Disparition de Little Richard : sept performances live électrisantes

Little Richard, né Richard Penniman, s’est éteint samedi 9 mai à 87 ans, des suites d’un cancer. Dans les années 50 et 60, il a sidéré et enflammé des générations de jeunes qui découvraient avec lui une nouvelle musique, éveillant au passage bien des vocations, certains de ses fans formant plus tard des groupes appelés Led Zeppelin, les Rolling Stones ou les Beatles. On pressent aussi sa forte influence sur des artistes comme Prince. Ses performances sur scène donnent une idée de l’exaltation que ce showman désinhibé a pu éveiller dans les esprits et les corps d’une jeunesse bridée par les conventions et interdits de leur temps.

« Tutti Frutti » (1955), version live de 1995

« Tutti Frutti » (Little Richard, Dorothy LaBostrie, 1955)
« Je tiens à ce que vous sachiez que le rhythm and blues a eu un bébé, et on lui a donné le nom de rock and roll », rappelle Little Richard au début de cette performance captée en 1995 durant un concert du Rock and Roll Hall of Fame. Longue chevelure noire, tenue de gala, orchestre survolté, le rocker alors âgé d’environ 62 ans enflamme toujours le public. Dès 1956, la chanson a été interprétée par son compositeur dans le film musical Don’t Knock The Rock de Fred Sears.

« Good Golly, Miss Molly » (1956), à Londres en 1972

« Good Golly, Miss Molly » (John Marascalco, Robert « Bumps » Blackwell, 1956)
Si Little Richard n’a pas écrit Good Golly, Miss Molly, cette chanson de 1956 n’en demeure pas moins un grand classique de son répertoire, repris ci-dessus par un Little Richard sexy et androgyne devant un public euphorique à Wembley. Cosignée par John Marascaldo, l’un des songwriters travaillant à ses côtés, et le producteur Robert Blackwell, la chanson d’abord sortie en single en 1956 a été intégrée au deuxième album studio du chanteur, Little Richard (1958). Pour l’intro au piano de la version discographique, le chanteur a confié s’être inspiré de celle de Rocket 88 d’Ike Turner. À (re)voir aussi, cette superbe version live à la télévision britannique datée de 1964 ou encore cette séquence étonnante immortalisée en 1992 à l’occasion du 50e anniversaire de Mohamed Ali, en sa présence.

« Rip It Up » (1956), à la télévision britannique en 1964

« Rip It Up » (Robert Blackwell and John Marascalco)
La chanson Rip It Up, également signée Marascaldo-Blackwell, est sortie en juin 1956 et a été enregistrée la même année par Bill Haley. Le son et l’image du document ci-dessus sont moyens, hélas, mais on y observe le charisme d’un Little Richard – avec de faux airs d’Otis Redding – littéralement au sommet, qui emballe sans effort apparent un public 100% blanc lors d’une performance diffusée en 1964 par la télévision britannique. À voir aussi, cette version effervescente à Londres en 1972.

« Long Tall Sally » (1956), à L’Olympia en 1966

« Long Tall Sally » (Robert « Bumps » Blackwell, Enotris Johnson, Little Richard)
Long Tall Sally, l’un des grands classiques de Little Richard, a été lancé en mars 1956 avant d’intégrer le premier album du chanteur Here’s Little Richard en 1957. La séquence ci-dessus, tout en cris et en sueur, a été filmée à L’Olympia, à Paris, en 1966. Elle donne une idée de la présence physique, totalement incarnée, et de l’énergie érotique de Little Richard sur scène. On ne peut qu’en imaginer l’impact sur des jeunes Blancs des classes moyennes années 50 et 60, enfermés dans des carcans préétablis dont il n’était alors pas envisageable de dévier. Autre version, plus habillée et cosy, toujours rock, ce document en couleur réalisé probablement pour la télévision américaine, et bien sûr, l’extrait du film Don’t Knock The Rock (Fred Sears, 1956).

« Lucille » (1957), live extrait d’un documentaire (1973)

« Lucille » (Albert Collins, Little Richard, 1957)
Un autre mégatube de Little Richard, une autre époque avec l’assouplissement des codes vestimentaires dans les années 70. Dans cet extrait du documentaire Let The Good Times Roll (Robert Abel, Sidney Levin, 1973), entrecoupé d’images d’archives, Little Richard reprend Lucille (1957) devant un public enthousiaste. Même yeux écarquillés, même gestuelle, même aplomb joyeux que quelques années plus tôt : « Je veux que vous sachiez tous que je suis le roi du rock and roll ! » Ce en quoi il n’avait décidément pas tort. Et la star de dicter aux femmes, puis aux hommes, « le juste cri ».

« Ready Teddy » (1956), à L’Olympia en 1966

« Ready Teddy » (Robert Blackwell, John Marascalco)
Un public subjugué – certains regards ne trompent pas – par un Little Richard hypnotique. En communion avec ses fans, le chanteur finit par tomber la chemise lors de cette soirée d’anthologie captée à L’Olympia, à Paris, en 1966. Ready Teddy, qui figure dans le premier album de Little Richard sorti en 1957, est une autre chanson du partenariat Marascaldo-Blackwell. Autre version à découvrir, celle du film La Blonde et Moi (The Girl Can’t Help It, 1956) de Frank Tashlin, avec Jane Mansfield, pour lequel Little Richard interprétait aussi la chanson-titre du film.

Little Richard reprend « Let The Good Times Roll » pour Quincy Jones

« Let The Good Times Roll », un blues de Louis Jordan (Sam Theard, Fleecie Moore)
Initialement enregistrée par Louis Jordan en 1946, reprise par la suite par le bluesman B.B. King, entre autres, la chanson Let The Good Times Roll est interprétée ici par un Little Richard en pleine forme, en l’honneur de Quincy Jones pour « célébrer la première nomination de Quincy aux Grammy Awards », selon la voix du commentateur, très probablement dans les années 80. Quincy Jones est ravi, nous aussi.

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