Vidéos truquées : les trucs pour les voir sans se faire avoir

Aujourd’hui, ces montages trafiqués hyper-réalistes se multiplient sur internet. Un phénomène à connaître et à ne pas sous-estimer. Voici quelques clés pour ne pas tout avaler les yeux fermés !

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Publiée sur YouTube fin 2018 par le site américain BuzzFeed, une vidéo, qui affiche déjà plus de huit millions de vues, a défrayé la chronique. Sa particularité ? On y voit l’ex-président américain Barack Obama, face caméra, traiter son successeur Donald Trump de « sinistre idiot ». Très rapidement, le subterfuge est révélé, il s’agit d’un montage réalisé pour inciter les internautes à la vigilance. Désormais, certaines technologies sont si sophistiquées qu’il en devient difficile de déceler au premier coup d’œil ce qui relève de la falsification.

Plus vrai que nature…

Appelé en français hypertruquage, le deepfake est un logiciel de synthèse d’images reposant sur une intelligence artificielle. D’abord utilisé dans le secteur du cinéma, il permet de reproduire une vidéo en échangeant les visages, les expressions et les mouvements labiaux entre deux personnages. Cela a donné naissance à de nombreuses scènes hilarantes telles que Jim Carrey dans la peau de Jack Nicholson dans le film Shining ou Burt Reynolds imitant James Bond à la perfection en lieu et place de Sean Connery. Il suffit de taper dans la barre de recherche YouTube « Best of deepfakes cinema » pour se rendre compte de la qualité de ces supercheries. Mieux encore, ce procédé peut aussi créer un contenu de toutes pièces. Depuis mai 2019, les visiteurs du Salvador Dalí Museum en Floride « rencontrent » le maître catalan à travers une vidéo de 45 minutes. Dans cette interview imaginaire, on retrouve même la tonalité et l’accent du peintre moustachu. … et pourtant faux !

Au fur et à mesure que les logiciels se perfectionnent, le deepfake est passé peu à peu du simple amusement créatif à un outil utilisé à de fins malveillantes. Canulars, tentatives d’escroqueries ou encore chantage personnel… Le nombre des entreprises et des particuliers bernés ne cesse de croître depuis quelques mois. D’autant que, aujourd’hui, des applications gratuites sont disponibles sur iOS et Android, à l’instar de Doublicat, Zao ou bien Xpression, qui offrent la possibilité à n’importe quel quidam d’en faire un bon (ou mauvais) usage sans avoir besoin de compétences techniques particulières.

À une plus grande échelle, ces vidéos servent également des desseins de désinformation de masse, notamment au cours des périodes d’élections ou de débats sociétaux. À l’heure des réseaux sociaux, une fausse vidéo devient rapidement virale et peut parfois servir à alimenter un mouvement de fake news, ces informations mensongères largement partagées sur internet.

Les détails qui ne trompent pas

Pour démasquer une fausse vidéo, il faut d’abord porter une grande attention à différents éléments. Et notamment la présence de flous sur les extrémités des oreilles et du cou, l’absence de battements de paupières ou encore des cheveux qui ne bougent pas d’un iota. Dans la plupart des deepfakes, les personnages donnent l’impression de porter un masque : il s’agit donc de vérifier la concordance du teint entre le visage et les autres parties du corps, comme les mains. Ensuite, sachez identifier la source. La vidéo provient-elle d’un compte Twitter ou d’une page Facebook nouvellement créée ? Le titre est-il (trop) sensationnel ? Lors d’événements importants (élections, manifestations, etc.), n’hésitez pas à regarder si l’information est partagée par la plupart des médias reconnus.

Enfin, dernier recours en cas de doute, utilisez des sites officiels de vérification comme celui d’Amnesty International, disponible à cette adresse : citizenevidence.amnestyusa.org. En entrant l’adresse URL d’une vidéo YouTube, il est possible de la scinder en plusieurs captures d’écran afin de savoir quels sont les sites qui ont relayé cette « information ».

La riposte s’organise

Conscients de ce problème grandissant, les géants du web, dont les plateformes permettent la diffusion à grande échelle de ces contenus fallacieux, se sont récemment emparés de cette question. Facebook s’est ainsi associé avec huit médias français – dont Le Monde, Libération, 20 Minutes, l’Agence France-Presse (AFP), France Télévisions… – pour déployer un dispositif de signalement par ses utilisateurs d’une nouvelle qu’ils pensent être fausse.

De son côté, Google a commencé à constituer une base de données avec les vidéos traficotées qui ont été recensées, afin d’entraîner ses propres algorithmes à reconnaître et à bannir automatiquement ce type de productions trompeuses. Ce qui revient en somme à nous en remettre à une intelligence artificielle pour nous protéger d’une autre…

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