- Avec les succès de SpaceX, on ne parle plus que d’Elon Musk, véritable objet de fascination médiatique.
- Milliardaire touche à tout, l’entrepreneur est l’un des principaux acteurs du futur.
- Luc Mary, qui a écrit la biographie Elon Musk, l’homme qui invente notre futur, revient sur ce personnage atypique qui a confié être atteint du syndrome d’Asperger il y a quelques jours.
Son nom est associé à la conquête spatiale, à la voiture électrique de luxe, à l’homme augmenté, et même récemment aux monnaies virtuelles… Elon Musk bâtit un futur à l’image qu’il se fait du monde de demain. Ambitieux, visionnaire, l’entrepreneur milliardaire touche à tout inonde les médias depuis plusieurs mois que ce soit au sujet de
SpaceX, des implants cérébraux de NeuraLink, de sa passion pour les blockchains…
Invité ce samedi soir du Saturday Night Live,
il a révélé être atteint du syndrome d’Asperger (SA). Retour sur le parcours hors norme de l’un des hommes les plus riches du monde avec Luc Mary, auteur de Elon Musk, l’homme qui invente notre futur (éditions L’Archipel), paru ce jeudi.
Pourquoi avez-vous souhaité écrire sur Elon Musk ?
J’ai écrit des biographies sur Hannibal, les Romanov… Ces personnages sont morts depuis longtemps. Ils n’ont aucun rapport avec Elon Musk, mais il s’avère qu’une de mes grandes passions, c’est la conquête de l’espace. J’ai d’ailleurs écrit plusieurs livres à ce sujet, notamment 100 idées reçues, contrevérités et faits insolites sur la conquête de l’espace (L’Archipel). Ce qui m’intéressait chez Elon Musk, c’est SpaceX. Pour moi, c’est l’homme qui a réveillé le rêve spatial, en panne depuis la chute de l’Union soviétique. Il a redonné espoir à l’humanité. Il sait que l’humain est voué à devenir une espèce multiplanétaire à plus ou moins long terme.
Qu’est-ce qui vous a surpris en écrivant sur ce personnage ?
Il n’abandonne jamais. Il croit en ses rêves. D’ailleurs, dans une récente interview, il dit au sujet de la conquête de Mars : « Un groupe de personnes mourra probablement au début ». Pour lui, l’échec -le mot est faible- fait partie de la conquête spatiale. L’accident fait partie de l’épopée. Cela étant, la navette spatiale américaine a subi deux accidents et c’est ce qui a sanctionné sa fin. Idem pour le Concorde. De 2011 à 2020, c’était les vaisseaux Soyouz qui transportaient les astronautes et les cosmonautes sur la station spatiale internationale. Pendant dix ans, les Américains étaient dépendants des Russes. Et le 30 mai 2020, pour la première fois dans l’histoire de la conquête de l’espace, un vaisseau spatial fabriqué par une entreprise privée, SpaceX, a réussi un vol habité de la Terre à
l’ISS. Evidemment, ce n’est pas un exploit d’aller sur l’ISS, mais le fait que ce soit un vol privé habité en est un. Sa grande ambition, c’est Mars.
Pourquoi comparez-vous Elon Musk à Howard Hughes plutôt qu’à Steve Jobs, par exemple ?
Howard Hughes était un entrepreneur qui est mort en 1976. Il était l’un des hommes les plus riches et les plus influents des Etats-Unis. Il était à la fois inventeur, aviateur, constructeur aéronautique, réalisateur de cinéma et homme d’affaires. Il était charismatique et polyvalent comme Elon Musk. Pour moi, Elon Musk, c’est plutôt un Walt Disney de l’espace. On reparle de l’espace grâce à lui. Et on reparle de l’espace parce qu’il a mis l’homme au centre de l’espace. Il a réhabilité le vol habité. Le public ne se souvient pas des hommes qui ont voyagé vers l’ISS, il se souvient des hommes qui sont allés sur la Lune. Il serait plutôt un croisement entre Walt Disney et Wernher von Braun, le père des fusées V2. C’était un ancien nazi, mais c’était aussi un génie de l’aéronautique.
Comment expliquer l’aura d’Elon Musk ?
