Quand le col Mao de Jack Lang signé Mugler faisait siffler l’Assemblée nationale

Le 17 avril 1985, ça siffle sévère lors d’une séance de questions au gouvernement à l’Assemblée nationale. Les raisons de la colère ? La veste à col Mao que porte ce jour-là Jack Lang, ministre de la Culture. Elle est signée d’un jeune créateur nommé Thierry Mugler.

Dans les années 1980, Thierry Mugler est le couturier de la mise en scène, le roi des défilés spectacles. Mais de façon plus inattendue, il se fait aussi remarquer dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale. C’était le 17 avril 1985, Jack Lang, ministre de la Culture depuis quatre ans, se présente à la tribune pour répondre à une question sur les travaux du Grand Louvre. Il porte un costume au col Mao, qui change du complet traditionnel porté par les députés, et directement inspiré de la tenue des officiels indiens. Au retour d’un voyage en Inde avec François Mitterrand, Jack Lang avait passé commande auprès du couturier français afin d’avoir une veste sur le même modèle.

En vidéo, la bronca des députés face au col Mao de Jack Lang en 1985

« On dirait Khadafi »

Il n’a pas encore pris la parole au micro que ça gronde dans les travées du Palais Bourbon. La veste noire en énerve certains : elle a beau faire la promotion de la création française, elle ne laisse pas apparaître de cravate. Pour l’opposition, ça va trop loin. Si aucune disposition du règlement intérieur ne précise un quelconque dress code à destination des hommes, les conventions veulent toutefois qu’ils se présentent cravatés. Pendant plusieurs minutes, Jack Lang est la cible de sifflements et de quolibets. «On dirait Khadafi», «le carnaval est fini»… Les attaques fusent.

Une bronca qui aura eu raison de l’habit. Même si Jack Lang s’amuse de l’effet produit par sa veste, il ne la reportera plus lors de ses apparitions à l’Assemblée. L’affaire a marqué les esprits – le costume est actuellement exposé au musée des Arts décoratifs à Paris dans le cadre de l’exposition «Couturissime» – mais elle n’a pas tant modifié les habitudes culturelles. Trente-sept ans après, la cravate est toujours «exigée» au sein de l’Hémicycle.

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