Signification des rêves : les règles d'or pour apprendre à les interpréter

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Absurdes ou riches de sens ? La réponse à la question que tout rêveur se pose : nos rêves ont un sens, que l’on peut décrypter. Petite méthode pour en savoir plus.

Nos rêves nous font rire, nous intriguent, nous terrifient, nous émerveillent ou nous indiffèrent. Ils peuvent nous poursuivre tout au long de la journée ou se dissiper au réveil sans que l’on puisse les retenir. Lorsqu’on ne s’en souvient pas, on a rêvé quand même. Mais comment interpréter ses rêves ? à quoi riment ces scénarios énigmatiques,  » sans queue ni tête  » ? Pour ceux qui les jugent absurdes et n’en veulent rien savoir, ils ne servent à rien. Dans ce cas, pourquoi se manifestent-ils ? Les neurosciences nous apprennent qu’ils contribuent, entre autre, au bon fonctionnement de notre cerveau, optimisent la mémorisation et consolident les apprentissages. Mais pourquoi le cerveau recourt-il à des mises en scène si sophistiquées ?

Cette question qui a interrogé tous les grands esprits depuis la nuit des temps a fasciné Freud, qui a vu dans les rêves  » la voie royale vers l’inconscient « , c’est-à-dire la partie la plus méconnue et néanmoins active de notre psychisme. Car c’est dans l’inconscient que se tapissent nos pulsions et nos désirs inavouables, censurés par notre notre conscience en état d’éveil. Sauf que plus on ignore ses messages, plus il mène le jeu à notre insu. Décrypter nos rêves nous aide à nous familiariser avec cet  » intime étranger « . Car l’inconscient est très bavard et a besoin d’être entendu, à défaut d’être compris ! A condition d’admettre qu’il a son propre langage, avec sa propre logique et ses propres lois. En le traduisant à l’aide de la psychanalyse, nous pourrons mieux nous connaître et reprendre ainsi  » la main  » sur le cours de notre vie. Le psychanalyste Jean-Pierre Winter nous guide dans cette fascinante exploration… de nous-même.

Interprétation des rêves : comment acquérir la méthode ?

Pour Freud, puis Lacan, le rêve s’apparente à une forme de rébus, d’œuvre littéraire mettant en images tout ce qu’on s’interdit de penser en mots, nous explique le psychanalyste Jean-Pierre Winter. Plus la censure est sévère, plus les moyens auxquels recourt l’inconscient pour s’exprimer sans se trahir seront ingénieux. C’est ainsi, que le récit, ou « contenu manifeste », peut prendre des airs de scénario très créatif, parfois étrange.

  • Pour découvrir la signification du rêve, son véritable message, il est nécessaire « éplucher » le rêve, repasser, phrase par phrase, par chacune des étapes qu’il a savamment construites, en suivant la méthode des associations libres sans chercher sa logique rationnelle : « A quoi ce mot me fait-il penser ?(à moi seul) », « Qu’est-ce que cette couleur évoque pour moi ?« … Et accueillir l’évocation comme elle vient. Comme dans un tableau, chaque détail compte : lieu, époque, personnages, objets, situations, mots exprimés, nombres …
  • Attention aux liens trop évidents qui ne sont pas forcément les plus signifiants. A l’inverse, les indications qu’on est tentées d’écarter trop vite (dénégation) méritent toute notre attention. Comme les lapsus ou les actes manqués ! (Par exemple, prétendre  » d’accord elle me fait penser à ma mère, mais ce n’est pas elle ! « ).
  • Pour produire des images et contourner la censure, le rêve condense des éléments disparates, métaphorise. C’est-à-dire qu’il rassemble dans une même figure (personne, mot, objet ) des traits qui appartiennent à des personnes, mots, objets différents.
  • Par un procédé de déplacement, le rêve déplace ainsi (des personnes, des objets) dans le temps ou l’espace, opère des renversements contraires – par exemple, le grand devient petit. Un mot ou un personnage peut être pris pour un autre, une partie peut représenter un tout (par exemple, rêver des mains de quelqu’un). C’est pourquoi l’émotion ressentie au réveil, en réaction à ces images, est souvent trompeuse.
  • Le rêveur parle toujours de lui, à travers des identités multiples. Par le  » retournement contraire « , il peut être représenté par  » l’autre  » du rêve , qui endosse ce que le rêveur veut ignorer de lui-même.
  • Un rêve récurrent serait comparable à une lettre non lue qu’on garde précieusement.
  • « Le rêve est la réalisation hallucinatoire d’un désir infantile « , disait Freud. Son déchiffrement complet est impossible. Si on avait le code, on n’aurait plus besoin de coffre-fort (le rêve crypté)… Ce qui compte, au fond, nous dit Freud, c’est de nous familiariser avec nos désirs interdits, qui doivent être reconnus pour que le rêveur puisse décider consciemment de les réaliser ou pas

Apprenez à voir le sens caché de vos rêves sous les apparences

A partir de quatre rêves et des associations des rêveurs, voici des pistes pour déchiffrer le sens caché de nos songes.

