Les visiteurs vont cette fois encore en prendre plein les yeux. Le château de Beaugency, devenu Centre d’art numérique en 2021, rouvre ses portes pour une deuxième saison et une nouvelle rencontre entre patrimoine et création contemporaine.
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À compter du 9 avril, les murs millénaires du château de Beaugency vivront leur deuxième saison à l’heure numérique. Et les visiteurs vont à nouveau voyager entre patrimoine et art contemporain grâce aux œuvres imaginées au cœur de cet édifice marqué par l’histoire et les métamorphoses.
Un autre regard sur le patrimoine
Résidence seigneuriale jusqu’à la Révolution, devenu dépôt de mendicité au XIXe siècle, puis musée des Arts et Traditions de l’Orléanais, le château, passé du domaine public au privé à partir de 2012, a en effet connu un destin inédit à l’été 2021 en étant transformé, après une année de travaux, en Centre d’art numérique. Un royaume de la lumière, du pixel et du son en quelque sorte, que l’on doit à l’architecte Anne-Sophie Acomat et au plasticien Jérémie Bellot, ses nouveaux propriétaires.
« Notre installation au château de Beaugency découle d’un double souhait, explique Anne-Sophie Acomat. Nous implanter dans le Val de Loire, et trouver un lieu où développer nos activités, créer et présenter des œuvres numériques« . Artiste plasticien, Jérémie Bellot est renommé pour ses installations architecturales, visuelles, lumineuses et sonores. Avec les membres d’AV Exciters, le collectif qu’il a fondé, il met les arts technologiques au service d' »une expérience immersive » de l’architecture. Vidéo-mapping sur la cathédrale et autres monuments de Strasbourg, parcours « Pierres numériques » dans le cadre du festival Constellations de Metz, installations lumineuses en Europe comme au Canada, ses interventions invitent à poser un autre regard sur le patrimoine.
Un esprit Renaissance
C’est dans un monument chargé de la mémoire du Val de Loire qu’Anne-Sophie Acomat et Jérémie Bellot ont choisi d’implanter leur projet inédit. Situé en plein cœur de Beaugency, le château, qui protégeait la cité et dominait le fleuve à l’époque médiévale, est devenu après la guerre de Cent ans le fief de Jean Dunois, compagnon d’armes de Jeanne d’Arc. Celui-ci fit construire l’actuel logis seigneurial puis ses descendants poursuivirent des aménagements – l’édification d’une aile Ouest notamment –, qui lui donnent aujourd’hui son caractère Renaissance. Constitué du logis classé au titre des Monuments historiques et de plusieurs dépendances (inscrites) ordonnés autour d’une grande cour, le château a conservé de nombreux éléments remarquables : belle charpente du XVe siècle, plafonds à la française, fenêtres à croisées, cheminées aux motifs floraux ou animaliers, tomettes, escalier à vis, fresque du début du XVIe siècle, ancienne chapelle…
Un mariage heureux entre patrimoine et technologie
Un cadre qui contre toute attente s’est révélé aux yeux de ses nouveaux propriétaires parfait pour un mariage réussi entre architecture existante, œuvres et technologie. « C’est un lieu qui a une histoire et un fort caractère patrimonial, mais dont les salles peuvent se prêter à une confrontation entre l’ancien et le moderne », souligne Anne-Sophie Acomat.
À l’été 2021, le nouveau Centre d’Art numérique a donc proposé sa première « déambulation », embarquant ses visiteurs sur le thème « Arts, Sciences et Patrimoine. Six mois ont été nécessaires pour imaginer le parcours qui se déploie sur 1.500 mètres carrés dans la partie classée de l’édifice. Oeuvre éphémère ou installation permanente, chacune des 17 salles accueille ainsi une œuvre conçue in situ. Le public a pu, par exemple, rêver face à un Nuage de Points, cube holographique composé de cinq mille étoiles lumineuses, ou s’évader dans une Étrange forêt, installation onirique au cœur d’une forêt de bambous reconstituée, où brillent comme des lucioles de petits bulbes lumineux.
