Un congé "second parent" rémunéré d'un mois minimum : 105 chefs d'entreprise s'engagent pour l'égalité

Un congé rémunéré d’un mois minimum pour le deuxième parent : c’est ce que proposent désormais 105 dirigeants d’entreprise qui représentent plus de 19.000 salariés. Le délai de 11 jours prévu par la loi n’est pas suffisant, affirment-ils, pour favoriser l’égalité femmes-hommes dans la parentalité.

«Nous voulons faire évoluer nos sociétés pour contribuer à changer la société.» C’est ce que défendent 105 dirigeants et dirigeantes d’entreprise qui ont annoncé le 5 février 2020 proposer à leurs salariés un congé «deuxième parent» rémunéré, d’un mois minimum. «Nous estimons que c’est là le délai minimal pour accueillir un enfant et ancrer des habitudes familiales équilibrées et équitables», écrivent les chefs d’entreprise dans une tribune parue dans Les Échos.

«Le congé maternité/paternité est un moment crucial pour construire son nouvel équilibre de vie familial après l’arrivée d’un enfant, , abonde sur son compte Instagram Mathilde Lacombe, fondatrice de la marque de cosmétiques Aime et signataire de la tribune. Il faut que les deux parents puissent s’investir de la même façon dès le départ et que la fameuse charge mentale soit partagée.» Comme ceux que sa marque, 19.311 salariés au total se verront donc proposer ce congé quels que soient leur genre et leur statut marital. «Il sera de la responsabilité de l’équipe dirigeante d’encourager les collaborateurs de l’entreprise à prendre ce congé, afin qu’il ne soit ni tabou ni discriminant de prendre un congé parental, soulignent les 105 chefs d’entreprise. Cela est, pour nous, un droit fondamental pour tout salarié et un devoir pour l’entreprise.»

La loi française ne garantit que 11 jours de congé paternité. Trop court, jugent les 105 initiateurs de ce «parental act», parmi lesquels se côtoient startups et grandes entreprises. Mercedes Erra, fondatrice et présidente de BETC et présidente exécutive d’Havas Worldwide, s’engage ainsi aux côtés de l’entrepreneure et business angel Céline Lazorthes, Julie Chapon, fondatrice de Yuka, Agathe Wautier, du Galion Project, Lucie Basch, à la tête de Too Good To Go, Carole Juge, fondatrice de Joone et finaliste du prix Business with Attitude – Madame Figaro 2019 ou encore Soraya Jaber, co-fondatrice de Minsar et demi-finaliste du prix cette année. Et les hommes ne sont pas en reste : Jérémy Clédat de la plateforme de recherche d’emploi Welcome to the Jungle, Marc Briant-Terlet et Kim Mazzilli de la marque de cosmétiques Horace ou Cédric Sire de Webedia comptent eux aussi parmi les signataires. Avec un but commun : favoriser l’engagement des hommes dans la vie de famille pour soulager les femmes.

Le congé paternité se généralise en Europe

C’était déjà, pourtant, l’objectif de la réforme du congé maternité de 2014. Le texte, qui instituait un partage du congé parental entre les deux conjoints pour inciter plus de pères à en bénéficier, n’a pas eu l’effet escompté. C’est en tout cas le constat que dresse l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) dans un récent rapport. Ce nouveau congé parental «ne concerne qu’une petite fraction des familles, il reste peu rémunéré et marqué socialement, au risque d’entretenir des phénomènes de trappes à chômage et à pauvreté». Dont les femmes sont les premières victimes, précisent les auteurs de l’étude. «Le rapport de l’Igas sur les effets du congé paternité a montré que celui-ci favorise l’engagement paternel et la construction durable du lien père-enfant permettant ainsi un rééquilibrage dans le couple de la charge mentale», soulignent les 105 dirigeants engagés.

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Et ils citent en exemple nos voisins européens, de plus en plus nombreux à instaurer un congé paternité plus long que celui en vigueur en France. La Norvège, premier pays au monde a avoir instauré un congé paternité, garantit au minimum dix semaines aux pères. La Suède accordent au moins deux mois, et en avril dernier, l’Espagne a elle aussi augmenté la durée de son congé paternité de 5 à 8 semaines. En septembre, c’était au tour de l’Autriche d’ouvrir un congé d’un mois. «La France, parce qu’elle reste attachée dans sa législation sociale à une division sexuée, est en retard sur la question du congé parental partagé», estiment les 105 dirigeants d’entreprise dans leur tribune. Avec l’espoir que leur initiative fera bouger les mentalités et, à terme, la loi.

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