En vidéo – Le 23 avril 2013, le Parlement adoptait la loi ouvrant le mariage civil et l’adoption aux couples homosexuels. Un moment solennel marqué par le vibrant discours de Christiane Taubira.
«Je dois avouer que je suis submergée par l’émotion, j’espère être capable de vous dire quelques mots, je suis extrêmement reconnaissante à M. le Premier ministre et au président de la République (François Hollande, NLDR) de nous avoir offert l’opportunité de conduire cette très belle réforme.» Mardi 23 avril 2013, après 136 heures et 46 minutes de débat, le Parlement adoptait la loi ouvrant ouvrant le mariage civil et l’adoption aux couples homosexuels. Portée par Christiane Taubira, la loi votée par 331 voix contre 225 et 10 abstentions, avait provoqué, durant plusieurs semaines, de nombreuses manifestations des opposants au mariage pour tous.
Une loi « de liberté, d’égalité et de fraternité »
Après l’évacuation de deux manifestants qui avaient tenté de déployer une banderole au sein de l’hémicycle, c’est sous les acclamations des députés de gauche que la Garde des Sceaux a prononcé un vibrant discours marquant la fin d’un long combat. «Nous avons eu aussi de très grands et de très beaux moments de démocratie. Nous avons eu dans l’opposition des interventions et des parlementaires qui se sont battus sur ce texte, qui ont fait valoir leur opposition, forte et ferme, avec des arguments, nous leur en savons gré parce que ces interventions-là resteront aussi dans l’histoire». Cette loi est une loi «de liberté, d’égalité et de fraternité», a-t-elle souligné.
Au 68e festival de Cannes, la garde des Sceaux était invitée à la projection du film d’ouverture, La Tête haute, qui met en scène le parcours d’un jeune délinquant face à sa juge pour enfants (jouée par Catherine Deneuve). (Cannes, le 23 mai 2015.)
Icône noire française, Christiane Taubira est à l’origine d’une loi de 2001, qui reconnaît la traite et l’esclavage comme des crimes contre l’humanité. En septembre 2014, elle intervient à l’Unesco lors du 20e anniversaire du projet La Route de l’esclave. (Paris, le 10 septembre 2014.)
Militante indépendantiste, Christiane Taubira commence sa carrière politique au sein du Mouvement guyanais de décolonisation (MOGUYDE) créé par celui qui deviendra son mari, Roland Delannon, et père de ses 4 enfants. (Visite du quartier de Saramaka à Kourou, Guyane, le 21 février 2013.)
Souvent attaquée, parfois encensée, Christiane Taubira ne laisse personne indifférent et ses prises de position ont souvent divisé l’opinion publique.
Un texte généreux
«Nous n’avons rien ôté à personne et au contraire par ce texte de loi nous avons reconnu des droits à nos concitoyens dont la citoyenneté était sournoisement contestée, et nous avons ouvert des droits à tous les autres couples. C’est donc incontestablement un texte généreux que vous avez voté aujourd’hui, et nous vous en savons définitivement gré», a-t-elle tenu à rappeler aux députés qui l’ont soutenu. Dans un style dont elle seule à le secret, Christiane Taubira a terminé son allocution en s’adressant aux jeunes homosexuels «désemparés» par la montée du climat d’homophobie qui a accompagné le débat dans le pays.
«Si vous êtes pris de désespérance, balayez tout ça, restez vous-mêmes, gardez la tête haute, vous n’avez rien à vous reprocher», a-t-elle martelé. «Nous le disons haut et clair, à voix puissante, parce que comme le disait Nietzsche : « les vérités tuent, celles que l’ont tait deviennent vénéneuses. Merci à vous tous», a-t-elle conclu sous les applaudissements des députés présents dans l’hémicycle.
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