"The Chef" : une soirée infernale en une seule scène

Le film franceinfo de la semaine c’est The Chef, de Philip Barantini, réalisateur anglais qui passe en cuisine, milieu qu’il connaît bien pour avoir dans une autre vie été lui-même chef. C’est la partie la plus sombre de ce métier qu’il met en scène, dans le récit d’une soirée cauchemardesque, son personnage, Andy, Stephen Graham et son redoutable accent cockney, est un chef étoilé au bord du gouffre : sa vie sentimentale est un naufrage, il est endetté jusqu’au cou et sa brigade part à vau-l’eau.    

« Au restaurant le service se fait en une prise, la vie, c’est une seule prise ! »

à franceinfo

En salle, il y a une critique redoutée qui débarque sans prévenir, des clients irascibles, The Chef raconte la part d’ombre d’une profession de passion, mais faite aussi de violence au travail et de racisme.

Andy carbure à l’alcool et à la cocaïne, sa chute est d’autant plus oppressante pour le spectateur qu’on la suit en direct dans un incroyable plan séquence, un vrai, sans raccord numérique. L’exploit technique et artistique n’a rien d’un gadget, c’est une chorégraphie, réussie à la troisième prise alors que Philip Barantrini n’avait de toute façon plus le temps de tourner, confinement oblige.  

Nightmare Alley de Guillermo del Toro    

En s’alliant à Disney, Guillermo del Toro prend évidemment le risque de devoir se soumettre à un certain formatage. Mais la stature du réalisateur mexicain est telle aujourd’hui, qu’il préserve son talent tout en obtenant les moyens de faire un grand film digne de l’âge d’or d’Hollywood.

« Nightmare Alley, c’est l’envers du rêve américain. »

à franceinfo

Nightmare Alley est autant un bijou esthétique qu’un récit romanesque puissant, un film noir dans l’Amérique des années 40. Un cirque peuplé de créatures étranges mené par Willem Dafoe, un mentaliste escroc, Bradley Cooper, dévoré par l’ambition, une psychanalyste new yorkaise dominatrice, Cate Blanchett au sommet, aussi haut que Lauren Bacall, Guillermo del Toro réenchante un genre qu’on croyait rangé sur les étagères des cinémathèques.    

Memory Box de Khalil Joreige et Joana Hadjithomas  

Le couple qui chronique depuis plus de 20 ans les malheurs de leur pays natal, le Liban, et le souvenir de ses jours heureux, ouvre une boîte magique,: celle qui arrive à Montréal chez Maïa, libanaise exilée, vivant seule avec sa fille, qui ne sait rien ou presque de la vie de sa mère.

D’un carton sortent d’incroyables journaux intimes, des cassettes audio, des polaroïds, que Maïa adolescente envoyait depuis Beyrouth sous les bombes dans les années 80 à son amie partie vivre à Paris. Ces madeleines de Proust débordantes de joie, de peur et de nostalgie, sont remarquablement animées dans des flash-back. Dommage que le film soit alourdi par la partie actuelle du récit mère-fille, reste une vision fantasmée de Beyrouth avant la tragédie d’août 2020, sur le port de la capitale libanaise.        

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