Trois journalistes entendus par la DGSI après une enquête sur l’armée

Est-ce une « tentative d’intimidation » comme le soupçonne l’une des personnes concernées ? Trois journalistes français sont soupçonnés d’atteinte au secret de la défense nationale pour une enquête diffusée en 2018 sur France Inter, et sur Internet, qui porte sur des soupçons de trafic d’influence dans l’armée française. Ainsi, Benoît Collombat et Geoffrey Livolsi, auteurs de l’enquête « Transport aérien : soupçons de trafic d’influence dans l’armée », sont convoqués par la DGSI en audition libre mercredi 14 décembre en compagnie de Jacques Monin, directeur des enquêtes et de l’investigation de Radio France, a appris l’AFP mercredi de sources proches du dossier.

Selon l’une de ces sources, les trois journalistes sont convoqués mercredi prochain à 10 heures car ils sont « soupçonnés d’avoir commis ou tenté de commettre l’infraction de révélation ou divulgation d’information permettant l’identification d’un membre d’une unité des forces spéciales ». Selon une autre de ces sources, la convocation intervient dans le cadre d’une information judiciaire ouverte après une plainte avec constitution de partie civile déposée par un ancien membre des forces spéciales dont le nom était mentionné dans leur article.

« Tentative d’intimidation »

Leur enquête révélait que « le Parquet national financier (PNF) enquête sur des soupçons de favoritisme et de trafic d’influence au sein de l’armée française. Au cœur de ses investigations : les contrats de sous-traitance du transport aérien », qui auraient donné lieu à une perquisition à l’état-major des armées. Elle évoquait notamment le nom d’un responsable du Commandement des opérations spéciales (COS) présenté comme étant « dans le collimateur de la justice », sans que l’on sache à ce stade si ce lieutenant-colonel est effectivement le plaignant.

Sollicité pour savoir si l’enquête principale était toujours en cours, le PNF n’avait pas répondu mercredi matin. Contacté sur la convocation visant ses journalistes, Radio France n’a pas non plus répondu dans l’immédiat. Joint par l’AFP, le journaliste Geoffrey Livolsi a indiqué que « ces convocations sont une nouvelle tentative d’intimidation contre les journalistes enquêtant sur l’armée. » « Est-il encore possible d’enquêter sur ce sujet sans être inquiété par les services de renseignements ? Pour rappel, notre média Disclose », qu’il a co-fondé en 2018, « est aussi visé depuis un an par une enquête pour violation du secret de la défense nationale », a-t-il rappelé. Benoît Collombat et Jacques Monin n’ont pas souhaité s’exprimer publiquement.

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