Alors que la Fashion Week bat son plein, l’industrie de la mode est de nouveau balayée par des accusations d’agressions sexuelles.
En cause, Gérald Marie, ancien patron de l’agence iconique Elite Model en Europe et actuel président de l’agence Oui Management, mis en accusation pour des violences qu’il aurait commises dans les années 80 et années 90.
Un agent de mannequin accusé par quatre femmes
« Viol et agression sexuelle ainsi que viol et agression sexuelle sur mineur ». C’est ce qualificatif qu’a utilisé le parquet de Paris lors de son annonce d’ouverture d’enquête par la Brigade de protection des mineurs à l’encontre de Gérald Marie. Si les faits pourraient être prescrits, il n’empêche qu’elles sont aujourd’hui quatre femmes à vouloir mettre devant les tribunaux l’un des agents de mannequins les plus influents de l’industrie de la mode.
Son nom n’évoque pas grand chose au grand public, et pourtant, Gérald Marie a été le patron historique Europe de l’agence Elite, aujourd’hui encore l’une des agences de mannequins les plus côtés à l’international. Créée en 1971 par John Casablancas et Alain Kittler, c’est de cette agence que viennent les Supermodels des années 90 notamment Naomi Campbell, Claudia Schiffer, Cindy Crawford, mais aussi Linda Evangelista, qui a d’ailleurs été mariée à l’homme d’affaire de 1987 à 1993.
C’est lui aussi qui fera du concours Elite Model Look un incontournable vivier pour trouver les nouveaux visages de la mode aux quatre coins du monde. En 2012, l’homme quitte l’agence Élite et créé Oui Management, une agence qui indique sur son site assurer le management de mannequins d’envergure telle qu’Arizona Muse ou Debra Shaw.
On est des hommes, on a nos besoins.
Vendredi 25 septembre 2020, 20 minutes a révélé les accusations qui pèsent contre cet homme dont une agression sexuelle et trois signalement pour viol. Il y a Jill Dodd, mannequin américain, qui l’accuse de l’avoir violée alors qu’elle était hébergée chez lui, au début des années 80 et Carré Otis-Sutton qui affirme avoir été violée par l’agent alors qu’elle avait 17 ans. Ebba Karlsson, mannequin suédoise, l’accuse quant à elle de viol alors qu’elle passait un casting.
Pour conclure, une plainte émane de Lisa Brinkworth, ex-journaliste de la BBC, qui affirme avoir été agressée sexuellement dans la nuit du 5 au 6 octobre 1998, alors qu’elle se faisait passer pour un mannequin pour son enquête autour des « comportements sexuels inappropriés de certains agents de mannequins ». Un reportage coup de poing qui déjà à l’époque de sa diffusion avait forcé deux dirigeants de chez Elite, dont Gérald Marie à se retirer. Quelques temps après, ils étaient tous les deux retourné à leur poste, en portant plainte pour diffamation auprès du média anglais.
Invité dans le Tout le monde en parle de Thierry Ardisson, Gérald Marie avait qualifié les faits d’une « non-affaire » avant de retomber, dans l’oublie médiatique.
Quand #MeToo laisse un goût amer
« On est des hommes, on a nos besoins », c’est ce que Marie Anderson, Vice-présidente d’Elite Chicago dans les années 1980, affirme avoir entendu Gérald Marie dire lors d’une dispute entre lui, John Casablancas, Lisa Herzog et Trudi Tapscott, à Ibiza. Selon elle, la conduite des deux dirigeants de l’agence Elite créait déjà des polémiques en interne à savoir au sein de l’agence Europe, mais aussi à l’international. À 20 minutes, elle raconte apparemment avoir mis en garde plusieurs jeunes mannequins envoyés à Paris.
Le cas de l’agent n’est pas sans rappeler celui de Jean-Luc Brunel, autre agent de mannequins mis en accusation dans des affaires de viol et agressions sexuelles sur mineures après les révélations causée par l’affaire Epstein. Il y a aussi John Casablancas, aujourd’hui décédé, mais dont la réputation que certains auraient simplement qualifié de « sulfureuse » à une époque laisse planer le doutes quant à ses agissements.
Pouvez-vous définir adolescentes ?
Sans oublier ceux de Claude Haddad, décédé d’un cancer du poumon en 2009, célèbre pour avoir découvert le mannequin Jerry Hall, lui aussi mit en accusation dès 1988, dans le reportage American Girls in Paris de l’émission 60 Minutes. Quand Diane Sawyer lui demande le nombre d’adolescentes avec qui il a eu des relations sexuelles, l’homme répond alors : « Pouvez-vous définir adolescentes ? 16 ans, presque jamais ».
Toutes ces affaires concernent principalement des filles mineures, livrées à elles-mêmes, face à des hommes de pouvoir. « De nombreuses filles avaient peur des représailles sur leur carrière. Au début des années 1980, on n’avait souvent pas de papiers officiels pour travailler. On était là avec un visa de touriste, on passait trois mois en France, puis trois mois en Italie ou en Allemagne. Vous vous imaginez à 17 ou 18 ans, dans un pays étranger, pour beaucoup sans parler la langue, aller au commissariat et porter plainte en situation irrégulière ?« , expliquait le mannequin Lisa Kauffmann, à 20 minutes en janvier dernier.
2017. C’est la date à laquelle le mouvement Me Too est relancé, des suites de l’Affaire Weinstein. C’est ce mouvement qui a permis de libérer, de manières publiques, la parole des femmes sur les violences à caractère sexuel que les femmes peuvent subir sur leur lieu de travail. Mais qu’en est-il de l’industrie de la mode : Me Too l’a-t-il changée ? Si la question se pose toujours, c’est que la réponse est loin d’être évidente.
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