La ville fête les 150 ans de sa résistance héroïque face aux Prussiens, symbolisée par le grand fauve sculpté par Bartholdi.
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Belfort, une citadelle inexpugnable
La guerre franco-prussienne déclarée en juillet 1870 conduit vite à la défaite de Napoléon III. Le 4 septembre, se met en place un gouvernement républicain qui veut repousser l’invasion. A Belfort, le colonel Denfert-Rochereau renforce les fortifications de la citadelle de Vauban. Avec 17.700 hommes, il résiste aux assauts de 40.000 Prussiens durant 103 jours. Ce fait d’armes permet au territoire de Belfort de rester français alors que l’Alsace est annexée par le Reich. La ville décide alors d’ériger un monument en hommage aux 5.000 victimes du siège.
Bartholdi, un artiste engagé
Né à Colmar, le sculpteur Frédéric-Auguste Bartholdi a pris part au conflit. Son œuvre est marquée par l’annexion de sa région d’origine. Par patriotisme, il accepte de réaliser gracieusement l’œuvre dédiée aux défenseurs de Belfort – sous réserve d’avancer sur sa Statue de la Liberté. L’idée du lion lui vient d’un voyage en Egypte où il a été fasciné par les édifices pharaoniques et notamment par les sphinx. Il change l’emplacement du monument. Au lieu du pré Gaspard où sont enterrés les soldats, le lion se trouvera au pied de la citadelle, gardant ainsi la cité comme le Sphinx de Gizeh veillant sur les pyramides.
Le symbole de la résistance
Bartholdi sculpte une première maquette en plâtre représentant un lion féroce qui lève une patte et tourne la tête vers l’Allemagne. Trop agressif. La ville lui demande de revoir sa copie pour éviter tout incident diplomatique. Au final, le fauve regarde l’Ouest et sa patte écrase une flèche brisée qui symbolise l’agression prussienne contenue par les Belfortains. Initié en 1872, le projet met huit ans à grandir. Les blocs en grès rouge des Vosges, plus clair que le grès de la citadelle, sont travaillés individuellement puis assemblés un à un de 1877 à 1879. Après un an de finition aux ciseaux, l’œuvre est achevée en août 1880.
Le fauve fait des petits
Les Parisiens apprécient le modèle au tiers réalisé pour l’Exposition universelle de 1878. La capitale en commande une réplique en cuivre pour la place Denfert-Rochereau. Une autre se trouve à Montréal. Quant aux Belfortains, ils ont reproduit le Lion à l’envi, lui donnant plus de 150 petits. Cachés ici et là, ils font l’objet d’une chasse aux lions pour un parcours touristique. Tous les dix ans, l’original se refait une beauté. Le dernier nettoyage date de 2019. Par hydro-gommage, on enlève la mousse qui noircit la pierre. Et à chaque fois, les habitants retrouvent le grès rose et le lustre du gardien de leur vaillante cité.
Dates clés
- 5 décembre 1871 : la ville décide d’élever un monument à la mémoire des victimes du siège de Belfort.
- 1872-1880 : de la genèse à la finition aux ciseaux, la sculpture s’élève au pied de la citadelle.
- 4 octobre 1904 : mort de Bartholdi. Son autre monument, Les Trois sièges de Belfort, s’érige place de la république depuis 1913.
- 20 avril 1931 : classement du Lion de Belfort parmi les monuments historiques de la France.
Paroles d’expert
Jérôme Marche, responsable culturel des Musées et Citadelle de Belfort
Pourquoi Bartholdi a-t-il choisi un lion ?
Inspiré par l’Egypte, il voulait une œuvre monumentale, vecteur de sens et qui s’identifie à la ville. D’où l’installation du lion au pied de la citadelle, visible de loin. Symbole de force, vaillance et constance, il devient le gardien protecteur de Belfort.
Pourtant, la France a perdu la guerre de 1870-1871…
Le lion commémore la résistance héroïque des Belfortains. Il incarne « l’honneur dans la défaite » qui est aussi le motif du monument des Trois sièges, autre œuvre de Bartholdi en hommage à trois défenseurs de Belfort. Le sculpteur ne voulait pas que le lion soit celui de la revanche sur l’Allemagne, comme cela sera récupéré par les nationalistes Déroulède ou Boulanger.
Sa portée va au-delà de la Franche-Comté ?
Oui, car parmi les 17.700 soldats, 13.000 venaient d’Alsace, de Bourgogne et de Lyon. Ces anciens combattants, en pèlerinage à Belfort, ont fortement contribué à sa notoriété et à l’attractivité touristique naissante de la Cité du lion.
musees.belfort.fr
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Article paru dans le numéro Femme Actuelle Jeux Histoire n°17 janvier-février 2021
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