- Le saignement du nez : une hémorragie souvent bénigne
- Ce que peuvent cacher ces écoulements
- Saignements de nez : les bons gestes à connaître
- Comment en venir à bout ?
“Petite, je saignais dès qu’il y avait du soleil”, témoigne Louise. “Moi, c’est dès que je suis fatiguée”, affirme de son côté Mariana. “Depuis un test antigénique qui s’est mal passé, mon nez saigne fréquemment, raconte Alexandre, dès que je me mouche, ça coule”.
Les saignements de nez – épistaxis, en jargon scientifique – sont généralement bénins, en plus d’être très courants. « 60 % de la population générale présente au moins 1 fois dans sa vie un saignement de nez. La fréquence est comparable chez l’enfant et chez l’adulte », indique l’Assurance maladie.
Pourtant, là où certains témoignent de saignements réguliers, d’autres disent ne l’avoir jamais expérimenté. Alors, doit-on s’inquiéter quand on saigne souvent du nez ? Qu’est-ce qui peut l’expliquer ? La médecin généraliste Jeanne-Charlotte Pesquidous répond à toutes les questions.
Le saignement du nez : une hémorragie souvent bénigne
L’épistaxis se manifeste par un écoulement sanguin plus ou moins important, provenant le plus souvent d’une seule narine. À l’intérieur du nez, de très nombreux capillaires sanguins fragiles convergent dans la muqueuse des fosses nasales.
Ils servent à “réchauffer et humidifier l’air inspiré”, comme le précise l’Assurance Maladie. On appelle ce carrefour sanguin, la tâche vasculaire. Et l’épistaxis se déclenche “lorsque l’un de ces vaisseaux est fragilisé”, vulgarise le Dr Pesquidous.
Idiopathiques – sans explication scientifique connue – dans certains cas, il existe pléthore d’explications à ces saignements. En première ligne : les chocs et grattages intempestifs de la muqueuse. “Ce phénomène arrive souvent aux enfants qui ont l’habitude d’insérer des objets dans leur nez”, illustre la médecin.
L’exposition au soleil, à la sécheresse et les changements d’altitude sont d’autres facteurs fréquemment rapportés. Certaines inflammations ORL telles que les sinusites ou les rhinites peuvent aussi provoquer l’épistaxis. Pas de chance : les produits décongestionnants à la cortisone aussi, informe la spécialiste.
Un effort physique intense et une consommation excessive d’alcool sont d’autres causes des saignements de nez. “La prise de drogue par voie intranasale peut aussi faire saigner”, ajoute le Dr Pesquidous.
Ce que peuvent cacher ces écoulements
Mais les saignements de nez doivent tout de même être surveillés quand ils sont trop abondants, qu’ils s’accompagnent de tachycardie ou d’un malaise. “L’hémorragie peut révéler une pathologie plus grave comme une hypertension artérielle ou une tumeur”, prévient la médecin.
L’épistaxis est aussi l’une des manifestations cliniques majeures de la maladie de Rendu-Osler, une pathologie vasculaire génétique rare. D’autres maladies hémorragiques peuvent aussi être à l’origine d’un saignement nasal, à savoir les “thrombopénies (diminution des plaquettes) et thrombopathies (anomalies des plaquettes), l’hémophilie ou encore l’insuffisance hépatique”, énumère le Figaro.
Et certains médicaments anticoagulants – qui visent à fluidifier le sang – peuvent également faire couler du sang de notre nez. “Quand les saignements sont trop récurrents, il faut consulter pour éventuellement rééquilibrer le traitement”, rappelle Dr Pesquidous.
Dans tous les cas, il est préférable de se référer à un professionnel de santé, lorsque les saignements apparaissent de nul part et/ou fréquemment.
Saignements de nez : les bons gestes à connaître
Arrêter un saignement de nez n’est pas difficile, mais il faut le faire “assis, et dans le calme, commence la médecin, qui informe, en outre, que la tension et le stress favorisent le saignement.
Lorsqu’on sent couler le sang, il ne faut “surtout pas pencher la tête en arrière”, mais en avant, pour ne pas qu’il se répartisse dans la gorge.
Ensuite, il s’agit de pincer l’aile du nez avec deux doigts pendant 10 minutes, tout en respirant par la bouche. Ce délai passé, on se mouche pour éliminer les caillots. “Quand le sang ne coule plus, il vaut mieux éviter de se moucher à nouveau pendant les douze heures qui suivent afin d’éviter un nouvel écoulement”, note Dr Pesquidous.
Très efficace dans la majorité des cas, la technique du pincement de nez peut s’avérer inefficace lorsque le saignement est dit postérieur. “Ici, le sang ne coule pas par le nez mais vers la gorge. On sent alors un goût métallique dans la bouche”, souligne Dr Pesquidous.
Selon le Manuel MSD, ce type de saignement peut être mortel, et nécessite une intervention médicale rapide. « Les épistaxis postérieures sont rares et ont tendance à survenir chez des personnes atteintes d’athérosclérose (circulation sanguine réduite ou obstruée dans les artères), de troubles hémorragiques, qui prennent des médicaments qui modifient la coagulation du sang ou qui ont subi une opération du nez ou des sinus », précise le dictionnaire médical.
Dans les cas bénins, la médecin nous explique que l’application d’une mèche hémostatique dans la narine sanguinolente peut être un autre moyen efficace d’arrêter le saignement. Riche en ions de calcium, elle forme un caillot de sang solide et aide à la cicatrisation. Le site du Vidal indique qu’elles sont accessibles en pharmacie.
Comment en venir à bout ?
Il existe certains moyens de prévenir l’épistaxis, qui peut s’avérer vraiment gênant quand il est récurrent.
Par exemple, l’Assurance maladie recommande aux personnes concernées de se moucher “délicatement, d’un côté à la fois” et en ouvrant la bouche, de ne pas mettre les doigts dans son nez, d’humidifier son intérieur et d’éviter les aspirines et anti-inflammatoires s’ils ne sont pas prescrits.
“On peut aussi humidifier son nez avec du sérum physiologique avant de se moucher”, ajoute Dr Pesquidous.
“Lorsque c’est trop fréquent, le patient doit consulter un spécialiste ORL pour mettre en place une cautérisation”, ajoute la médecin. Cette chirurgie sans douleur consiste en l’insertion, dans le nez, d’une tige visant à brûler les vaisseaux sanguins fragiles. “On peut se faire cautériser plusieurs fois dans sa vie”, termine-t-elle.
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