Le XVIIIe a vu la ville se transformer. Retour trois cents ans en arrière.
La cité bretonne renaît de ses cendres
Siège du parlement de Bretagne depuis 1561, Rennes présente encore, au début du XVIIIe, un visage médiéval. Dans le cœur de la cité par exemple, les maisons à pans de bois se serrent autour de ruelles sinueuses. Un décor charmant, mais dangereux. Le 23 décembre 1720, un incendie se déclenche : le brasier, interrompu seulement par la pluie, dure six jours. Neuf cents habitations partent en fumée, les deux tiers de la ville haute. Pour la reconstruire, l’ingénieur Isaac Robelin, puis l’architecte Jacques Gabriel dessinent des avenues perpendiculaires et imposent des bâtiments aux rez-de-chaussée de granit, étage en tuffeau et toiture en ardoise. Une révolution urbanistique !
La Motte-Picquet, l’enfant du pays
Toussaint Guillaume, comte Picquet de La Motte, est né en 1720 à Rennes, dans un hôtel particulier près de la cathédrale. Fils d’un conseiller au Parlement, il s’engage à 15 ans dans la marine, où il se distingue par son courage et ses qualités de meneur. Ce lieutenant général des armées navales meurt en 1791, à Brest, port d’attache de la frégate baptisée en son honneur et parrainée par la ville de Rennes depuis 1989. Pour fêter les 25 ans de cet événement, une plaque a été posée dans la rue qui porte son nom.
Le site incontournable, la cathédrale Saint-Pierre
Plusieurs fois centenaire, et des airs de jeune fille. C’est l’exploit de la cathédrale, tout juste sortie de cinq années de restauration. Elle n’était plus à un chantier près ! En 1720, elle échappe à l’incendie, mais se révèle si fragile qu’elle est exclue de la rénovation urbaine. Le 11 février 1754, une pierre se détache durant l’office, obligeant à fermer le lieu. Après expertise, en 1756, on décide de détruire tout le bâtiment, façade classique exceptée. Sa reconstruction, menée par l’architecte nantais Mathurin Crucy commence en 1787, mais est interrompue par la Révolution. Finalement inaugurée en 1844, elle affiche un style néoclassique fidèle aux plans du XVIIIe siècle.
Comme jadis… dans la ville de pierre
Les flammes laissent le champ libre à des édifices civils et des places royales. L’hôtel de ville, deux ailes reliées par un beffroi, a ainsi été construit de 1734 à 1743 sur les plans de Jacques Gabriel. C’est encore à lui que l’on doit la place du Parlement toute proche qui met en valeur l’institution du même nom, épargnée par le feu. Louis de La Bourdonnaye de Blossac, son président, a, lui, profité du sinistre pour racheter et transformer un hôtel particulier qui porte encore son nom au 6, rue du Chapitre. Le lieu, actuel siège de la Drac, avait l’avantage de n’être qu’à quelques pas de son prestigieux bureau !
Au pied de lhorloge de l’hôtel de ville, une niche reste vide. Elle accueillait une statue inaugurée en 1911 et représentant Anne de Bretagne agenouillée devant le roi de France. Une offense aux yeux de régionalistes bretons qui la détruisent le 7 août 1932, anniversaire des 400 ans de l’union de la France et de la Bretagne.
A la recherche des monuments cachés
Les abords du square de La Motte et du jardin Saint-Georges abritent deux hôtels particuliers du XVIIIe siècle au passé agité. Celui de Cuillé (photo), au 2, contour de La Motte, a connu les prémices de la Révolution. Chassés du Parlement pour s’être opposé au roi, les conseillers s’y sont réfugiés en 1788 sur invitation du propriétaire, monsieur de Farcy. Au 10-12, rue de Corbin, l’hôtel de Châteaugiron, ou de Boisgeffroi, a hébergé Elisa Napoleone Baciocchi, nièce de Napoléon Ier, connue pour son extravagance. Il appartient à l’armée depuis 1869.
Article paru dans le numéro Femme Actuelle Jeux Voyages n°15 décembre-janvier 2016
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