Le rêve de Marie-Hélène, 42 ans : Plaisir et sensualité

  • Le rêve : « Je suis dans un centre naturiste, à la mer (je suis issue d’une famille protestante austère et pudique). Désoeuvrée, je cherche mon conjoint, sans le trouver et je m’inquiète. Arpentant des dunes, je tombe sur un type d’une trentaine d’années, avec un tout petit visage sur un grand corps, l’air très doux. Nous ne nous parlons pas et, comme portés par le vent, nous nous retrouvons corps à corps, jusqu’à faire l’amour. Son sexe est absent, mais je sais que j’ai du plaisir (sans le ressentir dans mon rêve). Puis nous nous quittons, sans un mot.« 
  • Les associations de la rêveuse : « Je suis calme, nostalgique. Je pense à ma mère, à laquelle j’étais si attachée qu’on se demandait si je n’étais pas un peu attardée ! (j’ai longtemps dormi avec sa chemise de nuit !). Ce n’est qu’en retournant chez mon boucher la semaine suivante que j’ai reconnu l’homme de mon rêve. Surprise, incompréhension, dégoût : je n’achète de la viande (qui me dégoûte) que pour mon conjoint. Et je ne trouve cet homme ni beau ni séduisant.« 
  • Le regard du psychanalyste : Le rêve utilise souvent des mots équivoques : mer/mère. Marie-Hélène situe l’action dans un centre naturiste. A quel moment est-on tout nu, sans aucune pudeur ? Lorsqu’on est bébé, dans les bras de sa mère. Dans le rêve, c’est le jeune homme « sans sexe », avec lequel elle fait du « corps à corps » qui figure sa mère. Pas étonnant qu’il soit « boucher » : sa fonction est nourricière. C’est un rêve très régressif, qui parle de son premier objet d’amour, sa mère, dont elle ne parvient peut-être pas complètement à se détacher (elle rêve régulièrement qu’elle retombe amoureuse). C’est un lien dévorant, dont elle se défend. Pour qu’il y ait dégoût, dont elle parle, il faut que le goût soit très fort.

Le rêve de Mathilde, 25 ans : Les montagnes russes

  • Le rêve : « Je pars en stage commando avec Théo. C’est éprouvant. On décide de s’enfuir. Sur la route, on se dispute violemment. Je lui ai volé un calepin avec un rendez-vous très important, une opportunité de promotion. Je me rends au rendez-vous : les gens sont plus intéressés par moi que par Théo. Puis je me retrouve dans des montagnes russes, assise entre ma mère et ma grand-mère (une femme forte que j’admire, sans Théo. Je mets ma ceinture de sécurité mais je m’aperçois que mes lunettes 3D sont sales, sans perspective. Je fais un scandale auprès de l’employé. Il est possible que j’aille en prison, dans un pays étranger, dangereux. Je risque gros.« 
  • Les associations de la rêveuse :  » Je me réveille en nage, très angoissée. Je me sens persécutée. L’employé avec qui je me dispute m’ évoque mon père, mort il y a deux ans. J’ai connu Théo à 15 ans et j’ai « grandi » avec lui. Il a connu mon père. Je vis une séparation douloureuse avec Théo (il est sans ambition, j’en ai marre de le « porter ») et suis amoureuse d’un autre homme. Mais il continue de « s’accrocher » à moi. Serai-je assez forte pour y arriver sans lui ? »
  • Le regard du psychanalyste : Le stage « commando » (idée masculine de maîtrise et de dépassement de soi) contraste avec le vocabulaire suivant : Mathilde « vole » (un calepin) dans les airs. Elle est d’ailleurs Théo, ce garçon « mou », « sans ambition », dont elle usurpe la place. Dans les « montagnes russes » – la montagne est toujours difficile à gravir -, elle est coincée entre deux figures féminines, « accrochée » à elles – comme Théo à elle -, propulsée au sommet, mais à quel prix ? « Ceinture de sécurité » résonne avec « ceinture de chasteté ». N’est-ce pas elle qui se persécute et s’impose des exigences trop élevées ? L’employé avec lequel elle se dispute (comme avec Théo) incarne peut-être le père (disparu) censé la protéger et lui donner des « repères » auquel elle reproche son absence.

