Marie Claire Daveu : "Dans le luxe, les produits sont faits pour durer"

Matériaux innovants, agriculture régénératrice, outils de mesure sur l’impact environnemental : depuis plus de vingt-cinq ans, le groupe de luxe Kering s’engage concrètement pour minimiser les répercussions de son activité sur les populations et l’environnement.

Marie-Claire Daveu, sa directrice du développement durable, nous détaille les dernières avancées en la matière, et quels défis restent à relever.

Mode écoreponsable : Kering en direction du luxe de demain

Marie Claire : Le changement climatique fait de la protection de la faune et de la flore une urgence absolue. Quelles actions Kering mène-t-il dans ce sens ? 

Marie Claire Daveu : Préserver les ressources naturelles nécessaires à nos activités est au cœur de notre stratégie de protection de la biodiversité. Nous avons pour cela développé un outil de mesure de notre impact sur elle, le Compte de Résultat Environnemental.

Depuis 2017, nous avons aussi déterminé des Kering Standards. À chaque étape des chaînes d’approvisionnement, des critères techniques visent à protéger les écosystèmes.

Notre but est de donner aux générations futures les outils pour adopter les bons réflexes pour leurs créations.

Notre programme de cachemire durable mis en place dans la région de Gobi, en Mongolie, a par exemple pour objectif de favoriser une production traditionnelle de haute qualité en se concentrant sur des techniques pastorales qui garantissent le bien-être animal. En sept ans, plus de vingt-cinq tonnes de cachemire responsable ont ainsi été utilisées par les maisons du groupe.

En 2020, un pas de plus a été franchi avec la création du Fonds Régénératif pour la Nature. Il a pour but de transformer un million d’hectares d’exploitations agricoles et de pâturages en espaces d’agriculture régénérative pour fournir des matières premières telles que le cuir et le coton.

Les consommateurs se posent beaucoup de questions sur les matières de leurs vêtements. Quelles sont vos innovations les plus prometteuses dans ce domaine ? 

Quand on parle d’innovation, il faut prendre en compte le temps nécessaire pour la développer. Nous travaillons avec plus de cent vingt start-ups dans ce domaine, mais avant d’être utilisée dans l’une de nos maisons, une innovation doit fonctionner et correspondre à nos standards de qualité.

Cela dit, beaucoup sont déjà opérationnelles, comme l’agriculture régénérative ou l’élimination des métaux lourds lors du tannage des cuirs. En 2021, après deux ans de recherches, Gucci a lancé Demetra, une nouvelle matière écologique non animale utilisée pour des sneakers.

Au dernier défilé Balenciaga était présentée une simili-peau issue de mycélium.

La fabrication du jean est réputée très polluante. Comment limitez-vous son impact sur l’environnement ? 

Notre Material Innovation Lab (MIL), créé en 2013 en Italie dans le but de proposer aux marques des échantillons de tissus durables, travaille ardemment sur la question du denim.

Il est toutefois important de préciser que, dans le luxe, les volumes sont moindres et que les produits sont faits pour durer.

Comment répondez-vous à l’exigence de transparence des consommateurs ?

De la même manière que le groupe rend des comptes sur ses performances financières, il publie ses objectifs et ses résultats en matière sociale et environnementale.

De leur côté, les marques engagent de plus en plus de conversations avec leurs clients. Les vendeurs, en particulier, sont formés afin de pouvoir mieux informer le public.

On ne peut pas tout inscrire sur une étiquette.

Les jeunes générations sont les premières concernée par ces enjeux. Allez-vous plus loin avec elles ? 

Oui, nous échangeons beaucoup avec les générations Millenials (26-41 ans, ndlr) et Z (12-25 ans, ndlr), qui s’adressent à nous en tant que clients mais également en tant que futurs employés.

Nous sommes, pour cette raison, très impliqués dans la formation des étudiants : Chaire Sustainability fondée avec l’Institut français de la mode, Mooc sur le développement durable créé avec le London College of Fashion, interventions régulières dans d’autres écoles de mode.

Notre but est de donner aux générations futures les outils pour adopter les bons réflexes pour leurs créations.

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