- L’exposition « Picasso, L’effervescence des formes », rassemble 80 œuvres de l’artiste espagnol et de certains de ses contemporains, prêtés notamment par les musées Picasso de Paris et Barcelone.
- « Le vin représente bien des choses pour Picasso, c’est d’abord un plaisir de la vie, et un symbole » affirme le commissaire de l’exposition Stéphane Guégan.
- Souvent cantonné au cubisme, Picasso était un artiste foisonnant, et l’exposition montre la diversité stylistique de l’artiste qui a marqué le XXe siècle.
Pablo Picasso comme vous ne l’avez peut-être jamais vu. La Cité du Vin de Bordeaux présente (enfin) son exposition Picasso, L’effervescence des formes, qui devait accompagner le cinquième anniversaire de la Fondation pour la culture et les civilisations du vin, et qui a été repoussée pour cause de Covid-19.
Avec notamment des œuvres provenant des musées Picasso de Paris et Barcelone, il a fallu trois ans à la Cité du Vin pour préparer cette exposition, qui réunit en tout 80 œuvres de l’artiste espagnol et de certains de ses contemporains. « La question que nous nous sommes posée est : comment parler de Picasso, cet artiste prolifique qui bénéficie d’énormément d’expositions chaque année ? » explique Marion Eybert responsable des projets muséographiques à la Cité du Vin. « Il fallait trouver un sujet, et nous avions la conviction que le vin et les alcools populaires dans l’œuvre de l’artiste en était un. »
Une œuvre foisonnante marquée par la diversité stylistique
On prête pourtant à Picasso une réputation de sobriété spartiate. Le commissaire scientifique de l’exposition, l’historien et critique d’art Stéphane Guégan, n’est pas aussi affirmatif : « Le moment du repas était sacré pour Picasso, et il n’a jamais renoncé complètement à la boisson. » Quoi qu’il en soit, « le vin représente bien des choses pour Picasso, c’est d’abord un plaisir de la vie, et un symbole. » C’est ainsi qu’il faut regarder, dès le début de l’exposition, sa Sphère décorée d’une nature morte à la bouteille de vin, une céramique réalisée en 1948 dans l’atelier de Vallauris. « C’est un objet symbolique chargé de sens, insiste Stéphane Guégan. Cette boule renvoie à la terre, au cosmos, et Picasso est un artiste relié, il croit aux interférences entre la nature et la création. »
Démarrer l’exposition par une céramique n’est pas neutre, le propos de l’exposition étant aussi de montrer toutes les facettes de l’artiste, que l’on cantonne souvent au cubisme. Or, Picasso a laissé une œuvre foisonnante marquée par la diversité stylistique avec des peintures plus classiques, des dessins, des estampes, des sculptures et même des céramiques, donc.
Symbole sacré et ambiance de cafés
Le vin apparaît dans ses premières œuvres comme un symbole sacré, héritage catholique. « Cela nous permet aussi de montrer ce à quoi ressemble l’art d’un adolescent au milieu des années 1890, alors qu’il a appris la peinture sous l’autorité de son père, et a multiplié les dessins et les esquisses » explique le commissaire de l’exposition.
Si les verres et les bouteilles sont une matière très présente dans l’œuvre de l’artiste espagnol, la thématique du vin et des alcools est aussi abordée à travers l’ambiance des cafés, qui dominent la production de Picasso au cours de sa période bleue, comme le montre Café-concert du Paralelo (1900-1901), œuvre prêtée par le musée Picasso de Paris, et dont le style rappelle Degas, Toulouse-Lautrec ou Van Gogh, des artistes que Picasso admire.
« On pourrait croire avec cette ambiance tricolore que l’on est dans un café parisien, mais on est bien en Espagne, dans ces cafés qu’il a fréquentés, dont il traduit la lumière, la chaleur humaine » souligne Stéphane Guégan.
Cubisme et hommage à l’Antiquité
Picasso se lance dans le cubisme à partir de 1906. « Il fallait évidemment donner une place au cubisme dans l’exposition, en montrant comment l’iconographie du vin a été un grand thème de ce mouvement » poursuit Stéphane Guégan.
A partir de la fin des années 1920 et des années 1930, Picasso revisite l’Antiquité. « Une des œuvres qui l’illustre le mieux est la « Suite Vollard » qui comprend plus d’une centaine de gravures, avec notamment la présence du minotaure et son goût pour la boisson. Il revient alors au trait, et entre dans l’iconographie qu’il aime, et celle qu’il suppose être la plus révélatrice de l’héritage des Grecs. » Une partie de la Suite Vollard est présentée à la Cité du Vin. Dans d’autres œuvres, Picasso rend aussi hommage à Bacchus et aux bacchanales.
Le parcours de l’exposition, orientée vers le grand public et qui peut se faire en moins de deux heures, est à la fois chronologique et thématique. Une visite guidée pour les 8-12 ans est par ailleurs organisée tous les samedis et dimanche, et jours fériés, à 16 heures. Exposition jusqu’au 28 août. Adultes : 10 €/8€, enfants : 5€/ 4€.
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