À 76 ans, la créatrice de mode anglaise Margaret Howell continue à développer et réinterpréter un style anglais unique.
Rencontre avec une inclassable.
Les classiques de Margaret Howell
Une chemise blanche bien coupée, un pantalon-tailleur aux plis impeccable, des derbies, un duffle coat ou bien un trench coat… Des silhouettes dont Margaret Howell a fait sa signature depuis le lancement dans les années 70.
Un travail de l’esthétique qui se passe des tendances mode et sait donc rester intemporel.
Marie Claire : D’où vient votre quête du beau vestiaire durable ?
Margaret Howell : Petite, ma garde-robe était cousue par ma mère et nos meubles, chinés.
Pour des raisons économiques mais aussi parce que, dans ma famille, on valorisait la qualité de la confection. Cette culture m’a suivie à l’adolescence.
Je réalisais mes vêtements à partir de patrons, souvent ceux du magazine français Jardin des Modes, que je préférais aux coupes anglaises. J’ai toujours nourri une fascination pour la France.
À 15 ans, j’ai économisé des mois pour m’offrir une chemise Cacharel !
J’apprécie la mode que l’on voit dans les pages des magazines mais mon approche est différente.
Où puisez-vous vos inspirations lorsque vous créez une nouvelle collection ?
Je suis une femme d’extérieur. J’aime les grands espaces déserts, je suis fascinée par les textures de la nature. Je vis toujours dans le quartier vert de Blackheath, près de Londres.
Le vestiaire fonctionnel, pensé pour le grand air, a nourri mon esthétique. Je m’ins- pire aussi du passé, des vêtements de mes parents et grands-parents.
Je me souviens encore de la découverte d’une chemise ancienne à fines rayures qui m’a donné envie de me lancer dans les années 70.
Je cherche à twister cette inspiration nostalgique pour l’actualiser.
Comment choisissez-vous vos collaborations avec d’autres maisons ?
Pour l’été prochain, nous avons travaillé une nouvelle fois avec Fred Perry.
C’est un honneur de s’associer avec cette marque créée par un joueur de tennis que, petite fille, je regardais sur le terrain à Wimbledon depuis mon poste de télévision.
Cet hiver, nous avons lancé une nouvelle collection avec Mizuno.
Les pièces sportswear en nylon léger Bergtech développé par la marque japonaise contrastent avec les tissus texturés naturels utilisés dans nos collections.
À 15 ans, j’ai économisé des mois pour m’offrir une chemise Cacharel !
Comment vous situez-vous par rapport à la scène créative anglaise ?
Je suis toujours interloquée que l’on me considère créatrice de mode ! Je me perçois plus comme une conceptrice de vêtements.
J’apprécie la mode que l’on voit dans les pages des magazines mais mon approche est différente. Je cherche à dessiner des vêtements pour la vie quotidienne en choisissant la matière et la coupe les plus adaptées à leur fonction.
Je me sens plus proche de la démarche d’un designer comme Dieter Rams, père du design industriel qui a créé un système d’étagères pour Vitsœ aussi versatile que minimaliste, encore plébiscité aujourd’hui.
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