- Parmi les séries les plus attendues de l’année, The Idol a finalement été égratignée par des accusations et des mauvaises critiques.
- La série se termine dimanche après cinq épisodes au lieu des six annoncés.
- Pourtant, cette histoire d’emprise portée par Lily-Rose Depp et The Weeknd est loin d’être complètement à jeter.
Les polémiques ont-elles eu raison de The Idol, la très sulfureuse série co-créée par Sam Levinson (Euphoria), The Weeknd et Reza Fahim ? Intitulé « Jocelyn Forever », le cinquième épisode, diffusé ce dimanche sur HBO, sera le dernier d’une première saison qui devait en compter six. Selon des informations de TVLine lundi, la série a été amputée d’un épisode après l’intervention de son créateur Sam Levinson qui a opéré de nombreux changements. « L’histoire n’en nécessitait finalement que cinq », a soufflé une source interne au site spécialisé américain. Pas de commentaire de la chaîne américaine payante. Retour sur l’itinéraire d’une série secouée, avant même sa diffusion, par le scandale.
Avec son casting quatre étoiles (Lily-Rose Depp et Abel -The Weeknd- Tesfaye) et Sam Levinson à la création, déjà derrière la sublime Euphoria, The Idol semblait taillée pour le succès. Le pitch flirtait avec le glamour et le scandale. Jocelyn dite « Joss », une star de la pop fragilisée par la mort d’une mère abusive se laisse séduire par Tedros, un patron de discothèque manipulateur qui prend le contrôle total de sa vie et de son corps. Un an après Irma Vep d’Olivier Assayas, The Idol était annoncée hors compétition au Festival de Cannes mi-mai, où les deux premiers épisodes devaient être projetés. Une série HBO dévoilée à Cannes, comment ne pas crier au succès ?
Mauvaises critiques et audiences décevantes
Dès le 1er mars, The Idol est égratignée par un premier scandale après la publication d’un article de The Rolling Stone qui explique comment le tournage de la série s’est transformé en terrain de « torture pornographique » lorsque Amy Seimetz, qui devait réaliser tous les épisodes, est remerciée pour des différends artistiques. Selon 13 sources interrogées par le magazine américain, l’ambiance tourne avec la reprise en main de Sam Levinson. Le plateau exhale une ambiance toxique où des séquences « problématiques » sont ajoutées à la dernière minute. Elles sont à l’image de ce que la série critique : un climat d’emprise qui fantasme le viol. Il est vrai que, comme sa grande sœur Euphoria, The Idol annonce rapidement la couleur. Lily-Rose Depp passe le plus clair de son temps à moitié nue ou en train de se faire pénétrer par The Weeknd.
The Rolling Stone assène le premier coup. Le deuxième sera porté à Cannes où les mauvaises critiques affluent. Télérama qualifie ce portrait « d’abyme de bêtise et de vulgarité ». « La complaisance avec laquelle Sam Levinson filme Lily-Rose Depp en train de se masturber ou d’accepter sans broncher les fantasmes sadomasos éculés de The Weeknd pousse à interroger les motivations du créateur », écrit le magazine culturel. The Hollywood Reporter questionne la volonté de transgresser à tout prix, jugeant le résultat plus régressif qu’autre chose. Variety y voit un fantasme masculin sordide tandis que The Rolling Stone, à l’origine de l’enquête sur les coulisses du tournage, titre : « The Idol est plus toxique et bien pire que ce que vous avez entendu ».
Puissance esthétique et justesse des descriptions
Pourtant, tout n’est pas à jeter. La puissance esthétique de la réalisation, assez rare sur le petit écran, crée une ambiance presque hypnotique qui n’est pas sans rappeler un Gaspar Noé. Certes, les scènes pornographiques -il n’y a pas d’autres mots- sont trop nombreuses. Mais elles ne retirent rien à la précision de la description de l’emprise. Jocelyn est l’archétype de la victime. Elle ne connaît qu’un seul type de relation : la violence. D’abord celle de sa mère qui l’a battue toute sa vie avec une brosse à cheveux jusqu’à ce que la maladie l’affaiblisse, ensuite celle d’une industrie intransigeante, méprisante qui lui tourne le dos à la première erreur. Le portrait brossé d’une industrie de la musique sans état d’âme, impatiente de faire de l’argent sur le dos d’une pop star en détresse, rappelle avec justesse une partie de la carrière de Britney Spears.
En quelques jours, Tedros, sorte de gourou BDSM, réussit à se frayer un chemin dans la résidence de la star et à prendre le contrôle de son agenda, de ses choix vestimentaires, de ses décisions artistiques. Il utilise les traumas de Jocelyn pour imposer son autorité. Il la pousse dans ses retranchements jusqu’à lui confisquer tout esprit critique. Les maltraitances sont toujours justifiées artistiquement. Il faut trouver sa voix, sa vérité intérieure. Viols publics, strangulation, situations d’objectification sont légion dans la villa, désormais entièrement sous l’influence du manager autoproclamé. La prestation de Lily-Rose Depp et the Weeknd est impeccable. Le duo fonctionne et les personnages secondaires apportent un éclairage sur les mécanismes d’emprise et la stratégie de prédation de Tedros.
Malgré tout, The Idol ne parvient pas à transformer l’essai. Les audiences ne sont pas à la hauteur. Le pilote et ses trois replays n’atteignent pas le million de téléspectateurs. La série sort -amputée- par la petite porte ce dimanche. HBO n’aurait pas encore décidé de reconduire ou non la série. Mouais.
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