Une synthèse d’études, publiée mardi 7 janvier 2020, n’a pas permis d’établir un lien entre l’usage de talc pour bébé sur les parties génitales et le risque de cancer des ovaires. Ces dernières années, plusieurs femmes ont accusé ce produit d’être à l’origine de leur maladie aux États-Unis.
Il s’agit de la plus grande étude menée sur une possible corrélation entre développement d’un cancer de l’ovaire et utilisation de poudre pour bébé.
Des chercheurs de divers centres de recherche aux États-Unis se sont associés pour réaliser une synthèse de quatre grandes études de cohortes qui ont suivi 252 745 Américaines entre 1982 et 2017. Au total, sur une période médiane de 11 ans, 2 168 d’entre elles ont développé un cancer des ovaires. L’étude révèle que parmi les femmes qui utilisaient du talc, 61 cas de cancer de l’ovaire pour 100 000 femmes ont été déclarés. Pour celles qui n’avaient jamais utilisé de talc, ce taux était de 55 pour 100 000.
Aucune différence statistique majeure n’a donc été observée, affirment les auteurs de l’étude, dont les résultats ont été publiés dans la revue médicale JAMA.
À partir des années 50, de nombreuses femmes ont utilisé du talc pour préserver leur hygiène intime. Celles-ci l’utilisaient notamment pour absorber odeurs et humidité en l’appliquant directement sur leurs parties génitales, leurs sous-vêtements, serviettes hygiéniques ou tampons.
Des résultats à confirmer
Les auteurs restent tout de même prudents quant aux résultats obtenus. « L’étude peut avoir été insuffisante pour identifier une petite augmentation du risque », estiment-ils. Chaque étude de cohorte prise individuellement a mesuré la consommation de poudre différemment. Il a donc été difficile d’évaluer la fréquence et la durée d’utilisation de celle-ci. De même, ils n’ont pas de données précises sur le type de poudre utilisé.
Problème : il sera désormais difficile d’obtenir de nouvelles données, cette pratique étant de plus en plus délaissée par les générations plus jeunes.
Plusieurs procédures pénales aux États-Unis
Au cours des dernières années, plusieurs Américaines qui soupçonnent le talc d’être à l’origine du développement de leur cancer de l’ovaire ont intenté des procès à des fabricants et obtenues des dédommagements financiers considérables.
Ainsi, en mai 2016, un tribunal de Saint-Louis (Missouri, États-Unis) a condamné la firme, ainsi que Imery’s Talc, à verser 110,5 millions de dollars à une femme atteinte d’un cancer des ovaires depuis 2012.
En août 2017, un tribunal de Los Angeles (Californie, États-Unis) a condamné le fabricant de cosmétiques américain Johnson & Johnson à reverser 417 millions de dollars, (soit 353 millions d’euros) à une femme qui accuse leur produit phare, le talc « Baby Powder », d’avoir provoqué son cancer des ovaires, diagnostiqué en 2007. Âgée de 63 ans à l’époque, la plaignante avait utilisé quotidiennement ce produit à des fins d’hygiène intime entre 1950 et 2016.
Lors du procès, le jury a estimé que la marque n’avait pas assez informé ses clients sur les risques liés à l’utilisation du talc en s’appuyant sur des études scientifiques. Mais également sur des documents internes de Johnson & Johnson, présentés lors d’un précédent procès, qui démontrent que le groupe était parfaitement au courant de dangers potentiels du produit sur la santé.
En 2018, le géant pharmaceutique américain a également été condamné par un tribunal du Missouri à verser 4,7 milliards de dollars à 22 femmes qui affirment que de l’amiante se trouvant dans les produits en poudre de talc de la société était à l’origine du développement de leur cancer de l’ovaire.
En effet, des inquiétudes au sujet d’une possible contamination du talc minéral par l’amiante, qui se forment souvent côte à côte dans la nature, sont émises depuis les années 1970. L’amiante est une substance cancérogène avéré pour l’Homme selon le Centre International de Recherche pour le Cancer (CIRC).
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