Sur les rives du Lac Léman, le refuge secret de Caroline Scheufele

Dans son écrin luxuriant, sur les rives du lac Léman, la maison de la coprésidente et directrice artistique de Chopard reflète ses goûts éclectiques et son sens de la théâtralité.

On dirait le sud. Sauf que la maison de Caroline Scheufele, coprésidente et directrice artistique de Chopard, n’est pas à Florence, au bord de l’Arno, mais en Suisse, sur les rives du lac Léman. Qu’importe, elle affiche sa façade ocre orangé aux volets verts de villa palladienne et une multitude d’agrumes en pots : orangers, citronniers, mandariniers, bergamotiers, pamplemoussiers. Quand, il y a trente ans, le père de Caroline lui a offert cette demeure, elle est tout de suite tombée amoureuse des arbres. Cèdres bleus et rouges, pins immenses, chênes centenaires, acacias, tilleuls et, surtout, ce Ginkgo biloba dont les feuilles tapissent le sol de jaune. «Ce sont des feuilles d’or qui ressemblent aux cadres des tableaux», précise-t-elle.

Un parc de trois hectares, comme un écrin à cette maison qui porte précisément un nom d’arbre : Les Mélèzes. Un jardin potager extraordinaire la précède, avec des parterres de légumes ou de fleurs, délimités par du buis et des allées en gravier, lieu idéal pour pique-niques chics. De l’autre côté, une pente douce conduit au lac, avec vue hypnotique propice à la contemplation sur le mont Blanc. «Quand la montagne est trop nette, c’est qu’il va pleuvoir. En revanche, si elle est floue, c’est un signe de beau temps», explique la maîtresse des lieux. Sa maison, elle l’a complètement transformée, construisant une aile par-ci, rajoutant des plafonds à caissons ou des parquets Versailles par-là. Elle l’a meublée au fil de ses coups de cœur, de ses trouvailles. Pas de décorateur d’intérieur ici, seul son goût éclectique prévaut.

Caroline Scheufele le martèle : elle affectionne les mélanges et ne s’interdit rien. À chaque pièce, son ambiance. La cuisine, spacieuse, ergonomique et moderne, lithographies de Picasso aux murs et compotiers regorgeant de fruits sur des consoles, possède deux énormes ficus qui, de chaque côté de la porte-fenêtre, encadrent le paysage. L’office, habillé entièrement de meubles de pharmacie anciens dont les vitrines exposent des séries de verreries, joue sur le contraste et des effets de transparence. Le petit salon, lui, est recouvert de tableaux aux scènes champêtres : «À 16 ans, mon père m’a demandé ce que je voulais pour mon anniversaire. J’ai répondu un tableau de mouton. Depuis, je les collectionne…» Une autre jeune fille, selon l’usage, aurait souhaité son portrait effectué par un peintre reconnu. Caroline Scheufele, modeste, a préféré la représentation de ces animaux de ferme.

On dirait le sud. Sauf que la maison de Caroline Scheufele, coprésidente et directrice artistique de Chopard, n’est pas à Florence, au bord de l’Arno, mais en Suisse, sur les rives du lac Léman.

Un parc de trois hectares, comme un écrin à cette maison qui porte précisément un nom d’arbre : Les Mélèzes.

La nature est omniprésente chez Caroline Scheufele.

Comme une villa du Sud, avec ses parasols, ses pots de citronniers, sa glycine qui court et son jasmin qui embaume…

Elle en possède de toutes sortes, des siècles passés, des contemporains. Le clou, signé Émile Jacques, a son pendant, un mouton-sculpture de François-Xavier Lalanne qui trône dans le jardin. Dans le grand salon, à nouveau des étagères de pharmacie florentines, dont le bois apporte chaleur et protection. Et, sur les murs tendus de tissu rouge, des gravures de Chagall – dont Caroline Scheufele apprécie l’onirisme – entourent une toile de Renoir. Tout l’art de vivre de Caroline Scheufele est visible dans la salle à manger avec une nappe Noël, des verres Baccarat, jusqu’au chemin de table piqué d’hortensias qui fait écho aux natures mortes de fleurs. Les meubles sont russes, viennois, allemands, français, même si l’Italie sert de fil conducteur, du rouge pompéien des canapés aux effluves de pot-pourri de Santa Maria Novella, en passant par cette table en marqueterie de marbres du XVIe siècle. Les espaces extérieurs se déclinent en jardins d’hiver et terrasses fleuries où ses chiens, Byron, Piccolo, Martini, Tania, Lalla, Einstein (elle en a six) sont rois.

La visite n’est pas finie… Il convient de descendre au sous-sol aménagé par Caroline Scheufele. Où l’on comprend que ses nuits sont peut-être encore plus belles que ses jours. Spa, cave à vins, salle à manger d’hiver et son imposante cheminée… conduisent au garage qui, lors des fêtes, se métamorphose en boîte de nuit escortée d’un bar scintillant. Rêveuse, inspirée, à la fois nostalgique et gaie, aimant les couleurs, les saisons, les pivoines, Caroline Scheufele pourrait reprendre à son compte cette phrase d’Edith Wharton issue de sa nouvelle, La Plénitude de la vie : «J’ai parfois pensé que la nature d’une femme est comme une grande maison pleine de pièces…»

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