Expériences immersives
Cette saison, le visiteur retrouvera certaines des œuvres révélées au cours de cette année de « rodage », auxquelles s’ajouteront de nouvelles créations. C’est une installation immersive autour du travail de Vincent Van Gogh qui devrait enchanter les imaginations dans une grande salle du rez-de-chaussée. Cartographie imaginaire, évocation des aurores boréales, clip vidéo énigmatique, les images et installations insolites et captivantes d’artistes invités complètent la palette des possibilités offertes par les arts numériques.
Des projections nocturnes, à l’instar du Grand Souffle à la période de Noël, mettront à nouveau en lumière la grande cour. Et comme le château a désormais tout d’une ruche créative, d’autres initiatives sont menées à bien. Il accueille en résidences les artistes qui viennent y « dormir, créer et projeter ». Et les scolaires devraient avoir accès à un musée numérique, qui s’appuie sur un projet conçu par La Villette offrant le libre accès à des œuvres digitalisées. Enfin, outre un salon de thé et une boutique, ses propriétaires vont aussi y proposer des chambres d’hôtes. Pour que l’immersion soit complète.
Centre d’art numérique, 2, place Dunois, 45190 Beaugency. Tél. : 02 34 59 74 73.
chateau-beaugency.com Ouverture tous les jours sauf le lundi durant les vacances scolaires de 11h à 18h. Hors vacances scolaires, de Pâques à la Toussaint : ouverture les samedis et dimanches de 14h à 18h.
Effet numérique à Chaumont-sur-Loire
Les arts numériques descendent la Loire et s’installent aussi au Domaine de Chaumont-sur-Loire, un peu en aval de Beaugency. Le Centre d’Arts et de Nature, renommé à la fois pour son patrimoine, son Festival international des jardins et sa Saison d’art contemporain, inaugure un espace de 200 mètres carrés dédié à ces nouvelles disciplines. Installée dans l’un des étages rénovés de l’aile Est du château, cette galerie accueille pour cette première une installation monumentale de l’artiste italien Davide Quayola, passé maître dans l’alliance des nouvelles technologies et de la représentation de la nature.
Grâce à quatre écrans haute définition, ses Effets du soir auront la forme d’un polyptique mouvant, qui plongera les visiteurs dans un univers évocateur des Nymphéas de Claude Monet. Spécialement conçue pour le lieu et sonorisée, cette création nouvelle sera l’un des points forts d’une programmation 2022 qui invite une quinzaine de plasticiens – dont la Française Fabienne Verdier, l’Espagnol Miquel Barceló ou l’Allemande Christiane Löhr – à imaginer en bord de Loire une œuvre sur le thème de la nature.
Domaine régional de Chaumont-sur-Loire (41). Tél. : 02 54 20 99 22. domaine-chaumont.fr
Une cité qui vaut le détour
Beaugency est estampillée comme étant l’un des « 100 plus beaux détours en France ». Autrement dit, elle fait partie d’un réseau de jolies petites villes (entre 2.000 et 20.000 habitants) remarquables par leur patrimoine tant architectural qu’immatériel, leur animation, leur identité artisanale et gastronomique.
Son centre historique préservé avec ses ruelles où il fait bon flâner, ses nombreux monuments (château mais aussi tour César, vestige de l’architecture militaire romane, abbatiale Notre-Dame et église Saint-Étienne, toutes deux du XIe siècle, Hôtel de ville Renaissance, pont au 23 arches enjambant la Loire …), ses terrasses et ses adresses gourmandes en font l’une des cités fleurons de ce Val de Loire inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco. Côté nature, on profite des paysages des bords du fleuve et notamment du site naturel des rives de Beaugency, classé Natura 2000, où découvrir la biodiversité ligérienne.
tourisme-terresduvaldeloire.fr, plusbeauxdetours.com
Ces « Détours » font également l’objet d’un guide édité par Michelin et disponible dans les offices de tourisme.
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