Rupture amicale : comment mettre un terme à une relation qui nous pèse ?

  • Avoir une conversation franche et détaillée
  • Se détacher petit à petit pour ne plus s’exposer à l’autre
  • Ghoster l’autre pour préserver sa psyché
  • Se poser les bonnes questions en amont, pour adoucir la séparation

Si une rupture amoureuse fait parfois éclater le cœur, le chagrin d’amitié est tout aussi douloureux.

Et même si elles sont perçues comme des liens solides difficilement périssables, les relations amicales n’échappent pas non plus à une fin prématurée. Pour différentes raisons, il vaut parfois mieux se séparer.

Menelaos Apostolou, professeur associé de psychologie évolutive à l’Université de Nicosie (Chypre), a longuement travaillé sur l’amitié. Dans son étude publiée en avril 2023, il définit ce lien précieux comme « une relation à long terme d’affection et de soutien mutuels entre des individus génétiquement non apparentés ». Des liens particuliers qui, il le reconnaît, sont souvent difficiles à défaire. 

Il a ainsi listé les meilleures techniques pour se détacher d’une amitié toxique, étouffante ou qui s’est éteinte avec le temps. 

Avoir une conversation franche et détaillée

La plupart du temps, le point final d’une amitié est mis après un conflit de valeurs, la désapprobation de l’entourage, un engagement romantique, une trahison, ou en raison de l’éloignement géographique, avance Menelaos Apostolou.

Et lorsque la relation n’est plus supportable, vient le moment d’acter la rupture amicale. Si avoir une conversation franche et détaillée sur les raisons pour lesquelles cette amitié ne peut plus durer fait partie des stratégies observées, d’autres plus indirectes et radicales existent aussi. 

Se détacher petit à petit pour ne plus s’exposer à l’autre 

À commencer par ne plus passer de temps avec la personne concernée, en ne l’intégrant plus à des plans futurs, en se rendant indisponible ou en minimisant la communication. Là, « il y a une volonté de ne plus s’exposer à l’autre », analyse Sandrine Vialle-Lenoël, psycho-sociologue.

Cette méthode est similaire à celle de la disparition lente et progressive, également relevée par le professeur Menelaos Apostolou.

Ghoster l’autre pour préserver sa psyché 

À l’inverse, le chercheur note l’utilisation du ghosting, même en amitié. C’est-à-dire couper tout contact avec l’autre sans explication.

Si des études antérieures ont prouvé que la démarche pouvait provoquer des douleurs physiques ou augmenter l’anxiété chez les personnes qui en sont victimes, elle peut aussi être salvatrice pour celui ou celle qui l’utilise. « Il n’y a pas toujours de mots à dire sur la séparation. Dire les choses a parfois un vrai coût psychique« , nuance Sandrine Vialle-Lenoël. 

Se poser les bonnes questions en amont, pour adoucir la séparation

Mais la psycho-sociologue est formelle : aucune méthode précise n’existe. Celle-ci dépend entièrement de la relation et des liens entre les deux personnes.

Dans tous les cas, le sentiment de perte est palpable et l’épreuve reste difficile pour toutes les personnes qui composent l’amitié. « Il y a toujours un coût à la séparation, même quand c’était toxique », explique Sandrine Vialle-Lenoël. L’ami ne se résume pas à tout ce qui était mauvais dans la relation, bien que cet aspect ait finalement pris le dessus.

Reste à se comporter du mieux possible et « avec éthique », ajoute notre experte. Ainsi, il est important de se poser les bonnes questions avant de mettre un terme à une amitié. Comment faire pour que cela se passe au mieux pour moi et aussi pour l’autre ? Qu’est-ce qui nous coûte le moins ? 

Il vaut donc mieux opter pour des réponses claires et directes. Si l’on est invité quelque part, « il est préférable de dire que l’on n’est pas disponible et que l’on ne viendra pas, plutôt que de prévenir au dernier moment en laissant traîner. Il faut marquer sa décision pour que l’autre se rende compte que la relation change », prend la psycho-sociologue en exemple.

Dans tous les cas, tirer sa révérence avec égard est toujours plus avisé. « Il faut toujours respecter une partie de l’histoire qu’on a eue avec l’autre, conclut-elle, et respecter ce qu’on a aimé dans cette amitié », pour se détacher avec douceur. 

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