Elle ne rentre pas dans les cases mais a pourtant coché celle d’une première reconnaissance : la chanteuse Pomme, avec sa folk-pop épurée et ses textes intimes est nommée dans la catégorie Album révélation aux Victoires de la musique. Avec ce disque baptisé Les failles, la jeune femme de 23 ans originaire de Lyon, Claire Pommet de son vrai nom, rencontre un bel écho public et médiatique.
« C’est marrant, j’ai tellement fait cet album pour moi, en essayant de gommer tous ces trucs d’attente du public ; je trouve ça trop chouette qu’il plaise aux gens et qu’il soit reconnu par l’institution des Victoires« , confie-t-elle.
A la fois fragile et forte
Le charme a rapidement agi. Comme en septembre dernier à la soirée parisienne des 30 ans du FAIR, dispositif de soutien au démarrage de carrière dans les musiques actuelles, dont elle fut lauréate en 2017.
Claire Pommet, frêle silhouette derrière sa guitare, lance pleine d’aplomb au public: « Vous êtes bien excités, mais je vais bien vous calmer« . Elle entonne alors Je sais pas danser, où l’on entend le mot « failles » alors que l’album n’est pas encore sorti. Audience conquise.
« Elle ne se créée pas un personnage. C’est une artiste hybride, avec ce côté folk classique et une esthétique moderne à la Billie Eilish« , estime Julien Soulié, patron du FAIR. De fait, sa reprise de Bad Guy de Billie Eilish à l’autoharpe fait un malheur depuis cet automne.
Un second album qui ressemble à sa pomme
Réalisé par le chanteur Albin de la Simone, ce deuxième album lui permet en tout cas de balayer la frustration du précédent, un disque plus lisse dans lequel, piégée par « l’envie de plaire davantage« , comme elle le dit, elle ne se reconnaissait pas.
« Je me suis rendue compte que ça ne servait à rien d’essayer de rendre ma musique plaisante: c’est une musique qui me ressemble et elle n’a rien de déprimant« , dit cette grande admiratrice de Barbara. La dame en noir, dont le « mélange de tragique et de légèreté » la fascine, est sa « chanteuse préférée, à vie« , confie-t-elle au journal Le Monde.
Les textes de cette plume précoce, grande fan du poète Paul Éluard – qui se nourrit aussi d’ouvrages féministes ou de BD – ne cachent rien cette fois de ses fêlures, de ses doutes et de sa vulnérabilité. « Je suis celle qu’on ne voit pas/Je suis celle qu’on entend pas/Je suis cachée au bord des larmes/Je suis la reine des drames« , chante-t-elle sur Anxiété.
Elle n’y cache rien non plus de son homosexualité. Et ne s’offusque pas que ce dernier sujet revienne à longueur d’interviews : « Peut-être qu’on doit en passer par là, en parler maintenant, pour que dans cinq ans on n’en parle plus« .
Plus généralement, l’album a un versant thérapeutique. « Bizarrement, je suis assez pudique avec les gens proches, la famille. Pour moi c’est plus simple de passer par une chanson: si je n’écrivais pas, je péterais un câble« .
« C’est super de parler de choses intimes avec un album mais ce n’est sans doute pas la meilleure solution, il est possible que plus tard je tombe dans un trou. Donc, je vais faire les deux, continuer à écrire et aller parler à un psy« , confie-t-elle dans un sourire. Un autre signe d’une belle maturité.
Pomme poursuit sa tournée dans toute la France jusqu’au mois de mai, avec deux prochaines dates parisiennes (complètes) le 28 février et le 9 avril à La Cigale. Mais aussi le 23 novembre 2020 à l’Olympia.
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