La mortalité par cancer est exacerbée par le diagnostic à un stade avancé. C’est pourquoi les scientifiques travaillent sans cesse au développement de tests de moins en moins invasifs et coûteux – à l’inverse des biopsie tissulaires -, permettant de détecter les tumeurs lorsque celles-ci sont peu avancées ou asymptomatiques.
Au travers de leur étude publiée le 5 décembre 2022 dans la revue scientifique PNAS, une équipe de chercheur.euse.s suédois.e.s (Université de Göteborg) suggère qu’un seul test – dit biopsie liquide – basé sur la mesure de biomarqueurs dans des échantillons de sang et d’urine pourrait potentiellement aider à détecter plusieurs types de cancers.
“Cette méthode a détecté de nombreux cancers que les méthodes précédentes ont manqué, et une proportion substantielle d’entre eux étaient au stade 1. Cette étude pourrait ajouter une pièce importante du puzzle de la détection précoce du cancer”, a déclaré le Dr Francesco Gatto, chercheur au Karolinska Institutet en Suède, à Medical News Today.
Selon leurs recherches, la mortalité liée au cancer chez les personnes âgées de 50 à 79 ans pourrait être réduite de 26% en utilisant des méthodes de dépistage précoce.
La biopsie liquide, une technologie de dépistage non-invasive
Pour l’heure, l’une des techniques les plus fréquemment utilisées dans la détection tumorale reste la biopsie tissulaire. Elle consiste à prélever une petite partie d’un organe avec ou sans anesthésie.
“Au fur et à mesure que les cellules tumorales se développent, elles libèrent de l’ADN, des protéines et d’autres sous-produits métaboliques qui peuvent être détectés dans le sang et d’autres fluides corporels”, vulgarise Medical News Today. Ce qui n’est pas le cas pour des cancers génito-urinaires comme les cancers de la vessie, de la prostate et du rein, et les cancers du cerveau.
Pour en arriver à la conclusion que les tests sanguins et urinaires pourraient être pertinents dans la détection précoce de plusieurs cancers, les chercheur.euse.s ont réalisé ce qu’on appelle une biopsie liquide. Cette technique consiste à rechercher dans un échantillon de fluides corporels (le sang ou les urines) des traces de biomarqueurs laissés par la tumeur et à les analyser pour retrouver un potentiel début de cancer.
Au total, 2 064 échantillons provenant de 1 260 sujets cancéreux ou sains ont été analysés, en prenant les glycosaminoglycanes libres – une classe de glucides présents dans la plupart des lignées cellulaires cancéreuses – comme biomarqueurs pour la détection de 14 types de cancers. En comparant ces échantillons, ils ont ensuite établi différents profils et niveaux de glycosaminoglycanes en circulation en fonction du type de tumeur.
Finalement, leur test est parvenu à dépister 43% des cancers de mauvais pronostic dans les 18 mois. Il aurait aussi permis de détecter 21% des tumeurs précoces de stade 1. Les chercheurs ont également pu « prédire l’emplacement probable de la tumeur avec une précision de 89% sur la base des profils combinés de glycosaminoglycanes plasmatiques et urinaires ».
Des bio-marqueurs impliqués dans la progression du cancer
Et ce n’est pas tout. Les scientifiques ont aussi découvert qu’à mesure que le cancer progressait, les niveaux de glycosaminoglycanes dans l’urine et le plasma augmentaient progressivement.
Ces résultats suggèrent que les modifications du profil des glycosaminoglycanes sont “liées de manière causale à la progression du cancer”. Ces scores étaient également associés à des cancers plus agressifs, note Medical News Today.
Grâce à leur nature non invasive, les biopsies liquides pourraient constituer une alternative prometteuse pour le diagnostic et le suivi de cancers jusqu’alors difficiles à anticiper, se félicitent les chercheur.euse.s. Ces tests seraient aussi peu coûteux : en moyenne, 5 à 10 fois » moins chers que les biopsies liquides traquant l’ADN circulant.
“Pour devenir un jour un test de dépistage multi-cancer, les preuves doivent provenir d’études beaucoup plus importantes, et le test lui-même nécessitera une conception très soignée pour une production de masse de la plus haute qualité. Il reste encore du chemin, mais l’avenir de la détection précoce des cancers multiples apparaît chaque année plus prometteur”, a conclu le Dr Gatto.
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