Sigrid Undset, Selma Lagerlöf, Grazia Deledda, Gabriela Mistral, Pearl Buck : les pionnières du prix Nobel de littérature

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Depuis sa création en 1901, elles sont quinze femmes à avoir obtenu le prestigieux prix littéraire. Focus sur cinq pionnières.

Sigrid Undset, la saga de la condition féminine

Originaire d’une famille dano-norvégienne, Sigrid Undset (1882-1949) est profondément marquée par la mort de son père, archéologue éminent, alors qu’elle n’a que 11 ans. Il lui lègue l’amour de l’histoire, des sagas et de la mythologie scandinave, qui imprègnent une œuvre riche de plus de trente romans, imprégnée de foi catholique, dont le sommet reste la trilogie médiévale Kristin Lavransdatter. Egalement romancière de la condition féminine de son époque et des amours tragiques, cette femme de conviction, nobélisée en 1928, entre en résistance contre l’envahisseur nazi en 1940, ce qui lui vaudra d’être décorée par la Norvège.

Selma Lagerlöf, pionnière aux oies sauvages

La suédoise est la première à recevoir, en 1909, le prix de littérature de la prestigieuse académie basée à Stockholm. Née en 1858 dans une vieille famille de l’ouest du pays, Selma Lagerlöf est institutrice avant de découvrir le monde (Italie, Palestine, Egypte) et de se consacrer à la littérature. Son roman le plus fameux, Le merveilleux voyage de Nils Holgersson à travers la Suède, lui a été commandé pour enseigner la géographie aux enfants. Cette histoire d’un garçon volant sur une oie est portée, comme toute son œuvre, par une imagination lyrique enrichie de contes locaux. Devenu un classique, le livre a été adapté au cinéma. Son succès, conjugué au Nobel, permet à l’auteure de réaliser son rêve : racheter le domaine familial qui avait été vendu.

Grazia Deledda, chantre de la Sardaigne

Cette romancière italienne a obtenu le prix Nobel de littérature en 1926. Elle naît en 1871 en Sardaigne dans une famille de la classe moyenne. Autodidacte, sa vocation littéraire est précoce et intarissable. Grazia Deledda publie au total 36 romans et 15 recueils de nouvelles, la plupart écrits à Rome où elle a déménagé avec son mari. C’est pourtant la Sardaigne traditionnelle et rurale, avec ses codes antiques et ses légendes folkloriques, qui est le substrat de son œuvre (Cendres, Roseaux au vent, Incendie dans l’oliveraie). Proche du naturalisme, sa plume explore avec une sensibilité rare les émois de l’âme humaine. De caractère réservé, voire taciturne, Grazia Deledda reçoit la plus haute récompense sans un sourire. Elle s’éteint à Rome en 1936.

Gabriela Mistral, poétesse politique

Née au Chili et abandonnée par son père à l’âge de 3 ans, Lucila de Maria del Perpetuo Socorro Godoy Alcayaga connaît une enfance humble à la fin du XIXe siècle auprès de sa mère institutrice dans un hameau des Andes. Ceci explique sa vocation littéraire et son combat humaniste sous le nom de Gabriela Mistral, pseudonyme emprunté aux poètes Gabriele D’Annunzio et Frédéric Mistral. Son œuvre poétique, récompensée en 1945 par l’académie suédoise, dénonce la condition des enfants et des femmes en Amérique latine, « aliénée par la tradition et les structures sociales ». Elle porte son engagement en voyageant sur tout le continent et en Europe, jusqu’à son décès à New York en 1957.

Pearl Buck, l’amour de la Chine

Née en Virginie-Occidentale en 1892, Pearl Sydenstricker, fille de missionnaires presbytériens, vit ses vingt premières années en Chine. Après son mariage, elle y passe encore plus d’une décennie qui marquera une œuvre foisonnante : nouvelles, théâtre, essais, poèmes, biographies et romans, écrits sous son nom de femme mariée, Pearl Buck, ou sous le pseudonyme de John Sedges. Vent d’Est, vent d’Ouest, puis La Terre chinoise (livre pour lequel elle est la première femme à recevoir le prix Pulitzer, en 1932), romans qui dépeignent de manière épique la condition paysanne chinoise, lui apportent une grande reconnaissance et le prix Nobel en 1938. Après son divorce, elle épouse son éditeur avec qui elle adoptera six enfants. Elle disparaît en 1973.

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Article paru dans le numéro Femme Actuelle Jeux Histoire n°13 mai-juin 2020

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