Pourquoi Victoria’s Secret a versé 8,3 millions de dollars d’indemnités à des ouvrières thaïlandaises ?

Nouvel épisode dans le feuilleton Victoria’s Secret. Alors que la marque de lingerie a connu de nombreuses polémiques ces dernières années, l’heure semble être aux réparations.

La preuve ? Après avoir été licenciées sans indemnités en pleine pandémie, 1 250 travailleuses textiles d’une usine sous-traitante utilisée par Victoria’s Secret viennent d’obtenir d’obtenir gain de cause grâce à la marque de lingerie.

Des ouvrières licenciées sans indemnités

C’est à Samut Prakan, au sud de Bangkok, que se trouve l’usine Brilliant Alliance Thai. Une usine qui fabriquait des soutien-gorges pour la marque de lingerie américaine Victoria’s Secret.

Pourtant, en mars 2021, Brilliant Alliance Thai ferme ses portes pour faillite. La cause ? Un baisse significative des nombre de commandes de vêtements. Résultat des courses, l’usine n’est plus en mesures de payer ses employ.é.e.s et les licencient sans plus d’explication.

Les anciens employé.e.s de Brilliant Alliance Thai sont majoritairement des femmes, comme très souvent dans l’industrie de la confection textile. Certaines travaillaient dans cette usine depuis plus d’une décennie et ont dû, en plus de la pandémie, éprouvé des difficultés pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille.

En tout, ce sont 1 250 ouvriè.re.s sont licencié.e.s sans pour autant percevoir d’indemnisation, contrairement à ce que garantie la loi thaïlandaise. 

Saisi, le gouvernement thaïlandais demande alors au propriétaire de l’usine, le groupe Clover basé à Hong-Kong, d’indemniser ses ouvriers sous 30 jours. Mais l’entreprise dit ne pas avoir d’argent et estime même que les 1 250 travailleurs « devraient accepter d’attendre 10 ans pour être entièrement dédommagé ».

Partout dans le pays, des manifestations sont organisées, alertant les ONG, la presse et l’opinion publique.  

Aujourd’hui, après un an de contestation, Victoria’s Secret s’exprime dans un communiqué de presse : « Pendant plusieurs mois, nous avons été en rapport avec les propriétaires de l’usine pour trouver une solution. »

« Nous regrettons qu’ils n’aient pas été en mesure de régler cette affaire tout seuls. Pour s’assurer que les travailleurs reçoivent la totalité des indemnités de départ qui leur sont dues, Victoria’s Secret a accepté d’avancer les fonds aux propriétaires de l’usine » déclare la marque aux égéries ailées.

Dans un communiqué publié le 25 mai, le Solidary Center et l’organisation indépendante de surveillance des droits du travail Work Rights Consortium (WRC) ont annoncé que Victoria’s Secret avait versé une indemnité totale de 8,3 millions de dollars (soit 7,7 millions d’euros) à ses travailleuses textiles.

« Les partis ont crédité la décision de Victoria’s Secret de financer les paiements, via un accord de prêt avec l’ancien employeur des travailleurs. » certifie l’ONG Solidarity Center.

Un accord historique signé par Victoria’s Secret

Si avant sa fermeture l’usine Alliance Brillant Thai produisait pour d’autres enseignes de lingerie, notamment Lane Bryant et Torrid détenues par le fond Sycamore Partners, seule Victoria’s Secret a signé cet accord d’indemnisation.

C’est main dans la main que le Solidarity Center et le WRC avaient fait pression sur Victoria’s Secret et sur Sycamore pour que les ouvrières de Brilliant Alliance Thai perçoivent leurs indemnités.

Le directeur exécutif du Work Rights Consortium Scott Nova commente : « Notre organisation a documenté des centaines de cas de vol de salaire dans la chaîne d’approvisionnement de vêtements ».

« Les 8,3 million de dollars versés par Victoria’s Secret forment la contribution la plus importante qu’une marque ait jamais déboursée pour aider à résoudre une affaire de vol de salaire. »

Pour lui, la maison Victoria Secret’s peut être « fière de ce qu’elle a fait ».

La coalition mondiale #PayYourWorkers (#PayezVosEmployés, ndlr) soutenue entre autres par l’OFXAM lutte pour mettre fin au non-respect des droits humains dont les travailleurs du textile souffrent. Grâce à ses informations, on apprend que 10% des ouvrier.e.s dans le monde ont été licenciés depuis le début de la crise du Covid-19.

Sur son site, la campagne rappelle que les 35 millions de personnes qui fabriquent nos vêtements à travers le monde touchent des salaires parmi les plus bas au monde.

Dans le monde, de nombreux travailleurs du textile voient encore leurs droits bafoués puisque selon un rapport du WRC datant d’avril 2021, des cas similaires de non-paiement de salaires ont été enregistrés dans 31 usines de confection dans neuf pays.

Scott Nova, directeur exécutif du WRC, estime que ces cas n’étaient que la « pointe de l’iceberg » tant ce problème a explosé depuis le début de la pandémie en raison d’une baisse de commandes des vêtements.

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