Elles ont dit "oui", pour la seconde ou la troisième fois. Sans excès d’illusions, mais pleines d’entrain, d’exigences et de belles résolutions : parce que cette fois, c’est la bonne. Découvrez nos témoignages sur le remariage
Si les stars en ont presque fait une habitude, en France, les anonymes ne sont pas en reste : sur 222 664 mariées en 20151, plus de 19 % n’en étaient pas à leur première expérience conjugale. Les motivations qui les poussent à se remarier ? « Par besoin d’effacer une erreur de casting », « pour avoir le sentiment de repartir à zéro », « pour oublier un premier gâchis »… Il semble aussi, à entendre des récidivistes, que l’intensité du sentiment amoureux, parfois plus fort que lors du premier mariage et en général plus lucide, donne la conviction que, cette fois, ça ne peut que durer.
Le remariage est-il une revanche sur un premier mariage raté ?
Pas question, du coup, de faire les choses à moitié. On se remarie avec moins d’illusions, mais dans l’enthousiasme. Si quelques-uns préfèrent la « stricte intimité » et la sobriété, nombreux sont ceux qui s’offrent des noces de gala. « Un vrai mariage », selon une quadra, qui vient de convoler pour la troisième fois : « Avec une robe crème et une traîne interminable. Nous avons même écrit des textes, pour expliquer à nos invités pourquoi on était si heureux de se marier, d’avoir un bébé ensemble. Et faire taire les oiseaux de mauvais augure : quatre enfants de trois pères différents… Et tu remets ça ? Tu es folle ou quoi ? ».
Les débordées chroniques s’en remettent de plus en plus à des wedding planners, ces maîtres et maîtresses de cérémonie qui organisent vos noces clés en main – faut-il encore pouvoir s’offrir ce luxe. Céline Dardour, de l’agence Avis de Fête, raconte : « Elles veulent parfois une revanche sur un premier mariage bâclé, frustrant, pris en main par papa et maman, qui avaient imposé leurs invités plus ou moins rasoirs. Les mariées, enfin autonomes, sont prêtes à mettre le prix pour convoler dans un château occitan ou un palais toscan avec des copains triés sur le volet », poursuit-elle.
Lou, avocate : « Même la seconde fois, le mariage reste un symbole fort de l’amour »
« Dans une soirée à la chambre de commerce franco-allemande, j’étais là juste pour mon carnet d’adresses. On m’a présenté Georg, qui travaillait dans la communication pour le cinéma, et que j’avais justement contacté deux jours plus tôt. Nous avions même déjà pris rendez-vous la semaine suivante ! Tout de suite, nous nous sommes sentis complices. Il est plus jeune que moi. La famille de Georg s’est montrée réticente au début. Maintenant, tout le monde se réjouit de notre union. Y compris ma fille Féline, qui avait d’abord été bouleversée à l’idée de ne plus avoir sa maman pour elle toute seule. Georg a demandé son avis avant de me demander en mariage. Mais je n’étais pas trop inquiète, car dès leur première rencontre, à la campagne, ils avaient disparu pour jouer ensemble tout l’après-midi. J’ai bien noté qu’il était compétent pour le job de ‘beau-père’. »
- Pourquoi se remarier ?
« Pas juste pour faire la fête. Mais parce que le mariage est un moment d’élévation spirituelle. Pour moi, il reste le symbole le plus fort de l’amour. Il y a dans cette cérémonie quelque chose d’archaïque et d’universel. En 2004, j’étais une maman solo, séparée d’un homme de théâtre, dont je n’ai plus de nouvelles depuis huit ans. Un bohème peu disposé à renoncer au rythme et au style de la vie d’artiste pour s’adapter à des contraintes familiales. Comme mes parents, des hippies fêtards. Paradoxalement, ce premier mariage raté m’a aidée à couper le cordon avec mon univers familial rock’n’roll. J’ai compris que j’aspirais à un style de vie plus structuré, comme celui que je partage avec Georg : complicité professionnelle, partage spirituel, même goût pour la nature, une vie saine, un intérêt commun pour l’écologie… Avant, j’avais l’impression de passer mon temps à faire des concessions. C’est bien fini ! »
Chrystel, directrice de crèche : « Ses enfants n’ont pas assisté à notre mariage »
« Nous habitions à 500 km l’un de l’autre. Pour me détendre, je faisais des parties de tarot sur un site Internet de jeux en réseau, avec d’autres mordus anonymes. Moi, je jouais (mal) comme dans mes années collège. Thierry, au contraire, est champion d’Ile-de-France. Il me donnait des cours virtuels. Je ne connaissais pas le visage de mon ‘maître’, mais au fil des échanges, mon coeur battait un peu plus fort quand apparaissait son pseudo à l’écran.
