre marquera certainement un tournant dans l’histoire du rap, c’est le premier morceau où un rappeur aussi populaire que Kendrick Lamar avoue son soutien à la communauté LGBTQ+.

Le rappeur avoue sa tromperie

Les confessions de Kendrick sur des épisodes très personnels de sa vie se poursuivent. Dans ce nouvel album, l’artiste confie avoir eu une liaison avec une femme blanche alors qu’il était encore avec sa fiancée, Whitney Alford, avec qui il vient tout juste d’avoir son deuxième enfant. Le rappeur raconte s’être même demandé s’il n’était pas à son tour raciste dans le fait de tromper sa femme d’origine afro-américaine, avec une femme blanche. 

Un comportement qui, selon lui, indignerait ses ancêtres s’ils étaient encore là : « J’ai dit je suis peut-être raciste. Les ancêtres me regardant baiser c’était pour moi comme une punition » (« Whitney asked did I have a problem. I said, « I might be racist ». Ancestors watchin’ me fuck was like retaliation »), scande-t-il nerveusement dans Worldwide Steppers.


Le couple a récemment été aperçu au Ghana, ce qui pourrait infirmer la séparation redoutée par le rappeur au moment de l’écriture du morceau. 

Une spiritualité si présente

À travers les morceaux, différentes voix se font entendre : celle des rappeurs Kodak Black et Baby Keem omniprésents dans le projet, de sa compagne Whitney Alford, du groupe de rock Florence and the Machine, mais aussi celle d’Eckhart Tolle. L’écrivain, reconnu comme un coach spirituel aujourd’hui, a été rendu célèbre pour son ouvrage Le Pouvoir du moment présent, publié en 1997.

A l’époque, le livre restera dans l’ombre jusqu’à ce qu’il connaisse un énorme succès auprès des stars américaines qui feront d’Eckhart Tolle leur guide spirituel personnel. Invité au début des années 2000 par Oprah Winfrey qui dit avoir ressenti une révélation en lisant le livre, l’auteur va gagner une popularité mondiale. On comprend un peu mieux pourquoi Kendrick Lamar lui a octroyé le rôle de narrateur dans plusieurs morceaux traversés par le thème de la spiritualité dans Mr Morale, la seconde partie de l’album.

Une affaire de famille 

Mr Morale & the Big Steppers, c’est aussi une affaire de famille. Au-delà des textes qui évoquent l’amour et l’admiration de l’artiste pour ses enfants, sa fiancée ou encore sa mère, le rappeur Kendrick Lamar a également tenu à inviter son cousin Baby Keem, rappeur et producteur qui a raflé pas moins de quatre trophées dont celui de « meilleur nouvel artiste » et « meilleur album de l’année » aux derniers Grammys. Logique que l’on ressente l’influence du jeune artiste sur certains morceaux comme N95, où il apparaît par ailleurs comme l’un des producteurs.

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