Il était une fois le look désinspirant de Donald Trump

Il est arrivé aux 70 ans de l’Otan avec son éternelle cravate rouge, son teint orange et sa moumoute dorée. Y-a-t’il un «bon» styliste pour sauver le 45e président des États-Unis ?

Il a un souci de cravate

On l’a déjà dit, l’argent ne fait pas le bonheur, encore moins le style. «The Donald», comme l’appellent les Américains, a beau être un magnat de l’immobilier milliardaire, il n’a pas pour autant daigné s’offrir un styliste (ou : le styliste en question est un démocrate en planque). Oui, ses cravates sont trop longues, au point d’avoir des allures de cache-sexe. Elles volent la plupart du temps bien en dessous de la ceinture, signe, parmi d’autres, d’une mise négligée. Ajoutons à cela qu’elles sont parfois rose dragée satinées. Lui se défendra qu’il veut ressembler à l’Américain moyen, pour rassurer ses voix. Nous dirons poliment qu’il veut cacher son abdomen. C’est vrai, Donald n’est une victime de rien. Même pas de la mode.

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L’avis de l’expert, Jamil Daklhia* : «Tout cela est très cohérent avec l’image qu’il veut renvoyer. En gros : Donald Trump, c’est quelqu’un de cash, qui ne s’embarrasse pas avec les codes de la bienséance. Être dans la provocation permanente, c’est attirer plus de regards, et par extension susciter plus de commentaires. Force est de constater qu’avec ses fashion faux pas, il occupe très bien l’espace médiatique.»

Le look de Donald Trump

Ne croyez pas que tout est rose dans la vie d’un magnat de l’immobilier milliardaire : Donal Trump a aussi des matins difficiles. (9 juin 2008.)

Elle est aussi sa marque de fabrique. Pour la dompter chaque matin, il utiliserait une quantité confidentielle de spray CHI Helmet Head Extra Firm (à 11,99 dollars la bouteille), et ce depuis le milieu des années 1980. Donald Trump aime sa moumoute. Il l’a même désirée, pionnier des implants capillaires qu’il a été dans les eighties. L’abandonner à la fashion police ? Pour rien au monde. Si sa coiffure duveteuse peut paraître insoutenable à l’œil nu, donnant matière à pouffer à ses détracteurs, elle a aussi grandement œuvré à la surmédiatisation de son propriétaire. C’est elle, par exemple, qui a inspiré la coiffure de Biff Tannen, l’odieux personnage de Retour vers le futur (c’est vrai). C’est encore elle qui a insufflé le hashtag #trumpyourcat, nouveau dada des Instagrammeurs (qui maltraitent ainsi quotidiennement leurs chatons). «Désinspirante», faudrait-il donc dire.

L’avis de Jamil Daklhia : «Sa coupe de cheveux a fait de lui un personnage immédiatement reconnaissable et médiatiquement incontournable. Même les médias les plus sérieux font des enquêtes sur sa moumoute, et les parodies qui tournent sur le Web le rendent encore plus présent. Pendant la campagne, on lui a souvent reproché de ne pas avoir une allure présidentielle. Mais être Donald Trump, c’est aussi clamer son authenticité. C’est clamer « c’est à prendre ou à laisser ».»

En vidéo, le style déroutant de Donald Trump

Son langage corporel est violent

La mode du jaune poussin des eighties n’a épargné personne. Sauf que l’on est ici en 2007. (10 juillet 2007.)

Outre ses dérives capillaires, son teint orange et ses pantalons trop grands, Donald Trump a un comportement gênant. Quand il ne prend pas son air méprisant (haussant très volontiers le sourcil gauche quand quelqu’un ne lui revient pas), il aime mimer le port de l’arme et montre exagérément ses dents trop blanches en plissant les yeux. C’est à peine si on ose évoquer ses sourcils broussailleux et ses lèvres fines, qui, quand ils se meuvent en même temps dans un accès d’enthousiasme, peuvent être effrayants. Bref, Donald Trump bouge comme il pense, et s’habille comme il parle. Eh oui, c’est déroutant.

L’avis de Jamil Daklhia : «On est clairement dans la posture du mâle alpha, ou mâle dominant. Trump se présente comme un coq qui en impose physiquement et veut montrer son pouvoir. Il est le patron arrogant et fier de l’être qu’il incarnait dans l’émission de télé-réalité «The Apprentice» et via laquelle il est devenu populaire parce qu’il criait «You’re fired!» (vous êtes viré, en français). Il assume le cliché de l’Américain qui a réussi et qui peut s’offrir ce qu’il veut même s’il est gras, mal coiffé et mal habillé. « Je jouis de mon pouvoir et je vous emm…. », voilà ce qui transpire de toute sa corporalité. »

*Sociologue des médias, président de l’université Sorbonne Nouvelle Paris 3, auteur de Politique People (éd. Bréal, 2015).

Cet article initialement publié en novembre 2016 a été mis à jour.

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