A l’époque, je me remettais en cause sur tous les plans. J’étais en train de me séparer de mon mari, je voulais quitter la Bretagne et changer de boulot. Et puis un jour, comme j’avais des entretiens d’embauche à Paris, on s’est enfin rencontrés dans un café, près de la gare Montparnasse… En repartant, je savais que l’on se reverrait. En effet, très vite, chacun a quitté son conjoint. Six à sept mois plus tard, le père de mes enfants a refait sa vie. Mais la rupture a été très douloureuse pour l’ex de Thierry. Ses enfants n’ont pas assisté à notre mariage. Nous souhaitons de tout coeur qu’ils l’acceptent un jour. Les miens, au contraire, adorent Thierry : ils ont un papa et un ‘papou' ».
Cette fois-ci, je parie juste que ça durera
- Pourquoi se remarier ?
« La première fois, c’est un conte de fées qui se conjugue au présent, même si on fait rimer amour avec toujours. En réalité, je ne me projetais pas dans l’avenir. La seconde union, c’est un couple qui, au nom d’une passion toute neuve, embarque dans l’aventure parfois une ribambelle d’enfants qui n’ont rien demandé. Il faut les sécuriser. Protéger leur avenir devant notaire. On a compris qu’on n’est pas immortels… Et cette fois, je sais que ‘c’est le bon’. OK, j’avais déjà cette impression en disant oui, il y a vingt ans. Nous avons eu des enfants magnifiques, et je ne regrette rien. Mais cette fois-ci, je parie juste que ça durera.
Je me suis promis de faire la chasse aux non-dits. Et puis, j’ai aussi appris à Thierry que le quotidien n’est pas toujours un tue-l’amour. Se raconter sa journée en coupant les tomates dans la cuisine, c’est un petit bonheur du jour. »
Hélène, organisatrice de fête : « On était tous les deux séparés, libres, ouverts »
« On était tous les deux séparés, libres, ouverts. Nos proches ont trouvé que l’on allait bien ensemble. La première fois, Didier s’était marié vite, parce que sa copine était enceinte, et qu’il était ravi d’être papa. Ça a tenu deux ans, jusqu’à ce qu’il réalise qu’il était marié à une personne qu’il ne connaissait pas. Elle est repartie en Allemagne (son pays d’origine), en emmenant leur fils, qu’elle refuse d’envoyer en France. Les deux demi-frères communiquent par Internet et webcam interposée. C’est cruel pour Didier d’être privé de son fils aîné. Quant à moi, j’avais épousé un bel étranger sur un coup de tête. Un feu de paille qui s’est éteint en sept mois, aussi vite qu’il s’était embrasé. N’ayant pas eu d’enfant ensemble, nous avons coupé les ponts. »
Ça n’a rien à voir avec mon premier mariage
- Pourquoi se remarier ?
« C’est très simple : j’épouse le père de mon enfant, je construis une famille. Ça n’a rien à voir avec mon premier mariage. Un vrai dialogue, franc et honnête. Et des concessions équitables : j’accepte qu’il rentre tard, et lui que je me déplace à l’étranger. »
L’avis de l’expert sur le remariage
Marie Claire : Les mariages se suivent et se ressemblent… ou pas ?
Sylvie Angel, psychiatre et psychothérapeute de couple : Beaucoup de premières unions ont pour but de se dégager de l’emprise familiale. On transgresse alors les valeurs de papa-maman, on brise les tabous (origine sociale, religion…). Beaucoup de ces mariages explosent, faute pour les jeunes conjoints d’avoir eu le temps de construire leur propre identité. Et aussi parce qu’à 20 ans, on ne parle pas ou peu de projet familial ou des convictions de chacun. La maturité venue, avec ce nouveau partenaire, on discutera enfin des attentes, du style de vie et des conceptions de chacun.
Si on a divorcé, ce n’est pas pour revivre la même chose
Le message inconscient envoyé par les parents était peut-être : « Marie-toi sans nous quitter ». On a alors épousé le voisin de palier, ou le fils des meilleurs amis des parents. Toute la question est de savoir si les influences familiales nous ont aidé à nous épanouir ou, au contraire, conduit à faire des choix qui ont produit des crises, des ruptures. Il arrive aussi que l’on rejoue la même partition, alors que les partenaires paraissent très différents d’un mariage à l’autre… Mais dans le meilleur des cas, on sait ce que l’on veut : si on a divorcé, ce n’est pas pour revivre la même chose !
Encore faut-il savoir tirer la leçon du passé. Que faire pour qu’un second mariage soit une vraie deuxième chance ?
S’assurer d’abord que l’on a bien fait le deuil du premier mariage. Et faire un vrai travail d’introspection : qui est-on aujourd’hui ? Quelle est notre part de responsabilité dans le premier échec ? Quelles sont nos attentes réelles ? Et les injonctions auxquelles l’on a longtemps cru bon d’obéir ? Par exemple, on pardonnait tout à l’autre, même ses trahisons. Mais pourquoi avoir si longtemps « joué le jeu » ? Il faut avoir compris les mécanismes pour pouvoir dire « stop » et ne pas répéter les mêmes erreurs.
1Source, Institut national d’études démographiques (Ined).
Témoignages publiés dans Marie Claire Magazine, 2005. Chiffres mis à jour en 2017.
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