Sociopathe : les signes qui permettent de le reconnaître

Comment reconnaître un(e) sociopathe ? Quels sont les signes à identifier ? On fait le point avec Antoine Spath, psychologue clinicien.

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Sociopathe : de quoi parle-t-on exactement ?

Un peu d’étymologie. Le mot  » sociopathe  » se compose du mot latin  » socius  » (qui fait référence à un ami, à un camarade) auquel on a accolé le suffixe issu du grec ancien  » -pàthos  » (qui correspond à une souffrance, à un état pathologique).

Sociopathie : définition. «  La sociopathie est un trouble de la personnalité  » explique Antoine Spath, psychologue clinicien. La sociopathie est reconnue par le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM), le manuel de référence en psychiatrie qui est édité par l’Association américaine de psychiatrie (APA).

 » Le sociopathie souffre d’un rapport à l’Autre qui est perturbé : il utilise autrui plutôt que de vivre avec. L’Autre n’est pas une personne, c’est une ressource, détaille le psychologue clinicien. Il se caractérise par une rébellion constante à l’autorité et un mépris des normes sociales. « 

«  On peut décrire la sociopathie comme une psychose blanche : ce sont des personnes psychotiques, mais sans les hallucinations et la partie délirante  » ajoute Antoine Spath. À noter : la sociopathie est un trouble de la personnalité qui concerne davantage d’hommes que de femmes, bien que les deux sexes puissent être concernés.

Sociopathe : quels sont les signes ? Comment le reconnaître ?

Premier signe distinctif : la personne sociopathe est dans l’incapacité de s’adapter à une structure sociale.  » Ce sont des personnes qui vont être mal à l’aise dans le cadre de l’entreprise, de la famille, du couple ou même du groupe associatif : ce sont des personnes qui vont tenter de faire exploser les structures sociales en se rebellant contre l’ordre et l’autorité  » remarque Antoine Spath.

À ce titre, les sociopathes n’éprouvent que du mépris pour les lois et les règles de la société : les règles sociales (dire  » merci « , s’excuser…) n’ont pas de sens pour eux, et ils se sentent au-dessus des lois (le code de la route, par exemple). Ils peuvent ainsi afficher une personnalité très arrogante, voire un narcissisme exacerbé.

Par ailleurs, les personnes sociopathes ont tendance à être dans l’impulsivité et dans la colère : «  c’est là toute la différence entre un sociopathe et un psychopathe, note le psychologue clinicien. La personne psychopathe adoptera également un comportement rebelle vis-à-vis de la société, mais se comportera de façon plus calculée, plus structurée : elle cherchera à détruire l’ordre et l’autorité de manière ciblée, stratégique. A contrario, la personne sociopathe piquera des colères noires : elle sera plutôt du genre à être dans l’impulsion, dans l’explosion de violence. Le sociopathe renverse la table, casse la vaisselle, se met à hurler… lorsqu’il se sent contraint par une structure sociale ou par une règle à laquelle il n’adhère pas. « 

Dernier signe distinctif auquel on peut prêter attention : «  le sociopathe se caractérise par un manque d’empathie envers autrui, ajoute Antoine Spath. Il est dans l’incapacité de se mettre à la place de l’Autre, de ressentir de la joie ou de la peine pour quelqu’un « .

Parce qu’ils sont dans l’incapacité de ressentir de l’empathie pour leur entourage, les sociopathes sont souvent d’excellents manipulateurs : «  ils n’ont pas d’amis au sens strict : ils sont entourés de ressources potentielles, c’est-à-dire d’outils  » précise le psychologue. Ils peuvent également mentir avec facilité, et se montrer particulièrement stoïques dans les situations les plus difficiles (lorsqu’un proche vit un deuil, par exemple, ou lorsqu’il a subi un traumatisme) sans éprouver de remords ou de honte.

Sociopathie : ça se soigne ? Quelle prise en charge ?

Malheureusement, la sociopathie est un trouble de la personnalité qui est extrêmement difficile à prendre en charge :  » en effet, le psychologue et le psychiatre sont perçus comme faisant partie de  » l’ordre établi « , de  » l’autorité « , par les personnes sociopathes qui refusent donc toute forme de traitement  » détaille Antoine Spath.

«  Les personnes sociopathes peuvent consentir à prendre rendez-vous chez un psychologue ou chez un psychiatre lorsqu’elles sont poussées par leurs proches ; toutefois, elles s’y rendent par complaisance et n’adhèrent pas au processus de la psychothérapie. La prise en charge est donc compliquée. « 

À savoir. On l’a dit : la sociopathie se caractérise par de l’impulsivité, et une attitude violente et transgressive :  » les sociopathes peuvent donc avoir un profil de délinquance, bien que ça ne soit en rien systématique : ils peuvent être coupables d’agressions physiques, de violences urbaines, de vols…  » ajoute le psychologue.

Merci à Antoine Spath, psychologue clinicien à Paris.

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