"Une jeune fille qui va bien" : l'insouciance avant la catastrophe

Trente six ans après ses débuts comme actrice, Sandrine Kiberlain passe pour la première fois derrière la caméra. Elle a pris son temps pour écrire et réaliser Une jeune fille qui va bien, film lié à son histoire personnelle, ses origines, et porté par la jeunesse et la grâce de Rebecca Marder.

Paris été 1942, Irène prépare le concours d’entrée du conservatoire d’art dramatique, débordante de vie et d’énergie, elle vit sa passion pour le théâtre sans se soucier de la menace qui monte.

« J’ai toujours voulu parler de cette époque dont je suis issue, qui est la chose que je ne comprends toujours pas. »

à franceinfo

Irène est juive. Son père, André Marcon, ne veut pas croire que la France de Pétain fera ce que nous savons aujourd’hui, sa grand-mère, elle, est moins naïve quand le régime de Vichy impose l’étoile jaune.

Avec délicatesse, Sandrine Kiberlain filme cette période en lui donnant une dimension quasi intemporelle, on ne voit pas un uniforme allemand, les références historiques sont très limitées, ne reste que cette insouciance, cette soif de vivre de la jeune fille, avant la catastrophe.    

Adieu Paris d’Edouard Baer

Pour son quatrième film comme réalisateur, Edouard Baer fait une déclaration d’amour, sans concession, à des acteurs qui sont ses aînés : Gérard Depardieu, Pierre Arditi, le regretté Jean-François Stévenin, Bernard Le Coq, Bernard Murat, Jackie Berroyer, et les plus jeunes, François Damiens et Benoit Poelvoorde.

« La nostalgie est une façon de s’empêcher d’être vivant, c’est de la paresse. »

à franceinfo

Cette bande de mâles aux égos conséquents se retrouvent pour un rituel, un déjeuner annuel dans un restaurant institution parisienne, au cours duquel le plus récent est admis dans ce cénacle vieillissant.

C’est un théâtre, avec sa palette de personnages, ses tirades et surtout, cette sensation que ces hommes qui surjouent leur gloire passée, souffrent de ne pas reconnaître leurs faiblesses. Adieu Paris est touchant, parfois dérangeant, mais Edouard Baer le jure, il n’est pas nostalgique.     

Nos âmes d’enfants de Mike Mills

En 2017, on avait adoré le portrait de femmes de 20th Century Women. Mike Mills revient avec Nos âmes d’enfants, film noir et blanc au format carré.

Joaquin Phoenix y est un journaliste radio qui interroge les jeunes sur leur vision du monde, quand sa sœur l’appelle à l’aide pour s’occuper de son neveu qu’il connaît à peine. Entre le gamin de 9 ans hyperactif, dont le père bipolaire est interné, et cet oncle solitaire, la relation est un apprentissage semé d’embûches.

De la Californie à New York, le duo s’apprivoise, l’enfance est traitée avec sa part lumineuse et sa part d’ombre. Malgré quelques lourdeurs, un beau film sur la transmission.      

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