Dix ans après « Libérée, délivrée », sa chanteuse « désolée » pour les parents

  • Il y a dix ans, en décembre 2013, sortait le dessin animé Disney La Reine des neiges.
  • Une décennie plus tard, le célèbre titre Libérée, délivrée est toujours chanté par des enfants, mais aussi des adultes. Pour le plus grand plaisir d’Anaïs Delva, son interprète.
  • L’artiste ne devait même pas interpréter Elsa à l’origine…

« Pas d’états d’âme, pas de tourments. De sentiments… » La suite, tout le monde la connaît. Depuis dix ans, Libérée, délivrée a investi de nombreux salons avec, souvent, des enfants qui reprennent à tue-tête le célèbre refrain du titre culte de La Reine des neiges. Sorti en décembre 2013, le dessin animé figure aujourd’hui encore parmi les grands classiques de Disney. Ce n’est pas la voix française d’Elsa, Anaïs Delva, qui dira le contraire. Actuellement sur scène à Paris au théâtre Hébertot, la native de Bar-le-Duc, 37 ans, ne passe « pas un jour » depuis dix ans sans qu’on lui parle de ce tube. 20 Minutes s’y est mis aussi.

Comment aviez-vous été choisie ?

J’avais passé des essais mais pour un autre rôle, celui d’Anna. Il y avait énormément de monde et la réponse avait mis du temps à arriver. J’avais été validée pour doubler Anna mais à un moment, il a fallu faire une démo en français de la chanson Libérée, délivrée. Je l’ai faite et la Walt Disney Company France a aimé cette version. On m’a donc demandé d’être Elsa ! C’était un hasard total, un heureux hasard.

Où en étiez-vous dans votre carrière à ce moment-là ?

Je venais de la comédie musicale. J’avais joué dans Dracula, Salut les copains, j’étais même sur Spamalot avec Pef (Pierre-François Martin-Laval) à l’époque. J’avais commencé le doublage deux ans avant et on m’avait proposé de candidater à celui-là.

Comment s’est-il passé ? A-t-il fallu beaucoup de répétitions ?

Non, c’est très rapide ! En plus, le personnage d’Elsa ne parle pas énormément. L’enregistrement de la chanson a dû prendre une demi-journée. Pour les dialogues, le lignage était faible, ça n’a pas duré longtemps non plus. J’avais simplement dû y retourner pour une respiration par ici, une petite réaction par-là une fois que le dessin animé avait été terminé aux Etats-Unis.

Est-ce que la chanson vous a plu d’emblée ?

Oui ! D’autant plus que le personnage d’Elsa est chanté, en version originale, par Idina Menzel, une artiste que j’adore et dont je suivais beaucoup le parcours. Quand je l’ai entendue, je l’ai tout de suite adorée.

Avez-vous su tout de suite qu’elle deviendrait un succès ?

On ne sait jamais ce qui fonctionnera ou non… En toute sincérité, je n’ai jamais pensé comme ça. J’étais heureuse de faire ce personnage car c’était un challenge. Quand je l’ai enregistrée pendant le doublage, avec les images de la construction du château, je me suis dit « OK, ça va être un de ces moments épiques qu’il y a dans les Disney ». Mais après, c’est la rencontre avec le public qui a fait le reste. J’espère juste que Libérée, délivrée ait autant de succès que celle de Raiponce (Où est la vraie vie ?), et elle l’a largement dépassée.

La preuve, on vous en parle encore dix ans après…

Il n’y a pas une journée où on ne m’en parle pas et je pense qu’on m’en parlera toute ma vie ! Tant mieux, parce que j’adore cette chanson et le personnage fait partie de moi. J’en suis extrêmement fière.

Mais n’est-ce pas parfois ennuyeux d’être réduite à être l’interprète de Libérée, délivrée ?

Non. Ce qui a été frustrant, au début, c’était d’être vue comme une chanteuse alors que je suis comédienne à l’origine. La chanson a eu tellement d’impact qu’on oubliait que je faisais aussi le personnage d’Elsa. J’ai eu peur de ne plus faire de comédie à cause de ça, mais ça ne s’est pas arrêté. Et plus le temps passe, plus je suis heureuse qu’on me parle de La Reine des neiges.

Chantez-vous encore souvent ce fameux titre ?

Bien sûr ! Ce qui est bien, c’est que cette chanson a fait son chemin en dix ans, et maintenant elle appartient à tous. Tout le monde la connaît et Libérée, délivrée est devenue une expression en soi. C’est génial ! On m’appelle toujours pour l’interpréter, à la télé ou pour des événements.

Avez-vous conscience d’avoir été, aussi, le cauchemar de certains parents ?

Complètement ! Je sais que quand les enfants aiment quelque chose, ils le passent en boucle. Mais je vois aussi que c’est rigolo de voir son enfant chanter, ça reste un bon souvenir.

Voulez-vous présenter des excuses à certains parents qui auraient eu une overdose de Libérée, délivrée ?

Je l’ai déjà fait en même temps que la réalisatrice (Jennifer Lee). A l’époque, elle leur avait dit pardon en rigolant et j’avais ajouté « moi aussi, je suis désolée ». D’autant qu’à ce moment-là, je faisais des voix pour des jouets, pour la série Les Sisters, les parents m’avaient partout ! Je leur pourrissais la vie au quotidien mais leurs enfants étaient heureux, c’est tout ce qui compte.

Qu’a changé pour vous ce rôle dans La Reine des neiges ?

Ça m’a donné une médiatisation et une légitimité auprès de plein de gens qui ne me connaissaient pas. J’étais dans un milieu de niche, la comédie musicale. Tout ça m’a permis d’avoir accès à d’autres choses, de faire des albums. En même temps, ça m’a aussi mis dans une case “artiste pour enfants” qui ne me correspondaient pas du tout. Finalement, ça a été la cerise sur le gâteau. Je n’en garde que les bons côtés aujourd’hui.

Est-ce que c’est au moins votre Disney préféré ?

En toute sincérité, je préfère Kuzco. Ça l’a toujours été et ça le restera ! J’aime beaucoup Hercule aussi, parce que les chansons sont dingues. Mais La Reine des neiges, c’est autre chose. Il fait partie de moi et a une place dans mon cœur très particulière.

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