Le rêve de Dominique, 50 ans : Un monde futuriste

Le rêve : « J’ai environ 7 ans, dans un corps d’une femme plus âgée. Je me trouve dans un monde futuriste. La guerre a tout détruit. J’erre et je tombe sur la maison de mon enfance, qui, elle, bizarrement, tient debout dans les ruines. A la cave, je découvre un mausolée. Sur les murs moisis, des cartes postales et des photos de mon passé, des membres de ma famille, sur plusieurs générations, y compris ceux que je n’ai pas connus. Je sens leur présence.« 

Les associations de la rêveuse : « Je me suis réveillée en larmes, ,très émue. Bizarrement, alors que je déteste les caves et les lieux confinés, je ressens une grande sérénité. Ces disparus, par leur présence, agissent comme s’ils me donnaient enfin une clé pour traverser ce moment difficile de mon existence : ma fille vient de partir de la maison et j’ai une mère très âgée dont je dois m’occuper. J’ai besoin d’y voir clair.« 

Le regard du psychanalyste : L’évocation de la mort (cimetière, mausolée, champ de ruines…) ne doit pas être considérée au premier degré. Elle peut être synonyme de renaissance (renversement). Cette maison qui « tient debout », c’est elle ! Futur, présent et passé se téléscopent dans son rêve. On se demande pourquoi elle tient à descendre à la cave. Comme un enfant qui aurait été « puni » ou mis à l’écart injustement et qui chercherait à comprendre pourquoi. Que va-t-elle y chercher ? Un secret de famille soigneusement enfoui ? La quête de ses origines ? Elle ne le saura jamais, mais aura tenté d’y répondre, en dépassant sa peur. Dominique semble avoir accepté l’idée de séparation, de perte.

Le rêve de Sandra, 30 ans : le retour du père

Le rêve : « Je suis dans une ruelle sombre malfamée, avec des poubelles débordantes. Mon père – mort depuis des années – surgit derrière un réverbère. Il m’attaque sur mes choix de vie en affirmant que jamais il n’acceptera que je ne me marie… Je sens une colère monter, comme de la lave en fusion, et j’explose en hurlant que plus jamais il ne me fera de mal, ni ne me dictera mes choix !« 

Les associations de la rêveuse : « Je me suis réveillée tremblante, mais libérée d’un poids énorme. Comme si je portais jusque-là le deuil très lourd de mon père qui sera absent à mon mariage. D’ordinaire, je n’arrive jamais à me mettre en colère, même quand celle-ci se justifie. Là, j’ai « explosé » et cela m’a fait un bien fou ! Je ne me sens pas coupable mais dans un drôle d’état…« 

Le regard du psychanalyste : Par renversement et déplacement, la « ruelle sombre malfamée » fait peut-être référence, dans l’église, au chemin menant à l’autel, que la mariée emprunte traditionnellement au bras de son père. La rêveuse est-elle cette « poubelle » qui déborde (procédé de la métonymie) ? De colère, mais aussi d’amour ? (déborder d’amour, « lave en fusion »). Au fond, cette colère n’est-elle pas d’abord dirigée contre elle-même, qui s’en veut de préférer son père à son futur mari ? Sandra met en scène la problématique de l’inceste, son fantasme de petite fille, dont elle se protège grâce à la « censure ». Qu’importe si elle ne le touche pas du doigt. C’est déjà assez pour aborder plus sereinement sa prochaine étape de vie.

La face cachée de nos rêves

  • Des scénarios communs. Chute, nudité, perte de dents, vol dans les airs, poursuite… Freud a appelé  » rêves typiques « , ces scénarios que nous avons tous éprouvés en rêve au moins une fois et en leur concédant, à eux seuls, une interprétation en partie systématique.
  • Des résidus archaïques. Pour Freud toujours, ces rêves auraient les mêmes sources chez tous les hommes. Ils seraient les résidus archaïques d’une expérience ancestrale.
  • La condition humaine. S’y jouent des thèmes clés de l’existence humaine : perte, rapport à l’autre, au corps, à la sexualité… Sans se réduire à un guide des symboles : ils se nouent à partir de ce que vit la personne, son histoire, ses peurs, ses désirs.
  • L’inconscient collectif. Pour Carl Jung, élève de Freud puis son principal opposant, ils nous relient à un « inconscient collectif », via des archétypes universels représentant nos instincts.
  • Le sommeil paradoxal. En sommeil paradoxal, les neurologues constatent que le cerveau ne perçoit plus l’information sensorielle liée à la pesanteur (le corps est vraiment paralysé) et produirait des scénarios pour expliquer cette absence. D’où les rêves où courir, fuir est impossible.
  • Le sens psychique. Pour les psychanalystes, cela n’explique pas pourquoi on ne les fait pas plus souvent. Le rêve de nudité, par exemple, survient vers 5 ans, avec l’apparition de la pudeur. Et c’est pendant la période de « latence » (des pulsions, vers 8 ans) que le cauchemar d’être nu à l’école est le plus fréquent.

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