Autrefois, on disait que tout ce qu’il faisait était impossible, à commencer par l’Agence spatiale européenne (ESA). Lorsqu’elle a entendu parler en 2005 des projets d’Elon Musk, de la réutilisation des lanceurs, elle lui a ri au nez. Et finalement, il représente le petit par rapport au gros. La réussite de l’entreprise privée par rapport aux gros de l’industrie nationale. Tesla a damé le pion à Chrysler, à Ford, à General Motors, personne ne voyait d’avenir à Tesla. Il a réussi, là où on le voyait échouer. C’est en cela qu’il plaît au public. Au départ, personne ne lui donnait la moindre chance. Il n’est pas un surdoué des diplômes, il a une licence d’économie et une licence de physique. Il travaille 20 h par jour et il n’abandonne jamais.
Qu’est-ce qui vous fascine chez lui ?
Il modernise l’espace. Les combinaisons des astronautes ont été conçues par un costumier hollywoodien. Elles ressemblent à des combinaisons de bande dessinées, de Blake et Mortimer. Il a réveillé notre envie d’explorer le futur. Avant lui, la porte du futur s’était refermée. Son éclectisme me fascine. Il croit à l’avenir de l’homme dans l’espace. C’est une espèce de globe-trotter du système solaire. Non seulement, il veut conquérir l’espace mais il veut aller plus loin. Ils vont envoyer des hommes aussi autour de Jupiter. Un voyage vers Mars c’est six mois, un voyage vers Jupiter, qui est entourée d’un cortège de satellites, c’est cinq ans l’aller avec nos moyens actuels. Elon Musk sait très bien qu’il ne verra pas de son vivant le tourisme spatial sur Mars, mais il veut être inhumé sur Mars.
Si vous deviez décrire le futur muskien, à quoi ressemblerait-il ?
C’est un futur qui réconcilie la technologie avec l’environnement. Un futur à la fois écolo et technologique. Sans avion, sans train. L’avenir du rail passe par l’absence de rail [le projet Hyperloop est un train à grande vitesse qui ne nécessite pas de rails]. Je pense que le futur décrit par Elon Musk est plus conforme aux souhaits des écolos, que le futur vu par Total, par exemple.
Comment se démarque Elon Musk de Mark Zuckerberg, fondateur de Facebook, ou Jeff Bezos, fondateur d’Amazon ?
On le met toujours en concurrence avec Jeff Bezos ou
Mark Zuckerberg, mais l’argent n’est pas le moteur de sa vie. Il se fiche d’avoir un million de dollars ou 200 millions de dollars, il veut de l’argent pour réaliser ses « jouets technologies ». C’est la même espèce : des hommes qui croient en leurs rêves. Il est vrai que Jeff Bezos s’intéresse à l’espace, avec Blue Origin, mais depuis peu de temps. Elon Musk s’y intéresse depuis son adolescence. Et il en a bavé au cours de sa vie. A l’école, il était le souffre-douleur de ses camarades. Il a été envoyé à l’hôpital parce qu’on l’a précipité en bas d’un escalier. Il a quitté le pays en 1988, à l’âge de 18 ans pour échapper au service militaire. Au Canada et aux Etats-Unis, il a fait des petits boulots. Il a travaillé dans une scierie, il a été bûcheron, agriculteur… Il n’a pas roulé sur l’or toute sa vie. En revanche, les fusées, les bandes dessinées de science-fiction, ça l’a toujours fasciné.
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Quel est votre futur avec Elon Musk ?
S’il décroche Mars, j’écriai un deuxième volume. Il faut se demander quel serait le monde sans Elon Musk : on ne parlerait pas de l’espace. Il manquerait une dimension de rêve. La Nasa a choisi SpaceX pour envoyer les prochains astronautes américains sur la Lune. L’intérêt de la Lune c’est de servir de tremplin pour la future colonisation des planètes du système solaire parce que l’apesanteur est six fois plus faible que sur Terre. L’intérêt de la Lune, c’est aller plus loin. Ça fait partie de l’histoire des explorations de l’humanité. L’humain a la soif de découvrir des mondes qui pourraient nous sauver.
Sur la Lune, on trouve de l’hélium-3 qu’on ne trouve pas sur Terre. Et si on domestique cette énergie, on pourrait s’affranchir définitivement du pétrole. Sans Elon Musk la Terre serait peut-être perdue.
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