Violences éducatives ordinaires : une nouvelle campagne pour privilégier le dialogue

Fessées, cris, humiliations… Les violences éducatives ordinaires sont interdites par la loi depuis 2019. L’association Stop VEO et la Fondation pour l’enfance lancent un nouveau spot vidéo pour sensibiliser les parents à une éducation sans violence.

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VEO : qu'est-ce que c'est ?

Les violences éducatives ordinaires (VEO) concernent toutes les violences subies par les enfants, qu'elles soient physiques ou morales. Généralement, les parents reproduisent ce qu'ils ont vécu étant eux-mêmes enfants, et pensent alors donner "une bonne éducation" à leurs chérubins. "Les VEO sont utilisées par les parents ou les professionnels de l'enfance afin de leur permettre de se faire obéir par l'enfant ou de le punir d'un comportement indésirable pour l'adulte. Il existe les violences physiques : fesser, gifler, mettre des "petites" tapes sur les mains, secouer, tirer les oreilles, pousser, priver de nourriture… Il existe également les violences verbales et psychologiques : crier, insulter, punir, se moquer, humilier, faire du chantage, menacer, priver d'affection, menacer d'abandonner l'enfant, etc", précise l'association Stop VEO Enfance sans violences.

Une nouvelle campagne de sensibilisation contre les violences éducatives

Les violences éducatives ordinaires sont interdites par la loi depuis 2019. Elle précise que toute éducation doit se faire "sans violences physiques, psychologiques ou verbales", excluant ainsi les fessées, les claques mais aussi les humiliations, les menaces et chantages affectifs envers les enfants. Dès le 2 novembre et pendant deux mois, un spot télé sera diffusé pour sensibiliser les Français aux VEO. L'association Stop VEO et la Fondation pour l'enfance dévoilent cette nouvelle campagne intitulée "Un dialogue", avec le message suivant : "et si on respectait l'enfant comme on respecte l'adulte ?" On y voit un père en colère après avoir découvert les murs de sa maison griffonnés de dessins d'enfants. Lorsqu'il entre, très en colère, dans la chambre de son fils, on le voit tout à coup s'adoucir… Il se retrouve nez à nez avec un homme barbu. Le spot se termine avec la phrase suivante : "Et si on imaginait que nos enfants étaient plus forts que nous ?". "Cette campagne relate une situation de la vie quotidienne entre un père et son enfant, situation traitée avec originalité qui permet de transposer ce que nous faisons entre adultes et que nous devrions faire avec les enfants : privilégier le dialogue pour ne pas recourir à des violences" précise l'association.

Education sans violence : que dit la loi ?

C'est le 2 juillet 2019 que le Parlement a définitivement adopté la proposition de loi visant à interdire les "violences éducatives ordinaires" en France qui devient le 56e pays à interdire "la fessée" et tout autre châtiment corporel sur les enfants. Cette interdiction est depuis inscrite dans le Code civil, avec l'ajout d'un alinéa qui précise que "l'autorité parentale s'exerce sans violences physiques ou psychologiques". Il sera notamment lu par le maire lors des mariages civils. En outre, la sénatrice Céline Boulay-Espéronnier avait demandé au gouvernement d'inscrire l'objectif de prévention des violences éducatives ordinaires dans les prérequis de la profession d'assistant maternel. "Les enfants ont le droit à une éducation sans violence. Aucun des titulaires de l'autorité parentale n'a le droit d'user de violence physique, d'infliger des punitions corporelles ou châtiments corporels, des souffrances morales, ou toute autre forme d'humiliation envers son enfant", précise l'alinéa 3 de l'article 371-1 du code civil. Il ne s'agit donc pas uniquement de fessée en guise de "punition". Ces "violences éducatives ordinaires" font aussi référence aux moqueries, aux cris et injures, et aux violences psychologiques (menaces, mensonges, chantage, culpabilisation), etc. Pour autant, la proposition de loi ne s'accompagne d'aucune sanction pénale. Il s'agit avant tout de sensibiliser les parents et de favoriser une prise de conscience dans l'intérêt de l'enfant. 

Violences éducatives ordinaires : quelles conséquences sur l'enfant ?

"La violence éducative ordinaire (VEO) est l'ensemble des moyens violents qui sont utilisés, tolérés et souvent recommandés pour faire obéir et pour éduquer les enfants", précise Olivier Maurel, président de l'Observatoire de la Violence Éducative Ordinaire. D'après des études scientifiques, l'association rappelle que gifler un enfant, lui tirer l'oreille, donner une fessée ou encore crier, menacer, faire du chantage, insulter, etc. a un impact sur le développement des petits. Pourtant, les violences éducatives ordinaires ont des conséquences sur l'estime de soi et la confiance en soi, impactant ainsi le potentiel d'apprentissage de l'enfant. En outre, les enfants qui subissent des violences éducatives ordinaires auraient un risque accru de devenir auteurs ou victimes de harcèlement. Sur le long terme, les VEO représentent un risque de développer des troubles psychologiques (anxiété, dépression, et comportements à risques), mais aussi des comportements agressifs et asociaux. Les VEO augmenteraient également le risque de développer certaines maladies comme l'asthme, l'eczéma, les maladies cardio-vasculaires et auto-immunes et certains cancers, précise l'association.

VEO : comment se faire obéir autrement ?

Dans son ouvrage sur la fessée, Olivier Maurel livre quelques pistes pour éduquer sans violence. Dans un premier temps, il suggère aux parents de s'informer sur la VEO et les risques liés à la dévalorisation et au chantage. Il recommande également des cours de yoga et des exercices de respiration afin d'éviter de se mettre en colère et évacuer ainsi toute réaction violente. "Utiliser l'écoute active et empathique, aider l'enfant à nommer ses émotions et s'engager devant son enfant (oralement ou par écrit) à ne pas utiliser la violence" sont des étapes essentielles à une éducation bienveillante.

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Et dans les autres pays ? Rappelons qu'en mars 2015, la France avait été pointé du doigt par le Conseil de l'Europe pour ne pas avoir complètement interdit les châtiments corporels envers les enfants. Il estimait en effet que l'hexagone ne respectait pas la charte sociale européenne en raison d'un manque de législation claire. Par ailleurs, la plupart des pays européens interdisent déjà toute forme de violence, la Suède étant le premier pays à avoir interdit la fessée, depuis 1979. La France devient donc le 55e pays à interdire les violences éducatives ordinaires (VEO). 

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