Dans La Fracture*, en salles depuis le 27 octobre, elle échoue aux urgences d’un hôpital en crise, un soir de manif des Gilets jaunes. Valeria Bruni Tedeschi s’exprime sur ces thèmes sociaux forts.
Raf, votre personnage, vous ressemble un peu, non ?
Valeria Bruni Tedeschi : Bien sûr, sinon je ne l’aurais pas incarnée ! Je viens du même milieu bourgeois. J’ai aussi cette même peur de l’abandon, cet acharnement à lutter et à toujours y croire envers et contre tous. Parfois même à la place de l’autre ! Comme elle, j’aimerais utiliser davantage l’humour pour mettre de l’oxygène dans nos existences.
Vous est-il arrivé de vous rendre aux urgences ?
Pour quelqu’un d’autre, oui. Ce qui m’a frappée, c’est l’attente qui paraît éternelle, mêlée à l’angoisse. C’est un temps vide mais où l’on fait davantage attention à ceux qui nous entourent et qui permet des rencontres inattendues.
Avez-vous aussi constaté l’épuisement du personnel soignant ?
Pas personnellement. Je trouve que la présence d’Aïssatou (Diallo Sagna, aide-soignante dans la vie qui interprète l’infirmière Kim, ndlr) est très précieuse grâce à son expérience. Ce film a le mérite de mettre de la lumière sur le travail des soignants. Il arrive au bon moment. J’espère qu’il provoquera un déclic dans la tête des personnes qui ont des responsabilités dans ce pays.
Le film évoque aussi le mouvement des Gilets jaunes. Vous avez été sensible à leurs revendications ?
Oui, de loin. Ils n’ont pas été entendus. C’est injuste et indigne. Avec ce film, j’espère contribuer à leur rendre la parole.
Vous slamez en italien dans le dernier album de votre sœur Carla Bruni* ! Comment cela s’est-il fait ?
Il se trouvait que je passais pendant qu’elle enregistrait. Et comme j’adore cette chanson scandée (Voglio l’amore), elle m’a proposé de poser ma voix dessus. C’était la seule à laquelle je pouvais participer parce que je ne chante pas juste.
Elle est actuellement en tournée. Vous a-t-elle demandé de monter sur scène avec elle ?
Ah je vais lui demander tout de suite ! Quelle bonne idée !
*Carla Bruni, Universal Music, 2020
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