Un artefact découvert en Jordanie serait la plus ancienne pièce d’échecs du monde

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L’archéologue canadien John P.Oleson vient de faire une découverte qui pourrait faire avancer l’histoire du chaturanga, ancien jeu indien et ancêtre des échecs.

Échec et mat (ou «Shah mat»), le roi est mort. On sait depuis les recherches historiques du britannique Harold Murray (1868-1955) que le jeu d’échecs, toujours pratiqué aujourd’hui par des dizaines de millions de passionnés dans le monde occidental, est né en Inde aux alentours du IVe siècle de notre ère.

Ce Chaturanga, jeu des quatre rois, aurait jusqu’à la Renaissance – date de son introduction et des dernières modifications des règles de déplacement telle que le roque et la prise en passant – traversé les civilisations perse (le chatrang) puis arabe (le shatranj). 

Cette chronologie historique pourrait pourtant bientôt être revue et corrigée après la publication des travaux de John P. Oleson, professeur d’archéologie de l’université Victoria au Canada. Ce chercheur vient de comprendre que le petit fragment de grès sculpté, trouvé à Humeima en 1991 au sud de la Jordanie, serait en fait une tour d’un jeu d’échecs datée du VIIe siècle ap. J.C. Le dessin de la figurine représenterait, selon lui, un char (Rukh en persan), l’ancêtre de la pièce lourde avec laquelle le roi peut effectuer aujourd’hui le fameux roque, c’est-à-dire le déplacement simultané du monarque et de la tour.

Si la datation de cette pièce d’échecs est confirmée cela signifierait que le chaturanga indien, ancêtre de ce que les Anglo-Saxons nomment abusivement «western chess», se serait propagé en même temps en Perse et en Arabie en suivant les grandes voies de commerce entre l’Orient et l’Occident dont la fameuse Route de la Soie. 

Outre la légende d’un jeu d’échecs offert par le calife Haroun ar-Rachid à Charlemagne vers l’an 800, on savait de sources sûres que les premières recherches théoriques échiquéennes avaient été menées par Al-Suli au Xe siècle. Sa renommée perdurera après sa mort et durant des siècles on dira dans le monde arabe d’un maître talentueux «qu’il jouait comme Al-Suli». Mais faute de preuve archéologique irréfutable, il paraissait difficile de dater l’adoption du chaturanga par la civilisation arabe. L’authentification de cette petite sculpture de grès représente donc une grande avancée qui pourrait en annoncer d’autres.

En effet, si le professeur Oleson trouve d’autres pièces d’échecs de la même époque à Humeima, une partie du mystère de la propagation du chaturanga au Moyen-Orient puis en Europe pourrait s’éclaircir. En revanche les origines des jeux d’échecs chinois (le xiangqi) et japonais (le shogi) restent encore à ce jour une énigme.

De nouvelles découvertes archéologiques aussi sensationnelles que celle du professeur canadien et le décryptage de textes anciens pourraient à coup sûr nous apprendre beaucoup sur les échanges intellectuels entre les civilisations orientales et occidentales.

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