Le groupe sanguin peut avoir un lien avec le risque d’être victime d’un accident vasculaire cérébral précoce, c’est-à-dire à moins de 60 ans. C’est ce qui ressort d’une méta-analyse menée par des chercheurs en médecine à l’Université du Maryland, publiée le 31 août 2022 dans la revue Neurology.
« Le nombre de personnes victimes d’un AVC précoce augmente. Ces personnes sont plus susceptibles de mourir d’un événement potentiellement mortel, et les survivants sont potentiellement confrontés à des décennies d’invalidité. Malgré cela, il existe peu de recherches sur les causes des AVC précoces », a déclaré Steven J. Kittner, professeur de neurologie à l’UMSOM et neurologue au centre médical de l’Université du Maryland, co-chercheur principal de l’étude.
Par ailleurs, si l’on sait que l’AVC est la première cause de mortalité chez la femme, comme le rappelle le site Ameli, les données chiffrées sur le nombre d’AVC précoce chaque année restent floues. En France, on compte en moyenne 150 000 AVC par an (source : Ministère de la Santé), et 1 sur 4 surviendrait chez des personnes de moins de 60 ans.
Les personnes du groupe O sont moins susceptibles de faire un AVC précoce
Pour pallier ce manque de recherches, Steven J. Kittner et son équipe ont compilé les données de 48 études sur la génétique et l’AVC ischémique qui concernaient en tout 17 000 patients victimes d’AVC et près de 600 000 témoins “sains”.
En étudiant les chromosomes collectés afin de déceler des spécificités génétiques qui pourraient être en lien avec les AVC, les chercheurs ont découvert que le groupe sanguin pouvait avoir une incidence.
“L’étude a révélé que les personnes ayant subi un AVC précoce étaient plus susceptibles d’avoir le groupe sanguin A et moins susceptibles d’avoir le groupe sanguin O (le groupe sanguin le plus courant, ndlr) – par rapport aux personnes ayant subi un AVC tardif et aux personnes n’ayant jamais eu d’AVC. Les AVC précoces et tardifs étaient également plus susceptibles d’avoir le groupe sanguin B que les témoins”, écrivent les chercheurs.
Après avoir effectué plusieurs ajustements (sexe des personnes étudiées, facteurs extérieurs, etc), les chercheurs ont établi que “les personnes de groupe sanguin A avaient un risque 16% plus élevé d’avoir un AVC précoce que les personnes d’autres groupes sanguins. Ceux qui avaient le groupe sanguin O avaient 12% moins de risque d’avoir un accident vasculaire cérébral que les personnes d’autres groupes sanguins”.
Pas de raisons de faire des dépistages supplémentaires pour autant
Toutefois les scientifiques restent pondérés et expliquent qu’à date, il n’y a pas de raison pour que les personnes ayant le groupe sanguin A s’inquiètent ou entreprennent des examens de dépistages supplémentaires.
« Nous ne savons toujours pas pourquoi le groupe sanguin A conférerait un risque plus élevé, mais cela a probablement quelque chose à voir avec des facteurs de coagulation du sang comme les plaquettes et les cellules qui tapissent les vaisseaux sanguins ainsi que d’autres protéines circulantes, qui jouent toutes un rôle dans le développement des caillots sanguins”, a déclaré le Dr Kittner. Des études antérieures suggéraient par ailleurs que les personnes du groupe A avaient un risque plus élevé de faire une thrombose veineuse profonde, due au développement d’un caillot dans les jambes. C’est le cas d’une étude publiée en 2014 dans la revue World Journal of Cardiology.
Par ailleurs, les chercheurs notent également que leur méta-analyse comporte des limites, notamment du fait du manque de diversité du panel étudié. “Les données proviennent du Early Onset Stroke Consortium, une collaboration de 48 études différentes en Amérique du Nord, en Europe, au Japon, au Pakistan et en Australie. Seuls 35% des participants étaient d’ascendance non européenne”.
Le groupe sanguin n’a que peu d’incidence sur les AVC tardif
Enfin, autre donnée qui ressort de ces recherches : les liens d’incidence trouvés pour les AVC précoce (avant 60 ans) ne se retrouvent pas dans les études pour les AVC plus tardifs. « L’association du groupe sanguin avec un AVC tardif était beaucoup plus faible que ce que nous avons trouvé avec un AVC précoce », a ainsi déclaré l’autre co-chercheur principal Braxton D. Mitchell, professeur de médecine à l’UMSOM.
Malgré les limites évoquées et les zones de flou, cette étude est un nouveau pas intéressant pour la médecine et la science pour mieux prévenir des AVC précoces chez les adultes de moins de 60 ans. De nouvelles recherches devraient venir compléter ces données dans les années à venir.
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