Rennes. Avec Dominic Sonic, le rock était noir

À 56 ans, l’artiste a été emporté par le cancer. Après Philippe Pascal et Tonio Marinescu, le rock rennais perd une de ses plus illustres figures.

Encore un jour noir pour le rock rennais. Noir parce qu’avec Dominic Sonic, décédé ce jeudi 23 juillet 2020 à Paris, la scène bretonne perd un grand artiste. Noir aussi parce que c’était vraiment sa couleur. Les années passaient mais il ne bougeait pas.

De sa mèche venant cacher un œil à la mode d’un Albator de la musique jusqu’à la pointe des bottes, il fallait attendre ses guitares rouges ou bleues pour avoir une touche de couleur. Bleue comme dans ce très beau clip Miracles qu’il enregistrait encore, il y a cinq ans, devant la caméra de Jo Pinto Maïa.

Né à Dinan en 1964, son parcours musical avait vraiment commencé quand, viré de tous les lycées de Saint-Brieuc, il rejoint, à Lamballe, les Kalashnikov de Tonio Marinescu et de son frère Martin. On est à la toute fin des années 1970 et ce groupe nourri au punk anglais, aux Stooges et aux Ramones est rapidement repéré et fait plus de 300 concerts en six ans d’une époque « no future ».

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L’histoire se poursuit quand il débarque à Rennes en 1981 où les liens se renforcent avec Jean-Louis Brossard, le programmateur des Trans Musicales. Le début d’une longue amitié et d’une fidélité sans tache au festival rennais pour y travailler ou y jouer, au moins sept fois si nos comptes sont bons.

Une première date aux Trans en 1983

La première date c’était justement avec les Kalash en 1983. « Je crois que c’est la fois où j’ai le plus donné, nous racontait-il il y a quelques années. Une sorte de sensation à la limite du schizo où, le temps du concert, j’ai plongé dans un autre truc. D’ailleurs, je me suis effondré en sortant. »

En 2002, autre souvenir mémorable des Trans, il accompagne les Stooges des frères Asheton, en lieu et place d’Iggy Pop absent de cette tournée. Une aventure qu’il racontait avec son humour habituel. « Au début je devais faire plusieurs morceaux. Quand on a répété, il n’y en avait plus que trois. Et, sur scène, il n’y en a eu qu’un ! Mais, au bord de la scène, j’avais l’impression que c’était les mêmes spectateurs que pour les Kalashnikov ».

En solo, Dominic Sonic a sorti six albums avec de très belles choses, de son premier album avec Vincent Sizorn jusque Sonic Machine avec des membres des Bikini Machine. Il a connu de beaux succès, joué avec un nombre incroyable de stars mais, entre une mauvaise chute en Hongrie et des histoires avortées, sa carrière musicale n’a jamais explosé à la hauteur de son talent.

Aujourd’hui, après qu’il se soit battu pendant des mois contre son cancer, il reste sa gentillesse infinie, son amour des voitures, le son de sa guitare et sa voix, un grand vide et des larmes froides pour reprendre l’un de ses meilleurs titres, When my tears run cold. Il est parti rejoindre ses amis Philippe Pascal, Tonio Marinescu et la compagne de ce dernier, Anne.

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