Concurrencée par les brassières, les bralettes et autres soutifs triangles, le soutien-gorge à armatures semble perdre du terrain en matière de soutien de nos précieux seins. Simple effet de mode ou symptôme d’un nouveau rapport féminin au sous-vêtement ? Spoiler : c’est un peu des deux.
Ce n’est pas un scoop : rien de plus difficile que de trouver un soutien-gorge qui nous va slash qui nous plait, a fortiori quand Mère Nature a décidé de nous doter d’une paire de seins dépassant les standards bonnets A, B, C, ou encore, soyons fous, D. Car en dehors des complications inhérentes à toutes fortes poitrines, la mode a décidé également de s’en mêler en occultant des tendances les soutiens-gorges à armatures, eux qui sont pourtant de puissants alliés en matière d’action anti-gravité.
Un simple aperçu aux lookbooks des labels de lingerie dans le vent suffit à le confirmer : triangles délicats, bandeaux pudiques et audacieuses bralettes sont sur tous les tétons, reléguant la corbeille au rang de lingerie obsolète. Même des corsetiers de renom s’y mettent, à l’image de Chantelle qui cette saison présente une collection de brassières et de dessous stretch sans coutures, ni armatures, faisant du confort le meilleur ami du soutien.
Un accessoire dans l’air du temps
“De nombreuses marques se sont lancées dans la lingerie en proposant des triangles destinés plutôt à des petits bonnets, plus facile à habiller, même avec peu d’expertise en matière de corseterie.” explique Christelle Galdemar, responsable des collections corseterie chez Chantelle et Passionata. En effet, comme le souligne également Cora Harrington, fondatrice du site The Lingerie Addict, sur le site StyleCaster, les dessous comme la bralette ou le triangle sont relativement faciles à produire puisqu’ils ne nécessitent ni techniques, ni machinerie spécifiques, peuvent se décliner aisément en seulement trois tailles (S, M, L) et donc devenir une pièce attractive pour tout jeune designer qui souhaite se lancer à moindre frais dans le secteur de la lingerie.
À l’inverse, les soutiens-gorges avec armatures requièrent un savoir-faire en corseterie particulier, des machines à coudre onéreuses, des composites multiples (environ une quarantaine), des tailles multiples et des temps de production rallongés, le tout laissant peu de place aux marges et aux bénéfices tant exigés par les investisseurs de ces dites jeunes marques. Par ailleurs, le soutien-gorge, comme toute pièce de la garde-robe, a connu différentes évolutions liées à l’action cumulée des tendances, des besoins des femmes mais aussi de l’évolution de la technologie en matière de corseterie.
“Dans les années 50 les soutiens-gorges étaient en tissus non-stretch et donnaient un effet poitrine dit “en obus”. Puis, l’apparition de la fibre élastique a changé le confort du produit. Les dentelles s’adaptaient mieux au corps de la femme et les poitrines se sont faites plus rondes” explique l’experte en lingerie, rappelant l’âge d’or des fortes poitrines et leur idéalisation. “Après être passé par des effets de décolleté très audacieux dans les années 90, on est plutôt aujourd’hui dans une recherche de naturel pour la poitrine : ne pas altérer son effet naturel, juste la galber et l’accepter telle qu’elle est.” poursuit-elle.
Body acceptance et tendance(s)
Règne du body-positive oblige, l’heure est en effet au soutien-gorge qui nous libère des diktats morphologiques et qui nous incite à porter ce qui nous plaît, dessus comme dessous. Une ode sociétale à l’émancipation du téton que soutiennent des jeunes labels comme Les Petits Saints, une micro-marque de lingerie qui conçoit et fabrique en France des bandeaux pensés pour les petites poitrines, trop longtemps cantonnés au rang de mal-aimés. “On pense le bandeau comme un rebelle de la mode, un affranchi du bonnet, qui préfère sa casquette d’accessoire multi-fonction que celle de cage à tétons”, clame la marque angevine sur son compte Instagram.
Avec la volonté d’affirmer son corps, se couple en effet une réinvention du soutien-gorge comme une pièce à part entière du vestiaire féminin, que l’on émancipe de sa vocation initiale – déjouer les affres de la gravité – pour l’afficher au gré de nos envies, comme n’importe quel accessoire modeux.
“Aujourd’hui, une brassière se porte comme un top, un triangle se laisse apparaitre sous un haut (…) les effets sont multiples et les occasions de le porter également. La femme a juste trouvé cette liberté !” analyse Christelle Galdemar. Enfin, quant à celles qui ne peuvent pas physiologiquement se séparer du précieux soutien des armatures, notre intervenante se veut rassurante : « Lorsque l’on a un bonnet plus généreux, il vaut mieux s’adresser à des marques qui ont un vrai savoir-faire. Elles sont sans doutes moins visibles, mais le soutien-gorge à armatures existent toujours ! » Point d’extinction donc, il suffit juste de bien le chercher.
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