Peur de décevoir, de recevoir du monde, de ne pas réussir le repas, que la conversation tourne mal ? Stop, cette année, on change d’approche !
Parole d’ expert : Sylvie Captain-Sass, Neuro-artiste, docteure en art et sciences de l’art, spécialiste et formatrice à la créativité humaniste Le Cerveau ou la fabrique du bonheur, éd. Dangles.
À l’heure des listes au père Noël, la course contre la montre a débuté et si les trois-quarts des Français apprécient cette période, ils sont autant à qualifier l’achat des cadeaux de source de stress, selon une récente étude de King Jouet ! Alors que les images d’Épinal font rimer les célébrations de fin d’année avec bonheur, partage et tradition, 35 % des Français les voient comme « une obligation » qu’ils « redoutent » (sondage Opinionway – Amaguiz 2021). Que ce soit l’idée de revoir à nouveau l’oncle Gérard qui vous angoisse ou de rater la dinde, découvrez ce qui se joue au niveau de votre cerveau et quels moyens permettent de mitiger les inquiétudes.
France Dimanche : En quoi passer Noël en famille peut s’avérer un moment aussi apprécié que redouté ?
Sylvie Captain-Sass : Être très content de voir sa famille et de s’offrir un bon moment avec elle n’empêche pas que cette période fasse aussi ressortir les jalousies, les comparaisons, les jugements. La tension peut être à la mesure de l’attente. C’est un moment révélateur d’un état global mais il ne faut pas espérer résoudre des situations problématiques ce jour-là. C’est rarement l’occasion d’un avant et d’un après.
FD : En quoi notre cerveau est à la fois le problème et la solution ?
SCS : Notre cerveau fonctionne suivant deux modes mentaux : le limbique, qui traite rapidement les informations et apporte une réponse rapide grâce à ce qu’on peut appeler les autoroutes de la pensée, liées notamment à nos habitudes et à notre histoire. Il se met en alerte lors de situations difficiles et laisse parfois nos émotions nous emporter. Pour quitter cette spirale, il est possible de prendre de la distance en inspirant profondément et en analysant ce qui se joue. Passer du « je suis » (triste ou en colère) au « je ressens ». À ce moment-là, c’est le mode mental préfrontal qui prend le dessus, celui qui permet d’adopter du recul, qui cherche, analyse, crée. C’est le cerveau rationnel. Il nous rappelle que nous ne sommes ni nos émotions ni nos pensées. On ne répond plus de manière viscérale mais on laisse la place à la créativité.
FD : À quoi pensez-vous quand vous parlez de pensée créative ?
SCS : La créativité est souvent l’art d’effectuer un détour pour trouver la solution la plus adaptée à une situation – solution qui ne nous apparaissait pas au départ. Il s’agit d’une authentique posture, d’un regard différent qu’on pose sur le monde, d’une capacité d’ouverture, de curiosité qui permet de sortir des recettes toutes faites. Par exemple, je peux choisir de ne pas me laisser entraîner dans une colère ou un débat. Parfois, un silence bienveillant vaut mieux face à quelqu’un qui ne parvient pas à entendre ce que vous voulez dire. Je peux aussi proposer que l’on trouve ensemble au préalable la meilleure façon de passer les fêtes. Sans être trop dans l’attente, je peux aussi me dire que c’est l’occasion de donner le meilleur de moi-même, tout en acceptant que tout le monde ne soit pas dans le même état d’esprit.
Le Cerveau ou la fabrique du bonheur, Sylvie Captain-Sass, éd. Dangles (22,00 €)
POUR SE PRÉPARER EN AMONT
- Écrivez un journal – ce que certains nomment les pages matinales (qui peuvent être rédigées à n’importe quelle heure, du reste). Laissez aller votre esprit et votre stylo, et notez tout ce qui vous vient concernant ce moment qui se profile. Sans vous en rendre compte, vous préparerez votre mental et prendrez de la distance en acceptant qu’il puisse y avoir des difficultés.
- Identifiez le besoin qui n’est pas satisfait et qui se cache derrière l’émotion qui ressort (peur, angoisse, colère, tristesse). Pourquoi vous angoissez-vous ? De quoi avez-vous peur ? De ne pas être reconnu, écouté, respecté ?
- Prévoyez ce qui peut se passer, visualisez l’arrivée des invités, leur fatigue éventuelle, leur indisponibilité… Il s’agit d’accueillir tous les possibles : positifs, comme négatifs.
- Rappelez-vous une expérience dont vous êtes particulièrement fier. Fermez les yeux et profitez. N’hésitez pas à réactiver ce souvenir en cas de doute.
- Secouez les mains pendant environ trois minutes pour libérer les tensions, réveiller le corps et calmer un cerveau en surchauffe.
Remèdes SOS pour le grand soir
- Dirigez votre attention vers vos perceptions corporelles pour stopper une cascade d’émotions : sentez l’air froid qui entre dans vos narines et l’air chaud qui en sort, concentrez-vous sur vos appuis, vos pieds au sol, votre dos sur la chaise…
- Remplacez « je n’y arrive pas » par « je suis en train d’apprendre ».
- Relevez les points positifs de la situation, puis ce que vous pensez devoir changer.
- Interrogez-vous : « suis-je en danger ? », puis « de quoi ai-je besoin ? », afin d’élaborer un plan d’action pour y répondre.
- Enfilez des lunettes positives. Imaginez-les de la couleur dont vous rêvez, d’une forme extravagante ou non, et posez-les mentalement sur votre nez pour voir la vie en rose, regardez le verre à moitié plein et tous les petits bonheurs que la situation vous apporte. ¦ Adoptez la phrase magique « je t’entends mais je n’ai pas la même perception », à sortir face à quelqu’un qui souhaite imposer un point de vue sans écouter.
- Souvenez-vous que vous n’êtes pas obligé d’entrer ou de vous laisser entraîner dans un débat déjà rejoué maintes fois.
- Oubliez les boîtes et les étiquettes qui résument les personnes, pour poser un regard neuf sur ceux qui vous entourent et les redécouvrir sans a priori.
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Les secrets du cerveau
Comment vieillit-il ? Comment l’entretenir ? Quel est l’impact de l’amour ? Le docteur Steven Laureys, neurologue réputé, fait le point sur cette unité centrale du corps humain située dans notre tête, grâce à 100 dessins et schémas dans le livre Cerveaugraphie, publié chez Hachette, collection La Maison pratique (19,95 €).
Julie BOUCHER
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